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ATMOSPHÈRES (G. Ligeti)

Le 22 octobre 1961, Atmosphères est créé au festival de Donaueschingen. Cette œuvre de György Ligeti constitue l'acte de naissance de la musique dite statique, qui marque une mutation profonde – mais non pas l'abolition – de l'essence même du sérialisme et du postsérialisme, la discontinuité : « Ma musique – dit Ligeti – donne l'impression d'un courant continu qui n'a ni début ni fin. Sa caractéristique formelle est le statisme, mais derrière cette apparence, tout change constamment. » Ligeti compose à partir de pures couleurs sonores, les timbres, s'inscrivant ainsi dans la lignée de Farben (« Couleurs »), troisième des Cinq Pièces pour orchestre d'Arnold Schönberg (1909) : des motifs très courts sont élaborés non plus par succession sur un même instrument de différentes hauteurs – qui produiraient une mélodie au sens classique du terme –, mais par succession sur une même hauteur de différents instruments. À partir d'un cluster (« grappe » de sons simultanés) qu'il sculpte de diverses manières, Ligeti obtient une musique statique qu'il modèle et transforme en lui faisant parcourir divers états. Le grand orchestre – 88 musiciens – sans percussion est à cette fin utilisé comme une formation de chambre générique, en permanence métamorphosée par sélection d'un petit groupe d'instrumentistes et effacement d'un autre, Ligeti adoptant le parti de ne faire jouer en même temps que quelques pupitres. La vaste masse orchestrale sert de la sorte non pas à épaissir le matériau sonore mais au contraire à varier son apparence, fragile et ténue.

— Juliette GARRIGUES

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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