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DÉCOUVERTES GRANDES

La grande époque

Le changement se produit vers 1400 et surtout après 1450.

Les causes économiques

À la fin du Moyen Âge, à côté des vieilles structures féodales, s'est développée une bourgeoisie riche, qui pratique déjà un véritable commerce international, dont les grands centres sont Venise, Gênes, Lyon, Augsbourg, Munich, Bruges. Ses banques aident les rois. On comprend qu'elle soit heureuse de voir s'élargir ses marchés, d'en pressentir de nouveaux, si lointains soient-ils.

La même bourgeoisie cherche aussi de nouveaux produits à vendre, des produits rares, précieux et de gros rapport. La prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, n'a pas, comme on l'a dit trop souvent, coupé la route des épices par le Moyen-Orient. Sans doute les routes septentrionales – route génoise de la mer Noire et route vénitienne d'Adalia – sont-elles interceptées. Mais le trafic n'en est que plus actif à Constantinople et, après 1516, à Alexandrie, au-delà de laquelle la « paix » turque rassure les caravanes. Cependant, contre le monopole de Venise et de Gênes, le Portugal et l'Espagne cherchent un itinéraire concurrent et moins cher.

Les bourgeois sont heureux d'investir leurs capitaux dans l'armement, les constructions navales et les expéditions maritimes. La fin de la guerre de Cent Ans libère les énergies françaises et anglaises. Mais il existe un obstacle qu'il faut vaincre : le manque de numéraire, d'autant plus grave que le crédit, tel qu'on le connaît aujourd'hui, billet de banque ou chèque, n'existe pas ; la lettre de change n'est pas encore aussi répandue et aussi perfectionnée qu'elle le sera au xvie ou au xviie siècle, et les prix ont tendance à baisser et, par suite, à freiner la production et les échanges. Chercher les métaux précieux sous les climats chauds, qui, croit-on, favorisent leur formation, voilà un stimulant important pour la découverte.

Enfin, dans la péninsule Ibérique, aussi bien en Espagne qu'au Portugal, les bourgeoisies sont moins puissantes que les noblesses terriennes. Mais les cadets des grandes familles, s'ils n'entrent pas dans l'Église, ne savent que faire. Avides et appauvris, ils cherchent de quoi se tailler des seigneuries au soleil : pourquoi pas dans les terres lointaines, où elles deviendront peut-être des empires ?

Les causes religieuses

Non seulement on connaît ou l'on soupçonne l'existence de populations lointaines et l'on éprouve une vocation missionnaire, un désir d'évangélisation universelle, mais encore on n'abandonne pas l'idée de croisade, croisade défensive contre l'Islam menaçant. Les Portugais et les Espagnols rejettent les Maures en Afrique et même établissent des présides (des garnisons) sur cette terre d'Afrique pour la surveiller et se protéger de nouvelles invasions. Depuis le xiiie siècle, on sait qu'il existe, au-delà de l'empire des Turcs et des Barbaresques, un grand royaume fort et riche, dont le prince est un chrétien : le Prêtre Jean (il s'agit du négus d'Éthiopie). Son empire s'étend peut-être jusqu'à la côte ouest de l'Afrique : sans doute est-il possible de l'atteindre par l'Atlantique. En concluant une alliance avec lui, on pourrait prendre à revers et écraser les Turcs.

En outre, les grandes découvertes n'ont été possibles que grâce à de remarquables progrès de la science et de la technique. Il y a une révolution technique au xve siècle, comme il y en aura une au xixe siècle.

La révolution géographique

Les gens du Moyen Âge ne connaissaient de la Terre que les régions méditerranéennes. Ils se la représentaient en général comme un disque entouré par l'océan, qui s'étendrait jusqu'aux murs soutenant le ciel. Certains pensaient que si l'océan, au nord, se changeait en glace, il[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire à l'université de Nanterre et à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine

Classification

Pour citer cet article

Frédéric MAURO. DÉCOUVERTES GRANDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes - crédits : Encyclopædia Universalis France

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes

Grandes découvertes, XV<sup>e</sup>-XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grandes découvertes, XVe-XVIIe siècle

Premier voyage des frères Polo - crédits : AKG-images

Premier voyage des frères Polo

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    L'arrivée des Européens sur les côtes transforme profondément les conditions de vie du continent, jusque dans l'intérieur, même si les Européens se sont presque toujours bornés à installer des comptoirs sur une étroite bande côtière, leurs exigences commerciales, par le relais de souverains ou de commerçants...
  • AMÉRINDIENS - Amérique du Nord

    • Écrit par Marie-Pierre BOUSQUET, Universalis, Roger RENAUD
    • 10 380 mots
    • 6 médias
    Les étrangers à la peau claire, au visage velu, qui débarquèrent au xvie siècle, furent reçus sans hostilité ni peur. Les Indiens allèrent vers eux, chargés de présents, les invitant dans leurs villages, dans l'esprit de partage et d'échanges culturels qui existaient entre les tribus. Ils ne les prirent...
  • AMÉRIQUE (Histoire) - Découverte

    • Écrit par Marianne MAHN-LOT
    • 4 807 mots
    • 6 médias

    Étymologiquement le mot « Amérique » vient d'Amerigo, prénom de Vespucci. Il a été inventé par Martin Waldseemüller qui, dans sa Cosmographie (1507), proposa d'appeler Amérique la « quatrième partie du monde », prétendument découverte par le Florentin.

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Voir aussi