GRAMMAIRES (HISTOIRE DES)Les grammairiens grecs
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Le nom de la « grammaire » nous vient du grec : la grammatikè tekhnè, dont nous avons la première mention dans Platon, c'est littéralement l'« art des lettres » (grammata) – entendons bien : celui des lettres de l'alphabet, pratiquement celui de l'écriture et de la lecture, qui constitue la spécialité du grammatistès, d'abord itinérant, puis sédentarisé avec l'apparition des premières écoles élémentaires (grammatodidaskaleia), vers le vie siècle à Athènes. Cette étymologie met en évidence une caractéristique importante de la grammaire, à ses origines : son objet par excellence est l'écrit en tant que séquence de lettres. En ce sens, on peut dire, sans crainte de se tromper, que la naissance de la grammaire est contemporaine de l'introduction de l'écriture (il s'agit ici de l'écriture alphabétique, que les Grecs, après avoir perdu l'usage du syllabaire mycénien, ont empruntée aux Phéniciens dans les premiers siècles du Ier millénaire avant notre ère).
L'art des lettres
On ne sait rien directement de ce qu'était cet art des lettres à ses débuts, mais il est probable qu'il faisait une place importante aux groupements de lettres, « syllabes » (sullabè, groupe de lettres à « prendre ensemble ») et mots : il était en effet capital pour la lecture à haute voix (anagnôsis) des poèmes – dont le rythme était fondé sur l'alternance de syllabes brèves et longues et dont la forme écrite ne comportait pas de séparation entre les mots (scriptio continua) – de bien maîtriser la syllabation et la configuration graphique des mots. Tout empirique sans doute dans les premiers temps, cet aspect de la grammaire a dû se systématiser progressivement avec le développement de l'institution scolaire : les cahiers d'écoliers de l'époque hellénistique que nous a restitués le sol de l'Égypte montrent avec quelle minutie le maître d'école alexandrin conduisait ses élèves, par étapes, des lettres au texte continu sans rien leur épargner de ce que pouvait recéler un niveau avant de passer au suivant.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 5 pages
Écrit par :
- Jean LALLOT : maître assistant à l'École normale supérieure
Classification
Autres références
« GRAMMAIRES HISTOIRE DES » est également traité dans :
GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Les grammairiens latins
La grammaire à Rome est d'abord un héritage, celui de la grammaire grecque. Cet héritage se présente sous les deux aspects fondamentaux de la grammaire à partir de la période alexandrine : l'enseignement proprement dit, ce qui a toujours été la tâche du « grammairien », et la description systématique de la langue, dont la Tekhnè attribu […] Lire la suite
GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Grammaire et langage dans l'Inde ancienne
L'Inde a produit une littérature grammaticale très importante par son étendue et par sa profondeur. On peut y distinguer trois catégories d'ouvrages, trois directions d'activité intellectuelle. Tout d'abord, il y a des spéculations philosophiques et religieuses sur la parole attestées dès les Veda : la faculté de parler est conçue comme une puissance supra-humaine, voire visual […] Lire la suite
GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - La tradition arabe
C'est probablement dès le lendemain de la conquête islamique (début viiie siècle) que se situent les premières réflexions sur la langue arabe. Celles-ci semblent avoir d'abord été le fait des « lecteurs » du Coran, chargés de fixer et de transmettre les normes de la récitation correcte du texte sacré, et soucieux […] Lire la suite
GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Du Moyen Âge à la période contemporaine
Le Moyen Âge marque une rupture dans l'histoire des grammaires. Le savoir de la langue entre en effet en dialogue avec la philosophie et la logique. Cette dimension spéculative influera profondément sur son évolution, en l'amenant à concevoir l'idée de grammaire universell […] Lire la suite
ARABE (MONDE) - Langue
Dans le chapitre « L'arabe littéraire classique » : […] La naissance de l'islam devait avoir pour l'arabe une double conséquence d'une grande portée. L'usage de l'« arabe koinique » dans la littérature essentiellement orale de l'ère antéislamique ne pouvait pas être absolument unitaire. En tout cas, malgré ses tendances archaïsantes, il relevait de normes relativement fluides dans la mesure où elles étaient déterminées en partie au moins par le dialec […] Lire la suite
ARISTOPHANE DE BYZANCE (257 av. J.-C.?-? 180 av. J.-C.)
Directeur de la bibliothèque d'Alexandrie vers ~ 195, Aristophane de Byzance publia une version d'Homère, la Théogonie d'Hésiode, Alcée, Pindare, Euripide, Aristophane et peut-être Anacréon. Un grand nombre des « arguments » qui figurent au début des manuscrits de comédies et de tragédies grecques sont attribués à Aristophane de Byzance : ces études sur la comédie grecque servent de référence à d […] Lire la suite
BEAUZÉE NICOLAS (1717-1789)
Né à Verdun, Beauzée s'attache d'abord aux sciences et aux mathématiques avant de s'intéresser à la grammaire. Lorsque Dumarsais meurt en 1756, Beauzée lui succède à la rédaction des articles de grammaire de l' Encyclopédie . Il publie en 1767 sa Grammaire générale ou Exposition raisonnée des éléments nécessaires pour servir à l'étude de toutes les langues qui lui vaut une médaille d'or de Marie- […] Lire la suite
CORAN (AL-QURĀN)
Dans le chapitre « Le « fait coranique » : sciences du Coran et exégèse » : […] Considéré non comme une simple « Écriture inspirée », mais comme un message reçu directement de Dieu, le texte coranique a donc été un élément capital dans l'organisation des sociétés musulmanes, du premier siècle de l'hégire à l'époque contemporaine. Ce qui, à l'origine, avait marqué le passage des solidarités tribales de l' Arabie préislamique à un stade plus complexe de rapports sociaux, reposa […] Lire la suite
DIDACTIQUE - La didactique de la langue maternelle
Dans le chapitre « Langue, école et société : l'exemple du français » : […] L'espace où s'inscrivent les problématiques de l'enseignement et de l'apprentissage du français est à l'évidence double : histoire de la langue française et sociologie des pratiques linguistiques et culturelles en France, d'une part ; histoire de l'école française et de la discipline scolaire « français », d'autre part. Il faut d'abord garder en mémoire que la constitution du français comme langue […] Lire la suite
DISCOURS PARTIES DU
L'étude systématique des différences portant sur les éléments (« parties ») mis en jeu dans le langage réalisé (« discours ») a été entreprise il y a fort longtemps par les grammairiens. C'est déjà pour les Indiens un début d'inventaire structural que d'inventorier le verbe, le nom, les prépositions et les particules. En Grèce, pour Aristote, « l'élocution se ramène tout entière aux parties suivan […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Jean LALLOT, « GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Les grammairiens grecs », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/grammaires-histoire-des-les-grammairiens-grecs/