Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GIBBÉRELLINES

Il est de coutume de considérer que le premier régulateur de croissance qui fut découvert est l'auxine (1928). En fait, quelques années auparavant, un jeune chercheur japonais, Kurosawa, consacrait ses recherches à une maladie du riz (le bakanae) due à un champignon pathogène, le Fusarium heterosporum appelé encore Gibberella fujikuroi ; cette maladie est caractérisée surtout par un allongement excessif des tiges entraînant la verse des plants.

En 1926, Kurosawa montrait qu'un filtrat de culture de Gibberella, appliqué à des plants sains, produisait une élongation anormale des tiges. Il isolait de ces filtrats une substance active qu'il appela gibbérelline. En 1939, Yabuta et Hahashi obtenaient la gibbérelline à l'état cristallisé, mais ils démontraient qu'il s'agissait en fait d'un mélange de plusieurs substances de structure voisine.

Après la Seconde Guerre mondiale, des chercheurs anglais et américains réalisent la purification des gibbérellines des champignons, identifient leur structure et montrent leur influence sur la croissance des plantes naines et des plantes en rosette ; ils les extraient aussi des végétaux supérieurs, prouvant ainsi qu'il ne s'agit pas de substances pharmaco-dynamiques, mais de régulateurs de croissance, donc de substances hormonales.

Structure et synthèse

On connaît plusieurs dizaines de gibbérellines différentes, réparties dans tout le règne végétal, et notées de GA1 à GAn (GA = acide gibbérellique). Leurs structures ne diffèrent que par des détails. La plus répandue, qui est commercialisée, est GA3. De plus, divers composés (gibberellin-like substances) ont des propriétés voisines.

Structure et biosynthèse - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structure et biosynthèse

Pour être considérée comme une gibbérelline typique, une substance doit satisfaire à deux sortes de critères : sa structure doit comporter un noyau gibbane ; elle doit répondre spécifiquement à certains tests dont les plus classiques sont la stimulation de la croissance de mutants nains et l'induction d'une enzyme, l'α-amylase, dans la couche à aleurone des grains d'orge. Toutefois, toute substance possédant un noyau gibbane n'est pas nécessairement active et de faibles variations de structure peuvent leur conférer une spécificité envers certains tests.

Outre des gibbérellines à fonction acide, les plantes contiennent également des gibbérellines neutres qui dériveraient des précédentes par estérification de leur groupement carboxyle.

Les gibbérellines sont synthétisées suivant la chaîne normale de biosynthèse des terpènes à partir de l'acide mévalonique qui provient de la condensation de trois molécules d'acétate. Certaines gibbérellines apparaissent comme les précurseurs d'autres gibbérellines. Ainsi, chez Gibberella fujikuroi, GA4 et GA7 sont respectivement précurseurs de GA1 et de GA3. Ces deux transformations sont sous la dépendance d'un seul gène, ce qui s'explique aisément puisqu'elles consistent en une hydroxylation du cycle C en position 7. De même, chez les végétaux supérieurs, on peut démontrer la conversion de GA5 en GA1.

Leur synthèse peut être inhibée par des substances telles que le chlorure de (2-chloréthyl)-triméthyl-ammonium (CCC) dont l'action entraîne une diminution du niveau de gibbérellines endogènes.

Une élévation de ce niveau ne signifie pas nécessairement une augmentation de la synthèse. Ainsi, les graines immatures sont particulièrement riches en gibbérellines, alors que la teneur paraît diminuer nettement au cours de leur maturation : les gibbérellines deviendraient inactives, probablement en se liant à une protéine ; au cours des deux premiers jours de la germination, elles sont progressivement libérées sous l'action des protéases.

Les sites de synthèse ne sont pas connus. Cependant, on considère que les régions les plus riches en gibbérellines sont les lieux mêmes de leur[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à la faculté des sciences de Rouen

Classification

Pour citer cet article

Paul ROLLIN. GIBBÉRELLINES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Structure et biosynthèse - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structure et biosynthèse

Autres références

  • COMMUNICATION CELLULAIRE

    • Écrit par Yves COMBARNOUS
    • 6 596 mots
    • 7 médias
    ...IAA) et inhibitrices des cytokinines détermine le phénotype racinaire des cellules et la différenciation des racines. Les brassinostéroïdes et les gibbérellines superposent leurs actions à l’équilibre auxine-cytokinines pour stimuler la dynamique de croissance des racines. L’ABA joue d’une part un...
  • CROISSANCE, biologie

    • Écrit par Universalis, André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT, Paul ROLLIN
    • 14 760 mots
    • 7 médias
    Les gibbérellines ont une action très importante sur la croissance des tiges en agissant sur l'élongation et la multiplication des cellules dérivées des méristèmes primaires. Ainsi, les mutants nains de maïs, de pois ou de pois de senteur, traités par une gibbérelline, présentent un phénotype...
  • DÉVELOPPEMENT, biologie

    • Écrit par Georges DUCREUX, Hervé LE GUYADER, Jean-Claude ROLAND
    • 19 221 mots
    • 14 médias
    Des expériences effectuées sur le grain d'orge en germination ont également montré comment la gibberelline stimule la synthèse d'une autre enzyme, l'α-amylase, en déclenchant la synthèse de l'ARN messager correspondant. D'autres hormones ont un effet inhibiteur. Par exemple, de l'acide abscissique...
  • DORMANCES VÉGÉTALES

    • Écrit par Paul ROLLIN
    • 2 247 mots
    • 2 médias
    ...fortement diminué : il ne semble pas cependant que l'action du froid dans la levée de dormance réside dans ce mécanisme. En effet, cette action peut être remplacée par un traitement à l'acide gibbérellique ; de plus, au cours de la stratification, la teneur en gibbérellines augmente progressivement.
  • Afficher les 7 références

Voir aussi