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SINATRA FRANK (1915-1998)

Pendant plus d'un demi-siècle, Frank Sinatra fut une légende du show-business international ; malgré ses éclipses, ses gaffes médiatiques et son association notoire avec la mafia, sa popularité ne s'est jamais démentie. Sa fameuse voix conjuguait deux qualités exceptionnelles : le naturel et l'immuabilité. De I'll Never Smile Again (1940) à I've Got you under my Skin (1956), ou encore My Way (1969), la musicalité du crooner s'accommoda ainsi, avec une déconcertante facilité, de toutes les mutations de la chanson populaire, durant un demi-siècle. Des big bands blancs des années 1940 aux enregistrements avec Count Basie et aux légendaires orchestrations de Nelson Riddle, de la comédie musicale classique aux rythmiques plus modernes de Quincy Jones, sa pérennité vocale est indémodable. Au cinéma, il sut montrer qu'un comédien puissant et déterminé se cachait derrière la nonchalance du chanteur de charme.

Crooner et acteur

Francis Albert Sinatra naît à Hoboken (New Jersey) le 12 décembre 1915, de parents immigrés italiens. Alors qu'il occupe un modeste emploi dans un journal local, il se produit en amateur et gagne des concours, ce qui lui vaut d'être engagé comme vocaliste dans les orchestres de jazz de Harry James (1939) puis de Tommy Dorsey (1940-1942). Les tournées et la radio font de lui une vedette et lui permettent de débuter au cinéma dès 1941, dans des séquences isolées (Reveille with Beverly, Charles Barton, 1943). Dans Higher and Higher (1943) de Tim Whelan, avec Michèle Morgan, il tient pour la première fois le rôle principal, celui d'un chanteur appelé... Frank Sinatra. Malgré ses oreilles décollées, sa coiffure en choucroute et ses costumes trop grands, il impose une aisance inimitable, notamment dans le passage en douceur du dialogue à la chanson. Pris sous contrat par R.K.O., puis M.G.M., il égrène les rôles sans intérêt dans des comédies musicales le plus souvent insipides (The Kissing Bandit[Le Brigand amoureux], de László Benedek, 1948), à l'exception de celles où il joue les joyeux seconds couteaux auprès de Gene Kelly : Anchors Aweigh (Escale à Hollywood, George Sidney, 1945), Take Me Out to the Ball Game (Match d'amour, Busby Berkeley, 1949) et surtout On the Town (Un jour à New York, Gene Kelly et Stanley Donen, 1949), classique du genre.

Doris Day et Frank Sinatra - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Doris Day et Frank Sinatra

À la fin des années 1940, la cote de Frank Sinatra est au plus bas : il perd momentanément sa voix et se retrouve sans contrat. La création d'un personnage plus complexe va indiquer la voie à suivre : Danny Wilson, le chanteur égoïste et bagarreur de Meet Danny Wilson (Quand tu me souris, Joseph Pevney, 1952). Il supplie la Columbia de lui donner le rôle de Angelo Maggio, le soldat brimé et loyal de From Here to Eternity (Tant qu'il y aura des hommes, Fred Zinnemann, 1953), où il est battu à mort par Ernest Borgnine, et pour lequel il obtient l'oscar du meilleur second rôle. L'assassin névrosé de Suddenly (Je dois tuer, Lewis Allen, 1954) et le drogué pathétique de The Man with the Golden Arm (L'Homme au bras d'or, Otto Preminger, 1955) confirment cette volonté de poursuivre le contre-emploi. Parallèlement, il peaufine ses compositions de voyous sarcastiques à la voix d'or, dans des comédies plus ou moins musicales : Young at Heart (Gordon Douglas, 1954), The Tender Trap (Le Tendre Piège, Charles Walters, 1955), Guys and Dolls (Blanches Colombes et Vilains Messieurs, Joseph Mankiewicz, 1955).

La séduction du crooner mûrit sans discontinuité ; sa lucidité lui donne des accents cyniques. La maigreur chétive du visage se creuse en une maturité anxieuse et fatiguée. Frank Sinatra hérite du vieux rôle de James Stewart dans le remake de The Philadelphia Story (Indiscrétions, George Cukor, 1940), rebaptisé High Society (Charles Walters, 1956), où il interprète un mémorable duo avec son idole de[...]

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Écrit par

  • : membre du comité de rédaction de la revue Positif, critique et producteur de films
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

N.T. BINH et Universalis. SINATRA FRANK (1915-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Doris Day et Frank Sinatra - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Doris Day et Frank Sinatra

Autres références

  • DAVIS SAMMY Jr. (1925-1990)

    • Écrit par Marc ROBINE
    • 537 mots

    Véritable enfant de la balle, Samuel Davis voit le jour à Harlem, le 8 décembre 1925, dans une famille d'artistes de music-hall. Son père, Sammy Davis, qui se produit dans divers clubs de jazz new-yorkais et à l'occasion de revues itinérantes, lui fait faire ses débuts sur les planches et à...

  • HAINES CONNIE (1921-2008)

    • Écrit par Universalis
    • 324 mots

    La voix de l'Américaine Connie Haines, à l'apparence frêle mais vocaliste puissante, est inséparable de Frank Sinatra, au côté duquel elle se produisit au sein des grands orchestres swing de Harry James et de Tommy Dorsey. Par ailleurs, durant sa carrière solo, elle grava plus de...

Voir aussi