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GIRARDON FRANÇOIS (1628-1715)

<it>Apollon servi par les Nymphes</it>, Girardon et Regnaudin - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Apollon servi par les Nymphes, Girardon et Regnaudin

Le plus grand sculpteur du règne de Louis XIV naît à Troyes ; il est fils d'un fondeur. Girardon doit sa fortune au chancelier Séguier qui, l'ayant remarqué, l'envoie à Rome à ses frais. À son retour, il complète sa formation dans les ateliers de Laurent Magnier et de François Anguier. Son destin se scelle à Vaux-le-Vicomte, où il rencontre une prestigieuse équipe : Le Nôtre, Le Vau et surtout Charles Le Brun, dont il deviendra le fidèle ami et exécutant. Les futurs maîtres de Versailles, engagés par Colbert, sont réunis là. Girardon prend la tête de l'équipe des sculpteurs qui feront du parc et du château du Roi-Soleil un prodigieux ensemble de statues et de bas-reliefs, marqués par le classicisme, le goût de la grandeur, mais aussi par l'amour de la vie à travers un métier et un style d'une inégalable subtilité. Comblé d'honneurs et de commandes, Girardon fait partie de l'Académie royale. Sa carrière très féconde est jalonnée de chefs-d'œuvre, parmi lesquels de nombreux groupes décoratifs pour le parc de Versailles : Apollon servi par les nymphes(avec Regnaudin) de la grotte de Thétys, Le Bain des nymphes, bas-relief exquis où il avoue son admiration pour Goujon, l'extraordinaire figure emmitouflée de L'Hiver et, véritable défi lancé à Bernin, l'impétueux groupe de L'Enlèvement de Proserpine. Il fournit aux sculpteurs du roi de multiples maquettes, où il traduit souvent les idées de Le Brun. Sa grande statue équestre au centre de ce qui est aujourd'hui la place Vendôme n'a malheureusement pas survécu à la Révolution. Son talent souple se manifeste aussi dans la sculpture funéraire : le tombeau de Richelieu à la chapelle de la Sorbonne vaut aussi bien par l'originalité de la conception que par la beauté de l'exécution. La Vertu délicate provenant du monument de la princesse de Conti (aujourd'hui au Metropolitan Museum, New York) atteste sa virtuosité dans les drapés ; son propre tombeau (église Sainte-Marguerite, Paris) révèle son souci de répondre aux nouvelles tendances du style. Girardon est aussi un portraitiste méticuleux et un peu froid (bustes de Boileau, d'Arnaud). Il avait rassemblé une collection de petites sculptures, qui fut célèbre et fut gravée. Sa fin est assombrie par la défaveur que sanctionne une semi-retraite avant 1700, enfin par une santé précaire. Il s'éteint à Paris, en même temps que le grand roi qu'il avait si fidèlement servi.

— François SOUCHAL

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Pour citer cet article

François SOUCHAL. GIRARDON FRANÇOIS (1628-1715) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Apollon servi par les Nymphes</it>, Girardon et Regnaudin - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Apollon servi par les Nymphes, Girardon et Regnaudin

Autres références

  • CONSERVATION DES ŒUVRES D'ART

    • Écrit par Germain BAZIN, Vincent POMARÈDE
    • 6 744 mots
    • 4 médias
    ...Olivieri, Sormanza, semblent avoir voulu laisser les parties qu'ils ajoutaient reconnaissables afin de les distinguer des parties antiques. Tout au contraire, Girardon restaurant la Vénusdonnée à Louis XIV par la ville d'Arles ne se contente pas de lui ajouter des bras, mais va jusqu'à réduire le volume des...
  • LE BRUN CHARLES (1619-1690)

    • Écrit par Jennifer MONTAGU
    • 3 114 mots
    • 3 médias
    ...ils se contentaient d'indiquer l'iconographie et l'agencement général ; le sculpteur semble avoir été libre de les adapter à une œuvre à trois dimensions : les plus personnels, comme François Girardon, dans L'Hiver (1675-1683), réalisèrent une composition très différente du projet du peintre.

Voir aussi