Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

EXCRÉTION

L'excrétion par accumulation dans l'organisme

Les déchets du métabolisme ne sont pas toujours éliminés hors de l'organisme. Certains d'entre eux, et plus particulièrement les moins hydrosolubles, peuvent être stockés de façon temporaire ou permanente dans des cellules ou des organes particuliers, ceci ne résultant pas nécessairement d'une incapacité à éliminer les substances en question.

L'excrétion par accumulation est en fait un processus fréquemment rencontré chez les animaux. Les auteurs du xixe siècle ont à ce sujet effectué une recherche systématique, qui consistait souvent à injecter à des animaux de l'encre de Chine (fine suspension de granules de mélanine). En suivant le devenir de ces particules, ils constatèrent qu'elles s'accumulaient dans des cellules particulières, mobiles ou fixes, isolées ou groupées en tissus. Cette accumulation pouvait être permanente, les cellules ainsi chargées en pigments n'évoluant plus, ou transitoire, les cellules se désagrégeant par migration hors de l'animal, ou transférant leur contenu dans des sites d'accumulation permanente.

Concrément chez un Annélide - crédits : Encyclopædia Universalis France

Concrément chez un Annélide

Dans la pratique, de tels systèmes ont été particulièrement étudiés chez les Invertébrés, parmi lesquels nous retiendrons quelques exemples. Chez les Annélides terrestres, notamment le lombric, la paroi des vaisseaux sanguins et du tube digestif est bordée par des chloragocytes (fig. 3), qui se chargent de déchets formant des inclusions nombreuses dans les cellules (concréments). Ces cellules représentent un site d'accumulation renouvelable, les déchets étant finalement stockés dans l'épiderme et les cellules sous-jacentes. Les chloragocytes sont particulièrement développés chez les sangsues, où ils forment le tissu botryoïdal, riche en pigments biliaires provenant de la dégradation de l'hémoglobine ingérée par ces animaux hématophages (l'épiderme contient également de grandes quantités de ces pigments).

Chez les Insectes, le rôle de « rein d'accumulation » est tenu par les cellules épidermiques – les belles couleurs des ailes des papillons sont ainsi à mettre en relation (en partie du moins) avec un rôle de rein que jouent les ailes au cours de la vie nymphale – et par le corps gras, équivalent du foie des Vertébrés, qui accumule quant à lui des quantités notables d'acide urique : chez certaines blattes, l'acide urique ainsi stocké peut représenter jusqu'à 10 p. 100 du poids total du corps !

Chez les Vertébrés, on connaît des exemples similaires. La chair des saumons est colorée en rose par des pigments d'origine alimentaire, et l'usage des caroténoïdes alimentaires permet aussi bien d'obtenir des poulets à pattes jaunes (nourris au maïs), des canaris au plumage resplendissant, que de donner une apparence bronzée à la peau humaine (faux bronzage, car ne faisant pas intervenir les mêmes pigments). Ces derniers exemples sont tout à fait comparables à ce que l'on a vu chez les Invertébrés, et soulignent le rôle de la peau et de ses productions (plumes, écailles, etc.). Le foie des Vertébrés possède une fonction similaire. Cet organe joue un rôle de premier plan dans les mécanismes de détoxication. Il est normalement chargé de dégrader les substances indésirables (endogènes ou exogènes) et de les transformer en des formes éliminables par les reins, ou de les éliminer directement dans la bile. La capacité de détoxication du foie a toutefois des limites, et le foie est alors susceptible d'accumuler certaines substances : médicaments, pesticides... sont des exemples classiques de composés s'accumulant dans le foie des animaux.

L'accumulation des déchets peut prendre une forme très particulière chez certains ttuniciers (ascidies appartenant à la famille des Molgulidés). Ces animaux possèdent un rein qui est constitué[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

René LAFONT. EXCRÉTION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Déchets azotés - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déchets azotés

Métabolisme des molécules organiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Métabolisme des molécules organiques

Excrétion azotée chez les animaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Excrétion azotée chez les animaux

Autres références

  • ACIDO-BASIQUE ÉQUILIBRE

    • Écrit par Pierre KAMOUN
    • 2 955 mots
    • 1 média
    Le poumon, en excrétant par les voies respiratoires du gaz carbonique, modifie la pCO2 du sang artériel.
  • ADRÉNALINE

    • Écrit par Jacques HANOUNE
    • 3 565 mots
    • 2 médias
    ...et une aldéhyde-déshydrogénase, transforment les aldéhydes instables produits sous l'action de la monoamine oxydase en alcool et en acide carboxylique. La plus grande partie des catécholamines est excrétée sous forme de métabolites désaminés. Seule une petite partie est excrétée inchangée ou bien sous...
  • ALDOSTÉRONE

    • Écrit par Pierre KAMOUN
    • 1 641 mots
    ...action minéralo-corticoïde, maintient à concentration quasi constante (homéostasie) le sodium et le potassium dans l'organisme. La rétention sodée et l'excrétion de K+ provoquées par l'hormone ne sont pas obligatoirement couplées ; un phénomène d'échappement (arrêt de l'effet biologique après...
  • AMPHIBIENS ou BATRACIENS

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT, Philippe JANVIER, Jean-Claude RAGE
    • 6 177 mots
    • 19 médias
    Lesreins sont situés très dorsalement, de part et d'autre de la colonne vertébrale. Ce sont des reins secondaires (mésonéphros). Au cours du développement, leur partie antérieure dégénère chez la femelle, alors qu'elle est annexée par l'appareil génital chez le mâle. La partie...
  • Afficher les 29 références

Voir aussi