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GEOFFROY SAINT-HILAIRE ÉTIENNE (1772-1844)

Étienne Geoffroy Saint-Hilaire - crédits : Wellcome Collection ; CC BY 4.0

Étienne Geoffroy Saint-Hilaire

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Destiné à l'Église, Geoffroy Saint-Hilaire étudie au collège de Navarre à Paris. Il s'y lie avec le professeur de latin, Haüy, minéralogiste et botaniste passionné, ami de Daubenton, de Lavoisier et de Berthollet. La Révolution brise sa carrière ecclésiastique, mais, attiré par les sciences naturelles, Geoffroy Saint-Hilaire, fréquente les cours de Jussieu et de Daubenton. Ce dernier le fait nommer, en mars 1793, démonstrateur au Jardin du roi. En juin 1793, cet établissement devient le Muséum national d'histoire naturelle, et à vingt et un ans Geoffroy Saint-Hilaire y est nommé professeur de zoologie et donne les premiers cours sur les mammifères et les oiseaux. Il achète les animaux de la ménagerie du roi à Versailles, d'autres exhibés dans des foires, et crée ainsi la ménagerie du Jardin des Plantes.

En 1795, Haüy lui recommande un jeune provincial doué, Georges Cuvier. Geoffroy Saint-Hilaire le fait venir à Paris, l'héberge durant un an, lui trouve un poste au Muséum. Ils travaillent ensemble et publient notamment Histoire naturelle des orangs-outans et Sur les espèces d'éléphants (1795). En 1798, tandis que Cuvier reste à Paris, Geoffroy Saint-Hilaire accepte de faire partie de la commission scientifique qui accompagne l'expédition d'Égypte ; il en rapportera, en 1801, une riche collection d'animaux et de précieuses observations. Il reprend son enseignement au Muséum en 1802, classe ses collections et publie de nombreux articles sur les marsupiaux, les ornithorynques, les crocodiles, etc. En 1808, Napoléon l'envoie à Lisbonne visiter les animaux reçus du Brésil, car Geoffroy Saint-Hilaire sait, par d'habiles échanges, obtenir pour le Muséum d'intéressants spécimens. En 1827, il sera chargé de recevoir à Marseille la girafe offerte à Charles X par le pacha d'Égypte ; il l'accompagnera jusqu'à Paris et l'installera, le 30 juin, au Jardin des Plantes, où elle attirera les visiteurs jusqu'à sa mort en 1847.

En 1810, il est nommé à la chaire de zoologie de la faculté des sciences de Paris. Cinq ans plus tard, il fait une courte incursion dans la vie politique ; il est élu député d'Étampes, mais il donne vite sa démission et revient à ses recherches. Celles-ci l'amènent à classer les espèces animales suivant une unité de composition organique : les organismes du règne animal sont soumis à un « plan général », modifié au cours des âges par l'environnement ; ils descendent tous d'une espèce primitive unique, modifiée par les arrêts successifs du développement ou par le développement d'un organe aux dépens d'un autre. « Chaque pièce des insectes, dit-il, retrouve sa place semblable chez les animaux vertébrés, elle y est toujours à sa place et toujours aussi elle y reste fidèle à l'une des fonctions pour le moins. » Il recherche donc, par de profondes études d'anatomie comparée, les « analogies » entre les espèces. (Le mot « analogie » recouvre ici à la fois ce qu'Owen appellera plus tard « homologie », soit la correspondance des structures, et « analogie », soit la correspondance des fonctions.) Dans sa Philosophie anatomique (1818), dans L'Histoire naturelle des mammifères (1819) ainsi que dans de nombreux volumes ou articles, il énonce la loi des connexions (les organes conservent toujours entre eux les mêmes relations), la loi de permanence (aucun organe nouveau ne se crée), la loi du balancement (un organe ne peut se développer qu'au détriment d'un autre). Il est le premier savant à philosopher à partir de l'anatomie comparée pour en faire la clé des lois scientifiques humaines. Contrairement à Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier suit une démarche intellectuelle différente en rompant cette vieille notion de continuité du monde vivant ; il défend la variété de composition chez les animaux : « Il existe quatre plans principaux d'après lesquels tous les animaux semblent avoir été modelés et dont les divisions ultérieures ne sont que des modifications assez légères, fondées sur le développement ou l'addition de quelques parties qui ne changent rien à l'essence du plan » (Le Règne animal). Les deux amis s'affronteront devant l'Académie des sciences en mars et en avril 1830 ; leur controverse tient l'Europe scientifique en haleine. Geoffroy Saint-Hilaire a rassemblé ses déclarations dans Principes de philosophie zoologique discutés en mars 1830 au sein de l'Académie des sciences, principes auxquels Goethe se rallie. Pour démontrer le processus de l'évolution, Geoffroy Saint-Hilaire étudie les monstres humains et animaux, dans lesquels il voit une transformation imparfaite de l'être ; ses nombreux travaux sur ce sujet en font le créateur de la tératologie scientifique : Mémoire sur la classification des monstres (présenté à l'Académie des sciences le 9 novembre 1826). Cherchant à en modifier l'évolution soit vers les poissons, soit vers les mammifères, il fait les premières expériences sur les embryons de poulet qui, bien qu'infructueuses, sont à l'origine de l'embryologie expérimentale (1825).

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Attiré par la paléontologie, il étudie Les Grands Sauriens trouvés à l'état fossile vers les confins de la Basse-Normandie (1831) et les mammifères fossiles du Massif central. En 1836, il publie les Études progressives d'un naturaliste.

Son œuvre suscite un regain d'intérêt chez les spécialistes de l'évolution, dans la mesure où la génétique du développement, d'une part, et la biologie de la morphogenèse, d'autre part, sont devenues parties intégrantes de la nouvelle théorie synthétique de l'évolution.

— Jacqueline BROSSOLLET

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Étienne Geoffroy Saint-Hilaire - crédits : Wellcome Collection ; CC BY 4.0

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