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IONS ÉCHANGEURS D'

Un échangeur d'ions est un solide comportant des groupements fonctionnels ionisés, fixes, porteurs de charges positives ou négatives et des ions mobiles de signe contraire échangeables avec d'autres provenant d'une solution. Pour accélérer ces échanges, la surface de contact entre la solution et le solide doit être la plus grande possible. Aussi est-ce sous forme de grains très fins que les échangeurs d'ions sont utilisés.

La première observation scientifique du phénomène d'échange d'ions a été faite en 1845 par deux chimistes anglais H. S. M. Thompson et J. Spence. Étudiant le mécanisme de la fertilisation des sols par le sulfate d'ammonium, ils constatèrent qu'en faisant passer une solution de ce sel dans une colonne de verre remplie de terre l'ammonium était absorbé et la solution contenait du sulfate de calcium : il y avait eu échange entre les cations calcium de la terre et les cations ammonium de la solution. Une étude semblable fut entreprise en 1850 par J. T. Way, qui montra la généralité du phénomène et remarqua que les quantités de cations échangés entre le solide et la solution sont équivalentes, et que certains ions sont plus fixés que d'autres. Toutefois, la première application pratique date de 1905, lorsque R. Gans, en Allemagne, prouva qu'il était possible d'« adoucir » les eaux naturelles, c'est-à-dire de remplacer les ions calcium et magnésium qu'elles contiennent par des ions sodium au moyen d'échangeurs naturels du type aluminosilicate ou zéolite. Par la suite, des zéolites artificielles furent réalisées. Pendant les trente années qui suivirent, ce procédé fut utilisé dans le monde entier pour l'adoucissement des eaux. Ces composés présentant de nombreux inconvénients, à la fois sur le plan théorique (complexité des phénomènes et souvent manque de reproductibilité), et sur le plan pratique (instabilité en milieu acide), leurs applications furent et demeurent restreintes. En 1934 apparurent des échangeurs artificiels de nature organique (charbon sulfoné de Liebknecht en Allemagne, résines phénolformol de I. B. A. Adams et E. L. Holmes en Grande-Bretagne). La première installation industrielle de déminéralisation d'eaux naturelles à utiliser ces composés fut inaugurée en Grande-Bretagne en 1937.

Une grande étape dans le domaine des échangeurs d'ions fut celle de 1942 avec la synthèse, aux États-Unis, par G. F. D'Alelio, des résines de polystyrène sulfoné échangeuses de cations, bientôt suivie, en 1949, de la synthèse des résines échangeuses d' anions à réseau polystyrénique par McBurney. Ces hauts polymères synthétiques possèdent de remarquables propriétés de résistance à l'action aussi bien des acides et des bases que des oxydants et des réducteurs, et ont conduit à la fabrication de ce que l'on appelle les « résines échangeuses d'ions », dont les caractéristiques reproductibles ont permis d'atteindre une connaissance précise des phénomènes mis en jeu au cours des échanges, en même temps qu'un développement considérable était donné aux applications.

La principale application des échangeurs d'ions reste l' épuration de l'eau, dont les civilisations techniques sont des consommateurs insatiables. D'autres applications importantes sont la récupération de certains composés ioniques dans des milieux complexes, tels que les jus de fermentation, les solutions d'attaque de minerais. On a pu réaliser au moyen des échangeurs d'ions des séparations très difficiles qui étaient pratiquement impossibles par les autres méthodes : lanthanides, composés transuraniens, aminoacides, sucre, isotopes.

Résines échangeuses d'ions

Actuellement, on utilise presque exclusivement des hauts polymères comportant un réseau hydrocarboné[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, professeur à l'École supérieure de physique et de chimie industrielles, Paris, ingénieur, École supérieure de physique et de chimie industrielles

Classification

Pour citer cet article

Robert ROSSET. IONS ÉCHANGEURS D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Résines du type sulfonate - crédits : Encyclopædia Universalis France

Résines du type sulfonate

Hydroquinone et triméthylammonium - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hydroquinone et triméthylammonium

Grain de résine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grain de résine

Autres références

  • CADMIUM

    • Écrit par Alexandre TRICOT
    • 8 050 mots
    • 6 médias
    Unautre procédé d'extraction du cadmium s'appuyant sur le pouvoir de permutation des échangeurs d'ions est exploité notamment dans une usine productrice en Australie. Les poussières cadmifères, récoltées au Cottrell, sont traitées à l'acide sulfurique ; la pulpe d'attaque est lavée...
  • CHROMATOGRAPHIE

    • Écrit par Robert ROSSET, Louis SAVIDAN, Alain TCHAPLA
    • 17 040 mots
    • 8 médias
    ...majorité des analyses, l'utilisation de fluides supercritiques à la place de liquides entraîne des sélectivités de séparation considérablement augmentées. Une autre application du concept d'interaction par échange de ligands est développée lorsqu'on utilise une résine échangeuse de cations (cf ...
  • EAU - Dessalement de l'eau de mer

    • Écrit par Cyrille GOMELLA, Bernard LEGUBE
    • 3 181 mots
    • 11 médias
    – les membranes homogènes, qui sont des matériaux possédant la propriété d'échangeur d'ions mis sous forme de feuilles souvent renforcées par une armature interne ;
  • ÉLECTRODES SPÉCIFIQUES

    • Écrit par Robert ROSSET
    • 218 mots

    Il existe des interfaces entre deux solutions électrolytiques telles que seul un ion donné puisse franchir ces interfaces. Il en est ainsi avec une membrane sélective, perméable à un seul type d'ion. Il s'établit alors entre les deux faces de la membrane une différence de potentiel qui est reliée...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi