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DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

La préparation du coup d'État

Le président de la République canalise à son profit la peur de la révolution. La célébration du 24 février à Voiron, à Grenoble, à Montélimar, la révélation des complots montés par des provocateurs accrédite l'idée d'une vaste conspiration démocratique pour 1852 ; des troubles chez les agriculteurs en octobre 1851 dans le Cher, la persistance de la crise commerciale, attribuée à l'instabilité et à l'incertitude politiques, ont regroupé une partie de la bourgeoisie autour de Louis Napoléon.

Celui-ci entreprend une importante propagande en vue d'obtenir une révision de la Constitution lui permettant d'être rééligible ; une campagne de pétitions est menée dans tout le pays pour la proclamer, et Louis Napoléon, dans un discours à Dijon, le 12 juin, déclare : « Quels que soient les devoirs que le pays m'impose, il me trouvera décidé à suivre sa volonté. » Plus d'un million de signatures sont ainsi obtenues et déposées à l'Assemblée. Bien que la révision de la Constitution fût acceptée par une grande partie des légitimistes (dont Berryer et Falloux), par des orléanistes comme le duc de Broglie, et conseillée par Tocqueville, rapporteur de la commission formée sur ce sujet, il n'y eut que 446 députés pour accepter la révision contre 270, le 19 juillet ; la majorité des trois quarts des voix (543), requise par la Constitution, n'étant pas acquise, l'article 45 interdisant la rééligibilité fut maintenu. Louis Napoléon décide alors, en vue de déconsidérer la majorité conservatrice, de demander l'abolition de la loi électorale de 1850 qui avait amputé le suffrage universel, malgré l'opinion contraire de plusieurs ministres (Magne, général Randon). L'Assemblée s'y refusa, à sept voix de majorité seulement, le 13 novembre. Le président se présente désormais comme le « champion de la démocratie ».

L'expédition de Kabylie en Algérie quelques mois plus tôt avait permis de mettre en valeur le général de Saint-Arnaud et des officiers réputés à la fois antiparlementaires et antisocialistes comme Pélissier et Bosquet. À son retour, Saint-Arnaud devint commandant de la division de Paris, puis ministre de la Guerre dans le nouveau ministère formé le 27 octobre 1851, qui comprenait, par ailleurs, Lacrosse, Fortoul, Thorigny et le marquis de Turgot, ancien pair de France.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

Classification

Pour citer cet article

André Jean TUDESQ. DEUXIÈME RÉPUBLIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Lamartine - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Lamartine

Autres références

  • 1848 ET L'ART (expositions)

    • Écrit par Jean-François POIRIER
    • 1 189 mots

    Deux expositions qui se sont déroulées respectivement à Paris du 24 février au 31 mai 1998 au musée d'Orsay, 1848, La République et l'art vivant, et du 4 février au 30 mars 1998 à l'Assemblée nationale, Les Révolutions de 1848, l'Europe des images ont proposé une...

  • ABOLITION DE L'ESCLAVAGE DANS LES COLONIES FRANÇAISES

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 194 mots
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    La lutte pour l'abolition de l'esclavage commence au xviiie siècle, menée par les Britanniques Granville Sharp et William Wilberforce, les Américains Anthony Benezet et John Wesley ou le Français Guillaume Raynal. En France, en dépit de la Déclaration des droits de l'homme et...

  • AGULHON MAURICE (1926-2014)

    • Écrit par Quentin DELUERMOZ
    • 1 312 mots
    • 1 média

    Historien, professeur au Collège de France, spécialiste d’histoire de la France des xixe et xxe siècles.

    Né à Uzès (Gard) en 1926 dans une famille d’instituteurs républicains, Maurice Agulhon effectue ses études à Avignon puis à Lyon, avant d’être reçu à l’École normale supérieure en 1946....

  • BARROT ODILON (1791-1873)

    • Écrit par Universalis
    • 282 mots

    Homme politique français, né le 19 juillet 1791 à Villefort (Lozère), mort le 6 août 1873 à Bougival.

    Monarchiste libéral, Camille Hyacinthe Odilon Barrot commence sa carrière en 1814 comme avocat à la Cour de cassation. Sa notoriété de défenseur des libéraux lui vaut d'être élu président de...

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