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DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

Le gouvernement des républicains modérés

Le général Cavaignac a composé son ministère de républicains « authentiques » (on disait « républicains de la veille »), tandis que Marrast préside la Constituante. Mais une réaction profonde suivit les journées de Juin, creusant un fossé entre les républicains et les masses populaires parisiennes au profit des éléments les plus conservateurs ; plus de trois mille insurgés furent emprisonnés ou transportés en Algérie ; des lois limitèrent la liberté des clubs (loi du 28 juill. 1848) et de la presse (la loi du 11 août 1848 rétablit le cautionnement), ce qui provoque la disparition du Peuple constituant de Lamennais.

Dans ce contexte, les élections municipales (fin juillet) et les élections des conseils généraux (fin août) donnent aux conservateurs une majorité d'autant plus ample que légitimistes et orléanistes se sont unis contre les républicains, pour la défense de l'ordre social ; ainsi commence à s'organiser le «  parti de l'Ordre », ou parti de la rue de Poitiers (du nom de son adresse à Paris), au moment où s'élabore la Constitution, qui fut adoptée le 4 novembre 1848 par 733 voix contre 42, et qui donne le pouvoir exécutif à un président de la République, élu au suffrage universel pour quatre ans, et le pouvoir législatif à une assemblée unique élue au scrutin de liste pour trois ans ; le droit au travail, initialement prévu, est remplacé par le droit à l'assistance.

La campagne pour l'élection présidentielle, fixée aux 10 et 11 décembre, fait ressortir d'abord la division des républicains entre les candidatures du général Cavaignac (1 448 000 voix, 19,5 p. 100 des votants), de Ledru-Rollin (soutenu par les démocrates ; 371 431 voix, 4,8 p. 100 des suffrages), de Raspail (socialiste ; 36 964 voix) et de Lamartine (qui a perdu toute sa popularité et n'obtient que 17 914 voix). Le courant populaire, d'abord inorganisé, est exploité par des éléments conservateurs (le parti de l'Ordre, sur le conseil de Thiers, ne désigne pas de candidat) en faveur de Louis Napoléon Bonaparte. Le triomphe électoral de ce dernier (5,5 millions de voix, 74,2 p. 100 des votants) lui permet d'être indépendant des conservateurs, qui avaient espéré gouverner en son nom, et d'apparaître comme l'élu du peuple. « Le 10 décembre 1848 fut le jour de l'insurrection des paysans », écrivit Marx, soulignant ainsi la revanche de l'opinion inorganisée sur l'opinion organisée par les partis et la presse.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

Classification

Pour citer cet article

André Jean TUDESQ. DEUXIÈME RÉPUBLIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Lamartine - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Lamartine

Autres références

  • 1848 ET L'ART (expositions)

    • Écrit par Jean-François POIRIER
    • 1 189 mots

    Deux expositions qui se sont déroulées respectivement à Paris du 24 février au 31 mai 1998 au musée d'Orsay, 1848, La République et l'art vivant, et du 4 février au 30 mars 1998 à l'Assemblée nationale, Les Révolutions de 1848, l'Europe des images ont proposé une...

  • ABOLITION DE L'ESCLAVAGE DANS LES COLONIES FRANÇAISES

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 194 mots
    • 1 média

    La lutte pour l'abolition de l'esclavage commence au xviiie siècle, menée par les Britanniques Granville Sharp et William Wilberforce, les Américains Anthony Benezet et John Wesley ou le Français Guillaume Raynal. En France, en dépit de la Déclaration des droits de l'homme et...

  • AGULHON MAURICE (1926-2014)

    • Écrit par Quentin DELUERMOZ
    • 1 312 mots
    • 1 média

    Historien, professeur au Collège de France, spécialiste d’histoire de la France des xixe et xxe siècles.

    Né à Uzès (Gard) en 1926 dans une famille d’instituteurs républicains, Maurice Agulhon effectue ses études à Avignon puis à Lyon, avant d’être reçu à l’École normale supérieure en 1946....

  • BARROT ODILON (1791-1873)

    • Écrit par Universalis
    • 282 mots

    Homme politique français, né le 19 juillet 1791 à Villefort (Lozère), mort le 6 août 1873 à Bougival.

    Monarchiste libéral, Camille Hyacinthe Odilon Barrot commence sa carrière en 1814 comme avocat à la Cour de cassation. Sa notoriété de défenseur des libéraux lui vaut d'être élu président de...

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Voir aussi