GROTTES PRÉHISTORIQUES DATATION DES

Dates et temps culturels

L 'uniformité stylistique du Salon noir de Niaux est frappante. Il est indéniable qu'elle résulte d'une élaboration unique ou d'une production étalée sur plusieurs générations, ce que n'implique pas forcément l'écart chronologique donné par deux ou plusieurs dates. Que faut-il penser de dispositifs moins caractérisés stylistiquement comme celui de Cougnac (Lot) qui a été minutieusement analysé, relevé et daté au milieu des années 1990 ?

Peut-on considérer que des représentations appartenant à un même panneau ou au même dispositif sont datables grâce à la datation d'une seule d'entre elles, par approche topographique et/ou stylistique ? Si oui, comment apprécier l'élaboration en étapes distinctes de dispositifs pariétaux manifestement hétérogènes comme ceux des Trois-Frères (Ariège) ? Y a-t-il eu intégration culturelle des représentations par les vagues successives d'hommes préhistoriques venus dans la grotte ou bien ignorance culturelle de leur part ? À Cougnac, les aviformes (motifs en forme d'oiseau en vol)et les tirets pourraient appartenir à deux époques culturelles indépendantes. Est-ce le cas pour des représentations stylistiquement semblables que séparent parfois un millier d'années, selon les datations obtenues, comme à Niaux ?

La réactivation symbolique de représentations plus anciennes est envisagée à Cougnac à partir des repeints observés, pour expliquer la durée couverte par les quatre datations obtenues pour les deux mégacéros – cervidés à grands bois – superposés : 23 610 et 22 750 pour la bosse du garrot et le dos du mâle ; 25 120 pour le garrot et le poitrail de la femelle, 19 500 pour sa croupe. Dans cette hypothèse, l'acte symbolique, qu'expriment le repeint et la retouche d'une représentation, transgresserait les limites des temps culturels. Dans cet exemple précis, un Solutréen aurait refait la croupe de la femelle mégacéros, tracée par un Gravettien...

La précision (finalement relative, il faut le souligner) des datations absolues et l'éventail des dates qui en résultent quand se multiplient les datations d'une même figuration, d'un même panneau ou d'un dispositif pariétal paraissent le plus souvent contradictoires et provoquent une difficulté d'interprétation des espaces de quelques centaines d'années qui séparent certaines datations ; cette fourchette chronologique est encore trop large pour éviter d'outrepasser les limites actuellement connues des définitions culturelles (par exemple entre le Magdalénien moyen et le Magdalénien supérieur) ; cette fourchette ne permet pas davantage de trancher sur la genèse d'un dispositif pariétal stylistiquement homogène et a fortiori hétérogène.