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CORDOUE

Capitale musulmane

Un événement imprévu allait mettre fin à cette semi-éclipse et permettre à Cordoue, en connaissant des destins nouveaux, d'atteindre son apogée : en 711, les armées de l'Islam réalisaient la conquête de la péninsule Ibérique, sauf dans ses confins nord-ouest, et bientôt effectuaient des raids en Gaule. Cordoue fut prise par une colonne musulmane après un siège de trois mois, tandis que Tarik et Mousa soumettaient le reste du pays.

900 à 1000. Morcellement - crédits : Encyclopædia Universalis France

900 à 1000. Morcellement

En 716, le gouvernement de la nouvelle province d'Al-Andalous s'installait à Cordoue qui devenait ainsi la capitale de toutes les terres musulmanes de la Péninsule, du détroit de Gibraltar aux Pyrénées, de la Méditerranée à l'Atlantique. Sous ce gouvernement un nouvel ordre religieux, politique et social, et bientôt une civilisation venue d'Orient furent établis en Espagne. Cette primauté de Cordoue fut confirmée et maintenue par l'installation de la dynastie omeyyade fondée en 756 par un descendant des califes de Damas, et qui, jusqu'en 1109, réunit sous son autorité toute l'Espagne musulmane. À cette civilisation islamique espagnole, Cordoue put, au début, transmettre des traditions romaines et wisigothiques. Toutefois, dès le viiie siècle, elle adoptait la loi de l'Islam et sa langue officielle, l'arabe ; au ixe siècle, elle recevait d'Orient les formes de sa vie privée, et au xe siècle elle accordait une large place dans ses arts aux leçons de Bagdad et du monde abbasside.

Cordoue, dans un véritable éclectisme créateur, ne cessa de pratiquer la synthèse de ses traditions propres et des apports orientaux. De Cordoue, la civilisation musulmane d'Espagne rayonna sur tout le pays. Un monument résume cette œuvre : la grande mosquée, fondée par l'Omeyyade Abd ar-Rahman, qui associe des traditions locales à des apports syriens. Au ixe siècle, le sanctuaire fut agrandi par Abd ar-Rahman II. Avec Al-Hakam II, au xe siècle, de considérables apports orientaux enrichirent le monument sans jamais ternir sa personnalité ; la dernière extension de la mosquée, sous Al-Mansour, à la fin du siècle, prolongea un art qui avait trouvé ses formules propres et en avait acquis la maîtrise.

Cordoue s'agrandit, en ce même xe siècle, de vastes faubourgs, et, dans sa banlieue, furent fondées deux villes de gouvernement qui abritaient, avec les palais du souverain, tous les organismes du pouvoir central : Madinat al-Zahra, dont les fouilles nous révèlent la splendeur, et Madinat al-Zahira, aujourd'hui disparue.

La capitale de l'Islam espagnol, foyer d'une brillante civilisation, rivalisait avec les métropoles musulmanes d'Orient et restait sans égale dans le monde occidental. La période du califat omeyyade, le xe siècle et les premières années du xie siècle, virent l'apogée de la ville.

Rien ne semblait menacer de l'extérieur cette admirable réussite ; elle fut ruinée par des troubles intérieurs qui, après une vingtaine d'années d'anarchie, menèrent le califat cordouan à sa perte. Pillée par les miliciens berbères dès 1009, Cordoue abandonnait à la ruine la plupart de ses faubourgs.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'Institut de géographie d'Aix-Marseille
  • : membre de l'Institut

Classification

Pour citer cet article

Roland COURTOT et Henri TERRASSE. CORDOUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Espagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Espagne : carte administrative

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900 à 1000. Morcellement - crédits : Encyclopædia Universalis France

900 à 1000. Morcellement

Autres références

  • ANDALOUSIE

    • Écrit par Michel DRAIN, Marcel DURLIAT, Philippe WOLFF
    • 10 381 mots
    • 17 médias
    La conquête de la majeure partie de l'Espagne par les musulmans, en 711, et surtout l'installation à Cordoue d' ‘Abd al-Raḥmān, dernier descendant de la famille califale des Omeyyades de Syrie, imprimèrent à l'histoire de l'art dans l'ancienne Bétique une orientation toute nouvelle : un...
  • CORDOUE CALIFAT DE (929-1031)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 242 mots
    • 1 média

    Au début du xe siècle, cela fait bientôt deux siècles que les émirs omeyyades de Cordoue dirigent les destinées d'al-Andalus, de manière totalement indépendante, sans avoir prétendu eux-mêmes au titre de calife, que porte seul le souverain abbasside de Bagdad. Plusieurs événements...

  • CALIFAT OMEYYADE DE CORDOUE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 266 mots

    929 Proclamation du califat omeyyade de Cordoue.

    936 Les travaux pour la construction de la ville palatiale de Madīnat al-Zahra' débutent.

    947 Premières émissions monétaires califales (dinars d'or) à Madīnat al-Zahra'.

    961 Al-Hakam II succède à son père à la tête du califat....

  • ESPAGNE (Le territoire et les hommes) - Des Wisigoths aux Rois catholiques

    • Écrit par Marcelin DEFOURNEAUX
    • 6 354 mots
    • 7 médias
    ...al-Andalus) s'en rendit indépendante sous le prince omeyyade ‘Abd al-Rahmān qui, réfugié en Andalousie, se proclama émir et fixa sa résidence à Cordoue (756). Mais son autorité et celle de ses successeurs ne purent s'imposer qu'en triomphant de multiples obstacles : ambitions rivales des groupes...
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