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MILIEU NATUREL

Le milieu naturel est façonné d'abord par l'écosystème, puis par l'intervention humaine. La notion d'écosystème s'appuie sur une partie minérale, le biotope, et une partie vivante, organique, la biocénose ; le biotope constitue à la fois le support et la source d'énergie de la biocénose.

Le biotope comporte trois composantes : la lithosphère, l'hydrosphère et l'atmosphère. La lithosphère correspond au relief, l'hydrosphère se compose des eaux, douces ou salées, stagnantes ou courantes ; l'atmosphère est l'épaisseur gazeuse qui entoure la Terre et que traversent les rayons du soleil.

La biocénose est une fraction de la biosphère qui apparaît comme un ensemble de molécules organiques carbonées. Elle se subdivise en phytocénose ou végétation, en zoocénose ou monde animal, en pédocénose ou sol des pédologues, hybride. L'organisation interne de la biocénose permet aux composants de se nourrir et de se reproduire.

Biotope et biocénose forment des systèmes. Celui de la biocénose est relié au système « biotope » par un ensemble de connexions complexes qui aboutissent, à un niveau supérieur, à un nouveau système appelé écosystème (du mot grec oikô, je vis, j'habite). L'écosystème se présente ainsi comme un système de systèmes. Par exemple, sans soleil, sans eau, sans atmosphère, les plantes ne pourraient exister ; une plaine et un versant réagissent différemment aux précipitations. La variation de l'un des termes du biotope ou de la biocénose transforme l'ensemble de l'écosystème : l'action intempestive exercée sur la prairie américaine a induit le processus de formation steppique ; les modifications de relief entraînent la constitution de nouveaux écosystèmes. Il existe une grande variété d'écosystèmes.

Outre l'écosystème, spécialité de l'écologiste, le milieu naturel implique la prise en compte de la noosphère, celle de l'« intelligence », c'est-à-dire de l'intervention humaine. L'homme a en effet modifié considérablement le milieu naturel, d'abord de façon limitée, compte tenu de ses moyens techniques initialement faibles, puis, depuis la révolution industrielle, avec une vigueur accrue. L'action sur la nature peut être mesurée en fonction de l'énergie individuelle moyenne consommée par jour au cours des diverses étapes : environ 5 thermies (1 thermie = 1 million de calories) par jour à l'époque de la prédominance de la cueillette, de la chasse et de la pêche ; 8 à 10 thermies par jour au moment de la domestication des animaux ; 12 à 25 thermies par jour lors de la sédentarisation des sociétés rurales et de l'invention de l'agriculture ; 70 à 80 thermies par jour au moment de la révolution industrielle ; 220 thermies par jour depuis la révolution cybernétique. L'évolution différenciée des économies a entraîné bien entendu d'importants décalages d'un continent à l'autre, voire à l'intérieur d'un même continent. Un milieu n'est toutefois plus naturel lorsque la consommation énergétique individuelle moyenne dépasse quelque 20 thermies par jour. Le Corn Belt, le Wheat Belt aux États-Unis, la « mer de vignes » du Languedoc ne répondent plus aux critères d'un milieu naturel. Les manipulations génétiques, les tentatives de réduire les aléas climatiques pour les plantes, l'agro-business favorisent le déclin des milieux dits naturels.

Les éléments constituants d'un milieu naturel sont principalement le relief — continental ou sous-marin —, le climat, les êtres vivants, la diversité bioclimatique qui s'ensuit, les eaux continentales, l'érosion. Mais l'on ne saurait omettre ou négliger l'importance des milieux naturels antérieurs à la période présente façonnés par les paléoclimats. De plus, de nombreuses[...]

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Pour citer cet article

Gabriel WACKERMANN. MILIEU NATUREL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE DES SCIENCES

    • Écrit par Sophie HOUDART
    • 3 546 mots
    • 1 média
    ..., 1964-1965). Formé à l’étude des collections au musée de l’Homme, Leroi-Gourhan entend par « techniques » tout ce par quoi l’homme interagit avec son milieu, tout ce par quoi il transforme ce qui lui est donné. Il conçoit l’homme à la manière d’un organisme composé d’un « milieu intérieur » (comparable...
  • BIODÉPOLLUTION

    • Écrit par Sylvain CHAILLOU, Jérôme COMBRISSON
    • 3 000 mots

    Depuis le milieu du xixe siècle, les effets de l'industrialisation ont rompu l'équilibre existant pour le recyclage naturel des éléments. Le rejet brutal et massif de résidus toxiques dans l'environnement a peu à peu conduit à l'apparition de risques nouveaux, encore mal évalués, pour l'équilibre...

  • COMMUNS

    • Écrit par Cécile EZVAN
    • 4 050 mots
    • 4 médias
    Les communs ne sont certes pas non plus intrinsèquement protecteurs de la justice sociale et du milieu naturel, mais certains d’entre eux favorisent depuis des siècles la protection de l’environnement et des plus vulnérables. L’économie sociale et solidaire ou l’économie du partage fournissent des...
  • DÉTERMINISME, géographie

    • Écrit par Vincent BERDOULAY, Olivier SOUBEYRAN
    • 1 562 mots

    Le déterminisme, en géographie, renvoie communément au point de vue qui accorde une place prépondérante au milieu naturel dans l'analyse et l'explication des sociétés. On l'invoque toutefois plus souvent pour le critiquer chez l'adversaire que pour en faire ouvertement le fondement de son approche....

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Voir aussi