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COLOR-FIELD PAINTING

Kenneth Noland - crédits : Smithsonian's Archives of American Art

Kenneth Noland

Le color-field painting (littéralement « peinture du champ coloré ») constitue avec l'action painting (« peinture d'action ») l'une des deux principales tendances de l'expressionnisme abstrait américain au xxe siècle. Il se caractérise par de grandes toiles où dominent les aplats de couleur et où les détails de surface sont rares. Cette tendance est identifiée au milieu des années 1950 par le critique d'art américain Clement Greenberg, qui utilise le terme post-painterly abstraction (« abstraction post-picturale ») pour décrire le travail d'un groupe d'artistes au rang desquels on peut compter Morris Louis, Helen Frankenthaler et Kenneth Noland.

Dans son essai influent intitulé Modernist Painting (1961), Greenberg développe l'idée selon laquelle la peinture doit faire son autocritique en se concentrant essentiellement sur ses qualités propres, à savoir l'absence de relief et la couleur. Il déclare que « le modernisme utilisait l'art pour attirer l'attention sur l'art ». Dans les écrits de cette période, Clement Greenberg voit dans les portraits d'Édouard Manet l'origine d'une approche nouvelle de l'espace pictural, conduisant jusqu'aux abstractions de Mark Rothko, de Barnett Newman et de Clyfford Still. Les tableaux issus de ce mouvement présentent de grandes surfaces saturées de couleur et diffèrent profondément de la facture gestuelle et expressive d'artistes tels que Jackson Pollock et Willem de Kooning.

La notion de color-field painting implique que seules les réactions optiques comptent dans la peinture. Le sujet est interdit et l'illusionnisme condamné. La technique de stained color (« couleur tache ») adoptée par Helen Frankenthaler illustre parfaitement la direction formaliste que donne Greenberg à l'art pictural en rendant la surface et la couleur inséparables. En effet, cette artiste imprègne complètement de pigments ses toiles non apprêtées ainsi que leur support, créant des grandes plages chromatiques. Influencé par le tachisme de Frankenthaler, à la fin des années 1950, Morris Louis supprime complètement l'usage du pinceau, laissant une peinture très liquide s'écouler en bandes verticales afin de créer des effets d'arc-en-ciel. Comme Jasper Johns avant lui, Kenneth Noland utilise la forme banale de la cible pour examiner différentes nuances et valeurs d'aplats de couleur, étalant la peinture en cercles concentriques sur la toile et son cadre. Ainsi, en faisant disparaître la hiérarchie des plans et en s'interrogeant sur les limites du cadre, les représentants du color-field painting accordent-ils une place grandissante à la couleur. Ils se concentrent sur la vibration de la couleur à la surface de la toile de grande dimension et sur ses qualités formelles (luminosité, expressivité, réalité physique), permettant ainsi d'amener le spectateur à une phase méditative.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. COLOR-FIELD PAINTING [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...propre de Pollock, sans pourtant le nommer. C'est le cas de Franz Kline ou de Joan Mitchell à New York, de Sam Francis ou de Hassel Smith en Californie. D'autres, comme les peintres du champ coloré (colorfieldpainters) Helen Frankenthaler, Morris Louis ou Kenneth Noland, sont plus fidèles à la...
  • FRANKENTHALER HELEN (1928-2011)

    • Écrit par Élisabeth LEBOVICI
    • 416 mots

    Helen Frankenthaler appartient à la seconde génération de peintres expressionnistes américains et plus précisément de la tendance du color-field painting, au rang desquels on peut compter Morris Louis et Kenneth Noland. Ils ont travaillé sur les apports de Willem De Kooning et de Jackson...

  • LOUIS MORRIS (1912-1962)

    • Écrit par Universalis
    • 195 mots

    Peintre américain, né le 24 novembre 1912 à Baltimore, mort le 7 septembre 1962 à Washington.

    Morris Louis Bernstein, dit Morris Louis, étudie la peinture au Maryland Institute de Baltimore (1929-1933). De 1937 à 1940, il travaille comme peintre de chevalet pour le Federal Art Project de la Works...

  • NOLAND KENNETH (1924-2010 )

    • Écrit par Universalis
    • 293 mots

    Peintre américain expressionniste abstrait, né le 10 avril 1924 à Asheville (Caroline du Nord), décédé le 5 janvier 2010.

    Kenneth Noland étudie auprès de Josef Albers et Ilya Bolotowsky au Black Mountain College en Caroline du Nord, puis auprès du sculpteur français Ossip Zadkine à Paris...

Voir aussi