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LAMBERT COLLECTION

Yvon Lambert est reconnu comme l'un des marchands les plus prestigieux du monde de l'art, mais son activité de collectionneur est demeurée longtemps en retrait, à l'exception de deux expositions qui lui ont été consacrées au début des années 1990, l'une au Museum of Art de Yokohama au Japon et l'autre au musée d'Art moderne de Villeneuve-d'Ascq. Depuis que sa collection est rendue publique, exposée dans un magnifique hôtel du xviiie siècle, l'hôtel de Caumont à Avignon, il apparaît avec évidence que les deux facettes du personnage sont indissociables.

Sans que rien ne l'y prédispose, si ce n'est la curiosité de l'amateur, Yvon Lambert ouvre, en 1961, une galerie à Vence, afin d'y « montrer les artistes de son temps ». Quelques années plus tard, en 1964, sa galerie emménage rue de Seine, à Paris. Marqué par la galeriste américaine Ileana Sonnabend qui effectuait un important travail de relais entre la scène artistique américaine et la France, Yvon Lambert se consacre à une génération d'artistes américains dont il pressent l'importance. Tous sont engagés sur la voie de l'art minimal, de l'art conceptuel ou d'une certaine radicalité picturale, puis plus tard sur la voie du land art. Il travaillera ainsi avec Robert Ryman, Robert Mangold, Douglas Huebler, Lawrence Weiner, On Kawara, Sol LeWitt, Brice Marden, mais aussi Dennis Oppenheim, Richard Tuttle ou Gordon Matta-Clark, pour ne citer qu'eux, et collectionnera les œuvres de presque tous, mêlant intimement commerce et collection : intimité de la relation avec l'artiste et intimité du rapport que l'on peut entretenir avec une œuvre. Les années 1980 ont vu s'opérer un brusque changement dans la ligne esthétique de la galerie Yvon Lambert et par là même dans sa collection, puisque, après s'être farouchement défié de la peinture dans sa forme la plus classique et avoir prôné un art à la facture lisse, parfois dégagé de toute empreinte manufacturée, il se tourne vers de nouvelles individualités récemment apparues sur la scène artistique : Robert Combas, Jean-Michel Basquiat, Jean-Charles Blais, Anselm Kiefer ou Julian Schnabel. Yvon Lambert explique ce tournant comme la fin d'un projet collectif, quelque chose qui ressemblerait à la fin des idéologies, d'où la nécessité de trouver des repères forts auprès d'artistes radicalement différents de ceux qu'il avait défendu quelques années plus tôt.

L'histoire de la collection se poursuit quant à elle au fil des salles de l'hôtel Caumont à Avignon, selon les différentes expositions qui la présentent. En 2000, Yvon Lambert a choisi en effet de déposer quatre cent cinquante œuvres de sa collection dans cet hôtel particulier transformé en musée ; ce prêt accordé pour vingt ans à la Ville devrait se transformer, à terme, en don définitif.

Une collection privée ne prétend pas à l'exhaustivité et celle d'Yvon Lambert pas plus qu'une autre. Comme de nombreuses collections personnelles, elle forme une sorte de portrait en creux de son initiateur. Et si l'histoire de la galerie Yvon Lambert semble prendre des virages serrés, celle de la collection ressemble à un puzzle qui peu à peu s'organise.

La collection débute avec des œuvres, parmi lesquelles les peintures de très petit format (une vingtaine de centimètres de côté) de Robert Ryman, presque des « œuvres de poche » que l'amateur peut tenir en main, les formes élémentaires et maladroites en carton peint et l'échelle molle de Richard Tuttle ou les télégrammes I am still alive (1972) de On Kawara décrivent une faille : la sensibilité de l'édifice qu'a construit Yvon Lambert, son côté friable et émouvant. Aussi, cette ligne conceptuelle dure que semble incarner la première période de sa collection et de sa galerie est[...]

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Sandra CATTINI. LAMBERT COLLECTION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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