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RYMAN ROBERT (1930-2019)

L'Américain Robert Ryman a conduit une œuvre singulière, qu’on a parfois rapprochée de la démarche analytique du minimal art. Elle est, en effet, vouée à l'interrogation de chacun des constituants de la peinture : format, châssis, nature du support, pinceau, ton du blanc (son unique couleur), accrochage, etc.

Né le 30 mai 1930 à Nashville (Tennessee), Robert Ryman s'installe au début des années 1950 à New York après son service militaire. Saxophoniste, il se destine à la musique mais gagne sa vie comme gardien au Museum of Modern Art (MoMA), où il rencontre les artistes Sol LeWitt et Robert Mangold. Ryman va alors « s'apprendre » la peinture. Dès 1955, il trouve les invariants de cet exercice : le format carré, la couleur blanche. Il recherche alors tout ce qui entre en relation avec le tableau : ainsi insère-t-il sur ses toiles des signatures et des dates. Entre 1958 et 1962, il expérimente tout ce qui a trait à l'application de la peinture, selon qu'elle imprègne ou non son support, qu'elle le recouvre entièrement ou non. Vers 1965, sa méthodologie devient plus systématique : le pinceau s'applique en traînées parallèles, de gauche à droite et de haut en bas (série Winsor), et la répétition est mise en œuvre par la production de polyptyques (Sans Titre, 1974, Musée national d'art moderne, Paris). La prise en compte du cadre, de la tranche, de l'épaisseur du tableau amène Ryman à varier la relation de l'œuvre au mur, soit en la faisant adhérer à celui-ci, soit, au contraire, en la fixant avec des attaches d'acier (Criterion I, 1976, Musée national d'art moderne, Paris). Il remet en question jusqu’au titre des tableaux qu’il emprunte au nom de telle ou telle entreprise, trouvé dans un répertoire professionnel. Dans la série de vingt-trois tableaux exposés à la Pace Gallery à New York en 1992-1993, il s’interroge sur les relations qu’entretient la couche de peinture blanche plus ou moins épaisse, plus ou moins étendue avec le support (carton d’emballage ondulé). Ce questionnement des « assises de la peinture, de ses raisons, mené avec ses moyens propres », permet aux spectateurs, selon le critique Jean Frémon, auteur de l’essai Robert Ryman, le paradoxe absolu (L’Échoppe, 1991), « d'entrer dans un dédale d'infinies distinctions où rien de ce qui est visible n'est indifférent » (Préface de l'exposition Ryman à la galerie Maeght-Lelong, 1985).

Après avoir participé en 1969 à l’exposition collective « Quand les attitudes deviennent forme », organisée par Harald Szeemann, directeur du musée de Berne, Robert Ryman connaît sa première exposition personnelle en 1972, au musée Guggenheim de New York. Une rétrospective de son œuvre a lieu au MoMA, en 1993.

Robert Ryman meurt le 8 février 2019 à New York.

— Élisabeth LEBOVICI

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Pour citer cet article

Élisabeth LEBOVICI. RYMAN ROBERT (1930-2019) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABSTRAIT ART

    • Écrit par Denys RIOUT
    • 6 716 mots
    • 2 médias
    La réponse qu'ils proposent, en peinture, s'inscrit dans le cadre d'une esthétique sensualiste. Comme Brice Marden ou Robert Ryman, la plupart de ces artistes ne considèrent plus le monochrome comme un terminus ad quem, mais comme une plate-forme de départ. Les peintures blanches de Ryman, par exemple,...
  • DESCRIPTION (esthétique)

    • Écrit par Christine PELTRE
    • 1 138 mots

    L'histoire de l'art ne peut se construire qu'à partir de l'examen attentif de l'apparence, aussi la description est-elle l'un de ses outils d'investigation fondamentaux. Des travaux, comme ceux de Philippe Hamon (La Description littéraire : anthologie de textes...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...principe symétrique et déductif, les bandes qui scandent les tableaux étant modulées à partir de l'épaisseur du châssis. À la même période, un autre artiste, Robert Ryman, cherche selon d'autres procédés à circonscrire les paramètres identitaires de la peinture. En résumant sa pratique à l'emploi quasi exclusif...
  • LAMBERT COLLECTION

    • Écrit par Sandra CATTINI
    • 989 mots

    Yvon Lambert est reconnu comme l'un des marchands les plus prestigieux du monde de l'art, mais son activité de collectionneur est demeurée longtemps en retrait, à l'exception de deux expositions qui lui ont été consacrées au début des années 1990, l'une au Museum of Art de Yokohama au Japon et l'autre...

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