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BERTHOLLET CLAUDE LOUIS (1748-1822)

Berthollet est, après Lavoisier, le chimiste français le plus important de la fin du xviiie siècle. Il a été à la fois un théoricien et un praticien. On lui doit notamment des ouvrages sur le blanchiment (découverte de l'eau de Javel) et sur la teinture. Dans son essai de statique chimique (1803), il fut le premier à définir les notions d'équilibre chimique et d'action de masse. Les règles dites de Berthollet sont la première contribution sérieuse au problème de la prévision des réactions chimiques.

Le savant

Claude Louis Berthollet, né à Talloires, près d'Annecy, situé alors en territoire piémontais, fit ses études à Chambéry, puis surtout à Turin, où il fut reçu licencié et docteur en médecine, en janvier et mai 1770. En 1772, il vint à Paris, où il s'intéressa à la chimie en suivant principalement les cours de Macquer et Bucquet. Reçu médecin de la faculté de Paris en 1779, naturalisé Français l'année précédente, il était devenu, grâce à la protection du médecin genevois Tronchin, « médecin ordinaire » de Mme de Montesson, épouse du duc d'Orléans. Grâce à ce poste, il disposait d'un laboratoire pour ses recherches personnelles.

Ses premiers mémoires furent présentés à l'Académie royale des sciences dès 1778. Le jeune chimiste y fut admis comme adjoint le 15 avril 1780, associé le 23 avril 1785, et pensionnaire le 7 janvier 1792. Avec Fourcroy, Guyton de Morveau et Monge, il faisait partie du petit cercle de jeunes savants qui se réunissaient à l'Arsenal, autour de Lavoisier, dont il subit ainsi directement l'influence. En 1784, il succéda à Macquer à la « direction des teintures de la Manufacture des Gobelins ». Son ouvrage Éléments de l'art de la teinture (1791) était un traité sur cet « art » qui devint, grâce à lui, une technique dérivée de la chimie. Objet d'une seconde édition en 1804, l'ouvrage de Berthollet resta longtemps le manuel des ouvriers en teinture. Il découvrit aussi le procédé du blanchiment des toiles par le chlore. La chimie industrielle lui doit enfin des études importantes sur la fabrication et la nature des aciers, qu'il réalisa en 1786 avec Vandermonde et Monge.

Comme théoricien, Berthollet fit progresser la chimie par ses découvertes de la composition des acides prussique (HCN) et sulfhydrique (H2S), ainsi que de celle de l'ammoniaque. Il étudia également les propriétés du chlore (acide marin déphlogistiqué), ce qui le conduisit à la découverte de l'eau de Javel appelée à l'époque « lessive de Berthollet », ainsi qu'à celle du chlorate de potassium.

C'est à l'occasion de l'étude des propriétés du chlore que Berthollet se rallia officiellement à la nouvelle théorie de Lavoisier, dans son mémoire Sur les propriétés de l'acide marin déphlogistiqué, lu à l'Académie le 6 avril 1785. Cette adhésion entraîna celle des chimistes de la jeune génération, parmi lesquels Fourcroy, qui l'enseigna immédiatement dans ses cours. Après l'expédition d'Égypte, où il participa à la fondation et aux travaux de l'Institut d'Égypte, les travaux de Berthollet prirent une orientation nouvelle.

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Classification

Pour citer cet article

Michelle GOUPIL-SADOUN. BERTHOLLET CLAUDE LOUIS (1748-1822) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACIDES & BASES

    • Écrit par Yves GAUTIER, Pierre SOUCHAY
    • 12 364 mots
    • 7 médias
    ...l'eau (quoique celle de l'hydrogène le déçoive), il conclut (1785) que l'oxygène est nécessaire à la manifestation de l'acidité. Cependant, dès 1787, Berthollet montrait que l'acide « prussique » (cyanhydrique) ne contient que les éléments carbone, azote, hydrogène, et que vraisemblablement l'acide sulfhydrique...
  • AMMONIAC

    • Écrit par Henri GUÉRIN
    • 5 033 mots
    • 5 médias
    ...fut proposé par Torbern Olof Bergmann. Priestley avait été amené à considérer ce gaz comme un composé d' azote et d'hydrogène ; cela fut confirmé par Claude Louis Berthollet, qui, en 1785, en fit l'analyse et indiqua sa composition ; celle-ci correspond à la formule NH3, qui fait de ce produit...
  • CHIMIE - Histoire

    • Écrit par Élisabeth GORDON, Jacques GUILLERME, Raymond MAUREL
    • 11 186 mots
    • 7 médias
    ...richtériens sur la base de 100 pour l'acide sulfurique. La publication, en 1803, du tableau des poids équivalents dans l'Essai de statique chimique de Berthollet fit connaître au public savant l'originalité de la stœchiométrie. Mais il est piquant de constater que Berthollet, diffuseur des thèses richtériennes,...
  • DE LA POUDRE NOIRE AUX POUDRES MODERNES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Patrice BRET
    • 534 mots

    1044 Première mention de la poudre noire – mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois – dans un traité militaire chinois.

    1242 En Europe, la première recette de poudre noire est donnée par le moine anglais Roger Bacon.

    xive siècle Développement des armes à feu portatives et...

Voir aussi