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CHINOISE (CIVILISATION) Bureaucratie, gouvernement, économie

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Recrutement, carrières, vie politique

Qu'il s'agisse de définir et de superviser des politiques sous-traitées à des acteurs non bureaucratiques ou de gérer directement la fiscalité, la justice, la politique monétaire, la défense, sans parler du personnel lui-même, toutes ces fonctions demandent une indéniable technicité. Les fonctionnaires choisis pour les assumer possèdent-ils les compétences requises, ou n'a-t-on que d'aimables (ou peu aimables) amateurs armés de leur « vertu » et de leur connaissance des classiques, laissant la réalité des opérations à des subalternes plus « professionnels », mais peu sûrs et mal surveillés ? C'est poser à la fois la question du recrutement par examen et celle des procédures de désignation aux postes de gouvernement.

La critique des examens confucéens est un vieux genre auquel se sont exercés non seulement les historiens modernes, mais aussi maints contemporains (les critiques du milieu du xviie siècle comme Gu Yanwu ne sont qu'un exemple, auquel on ajoutera le célèbre roman Chronique indiscrète des mandarins[Rulin waishi]publié un siècle plus tard). Les arguments sont toujours les mêmes et dans l'ensemble ils sont incontestables : bachotage, conformisme, prépondérance des exercices purement littéraires, pas de disciplines pratiques, une sélection largement fondée sur le hasard, quand ce n'est sur la fraude. Par réaction à la domination de la poésie et des belles-lettres dans les examens des Tang, les Song avaient introduit quelques épreuves de mathématiques et de droit, et, pour une courte période, le fondateur des Ming y avait même ajouté le tir à l'arc et l'équitation ! Pendant la plus grande partie des Ming et des Qing, les épreuves qui décident de tout n'en demeurent pas moins ces essais sur des citations des Quatre Livres rédigés dans une forme très contraignante (la « dissertation à huit jambes », baguwen) et où les candidats se doivent de suivre l'orthodoxie (ou la mode) du moment. On notera cependant que les grands problèmes politico-administratifs du temps font aussi l'objet d'une dissertation à l'examen du palais d'où sortent les fameux « docteurs » (jinshi), l'élite du mandarinat.

Le vrai problème est de savoir si, du point de vue de la qualité du fonctionnariat, les examens confucéens constituaient un handicap ou étaient un mode acceptable de recrutement. La réponse doit être nuancée. La compétition reste relativement ouverte. En tant que formation générale (ou idéologique), l'apprentissage de l'orthodoxie est un indéniable facteur d'unité de la classe politique dans un empire vaste et hétérogène. Une des valeurs centrales que les lettrés apprennent dans le canon confucéen est la prééminence du service de l'État, ce qu'on ne saurait déplorer dans le cas de futurs fonctionnaires. Au-delà, on ne saurait en dire plus qu'à propos de bien des systèmes de recrutement modernes mettant l'accent sur la « culture générale » et sur l'aptitude des candidats à franchir sans perdre leurs moyens une série de barrages éprouvants. Si ceux qui passent n'ont pas tous, loin s'en faut, l'étoffe de grands administrateurs, la plupart des fonctionnaires les plus remarquables ont dûment fait le parcours.

Gestion du personnel

Il est en pratique rare que les candidats reçus aux examens soient directement affectés à un poste : les listes d'attente sont beaucoup trop longues. Les meilleurs « docteurs » sont nommés dans des postes littéraires, principalement à la célèbre académie Hanlin, où ils sont en contact étroit avec les milieux de la bureaucratie métropolitaine et d'où certains passeront dans les administrations de la capitale et pourront faire des carrières de hauts fonctionnaires. La masse des lauréats attendent plusieurs années leur premier poste, pendant[...]

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Pour citer cet article

Pierre-Étienne WILL. CHINOISE (CIVILISATION) - Bureaucratie, gouvernement, économie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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