CHINE Hommes et dynamiques territoriales
Capitale | Pékin |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Population |
1 410 710 000 habitants
(2023) |
Superficie |
9 562 910 km²
|
Les inégalités régionales
Ce développement économique ne va pas sans poser de nouveaux défis à la Chine. Dans les années 1990, plus encore que précédemment, les inégalités se sont creusées entre les régions, entre les villes et les campagnes, au sein de la société. Une lecture de l'espace chinois s'impose dorénavant en trois vastes bandes longitudinales – le littoral, l'intérieur et l'Ouest –, dont les écarts de développement menacent l'intégrité du territoire.
La première zone comprend les territoires de peuplement han, qui participent du dispositif littoral et s'intègrent de manière privilégiée à l'économie mondiale. Il s'agit de Pékin, Tianjin et Shanghai, et des provinces du Liaoning, Hebei, Shandong, Jiangsu, Zhejiang, Fujian, Guangdong, Guangxi et de Hainan.
En raison des enjeux géopolitiques qui le caractérisent, l'Ouest chinois réunit tous les territoires de rang provincial dans lesquels les nationalités minoritaires ont un poids démographique égal ou supérieur à 20 % de la population totale, soit les provinces du Guizhou, Qinghai et Yunnan, et les régions autonomes de Mongolie intérieure, Ningxia, Tibet et Xinjiang.
La Chine intérieure comprend enfin les autres territoires de rang provincial, qui ne profitent pas du dynamisme littoral, mais relèvent des anciennes terres de la Chine historique et des terres intérieures du Nord-Est. Il s'agit de Chongqing, et des provinces du Anhui, Gansu, Heilongjiang, Henan, Hubei, Hunan, Jiangxi, Jilin, Shaanxi, Shanxi et Sichuan.
Une telle régionalisation souligne les disparités, voire les tendances à la dislocation du territoire chinois. Elle souligne la concentration des hommes, de la production et de l'ouverture au profit du littoral.
Sur 14 % de la superficie du pays, le littoral totalisait en effet, en 2005, pas moins de 43 % de la population totale, une densité démographique plus de trois fois supérieure à la moyenne nationale, 62 % du P.I.B. du pays, et surtout 86 % des investissements étrangers totaux en Chine et 93 % des exportations.
L'Ouest représente, lui, 56 % du territoire de la République populaire de Chine, mais seulement 11 % de sa population, 7 % de son P.I.B., 2 % de ses investissements étrangers totaux et moins de 2 % de ses exportations.
Dans une situation moyenne, la Chine intérieure accuse de fortes densités démographiques, liées à un très ancien peuplement han, mais un P.I.B. faible proportionnellement à sa population et surtout une ouverture économique très en retard sur le littoral.
Les métropoles, notamment Shanghai, polarisent ainsi de plus en plus le développement, satellisant leurs périphéries par une intégration aux marchés national et international. Les régions intérieures restent pénalisées par le manque d'investissements et leur retard dans la modernisation économique. Aussi, devant les inégalités régionales croissantes, et les risques de dislocations intérieures, le pouvoir central a essayé de réactiver des logiques de solidarités territoriales depuis le début des années 1990. Il s'est engagé dans une politique d'aménagement du territoire à l'échelle du pays, à travers deux projets principaux : le barrage des Trois Gorges et le développement de l'Ouest.
La décision de construire le barrage des Trois Gorges sur le Yangzi a été prise par l'Assemblée populaire nationale en 1992. Cet ouvrage hydraulique, achevé en 2006, est long de 2 309 mètres. Il dispose de 26 turboalternateurs, et s'accompagne d'un ascenseur à bateaux et d'un système d'écluses à double sens. Il a trois objectifs : réguler le cours du Yangzi afin d'éviter de nouvelles crues dans le bassin moyen du fleuve ; augmenter significativement la production hydroélectrique nationale ; enfin, améliorer la navigabilité du fleuve en permettant à des bateaux de 10 000 tonnes de remonter jusqu'à Chongqing. L'aménagement de la région des Trois Gorges a, en revanche, entraîné le déplacement de 1,2 à 1,4 million de personnes, que le gouvernement a assistées par une politique d'aide et de reconversion économique.
Le projet de développement de l'Ouest, quant à lui, a été approuvé par le Conseil des affaires d'État en janvier 2000 et l'Assemblée populaire nationale deux mois plus tard. L'« Ouest » comprend aussi bien les franges occidentales de la Chine des Han que les territoires géographiquement occidentaux et de peuplement initialement non han.
L'aide de l'État se veut multiforme : infrastructures, protection de l'environnement, restructuration industrielle, éducation et transferts technologiques. Il s'agit de désenclaver les provinces intérieures, en intégrant l'Ouest dans un tissu d'axes de transports et de réseaux économiques d'échelle nationale, et d'améliorer le niveau de vie des populations locales, par de nouvelles offres de production et d'emplois.
Le projet pourrait à terme profiter surtout aux provinces intérieures, à l'ouest de la Chine des Han, comme le Shaanxi et le Sichuan, qui disposent de vastes bassins d'emplois et de consommation, et des avantages comparatifs que l'intégration par les transports rendra pertinents. Les vrais pôles de développement de l'Ouest sont les grandes villes de l'intérieur chinois, en marge de la métropolisation et du dispositif littoral, que sont Xi'an et Chongqing.
Plus largement, les infrastructures de transports à l'échelle de la Chine ont été modernisées et développées dans les années 1990. Les autorités ont mis l'accent sur la voie aérienne : multiplication des lignes nationales et internationales ; construction de nombreux aéroports. Les réseaux routier et autoroutier ont été systématiquement privilégiés sur la voie ferrée – prioritaire pendant les trente premières années du régime. Les infrastructures portuaires et les liaisons fluviales ont été développées et adaptées au trafic de marchandises par conteneurs.
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Écrit par
- Thierry SANJUAN : professeur de géographie à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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