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CHINE Histoire jusqu'en 1949

La fin de l'isolement (1840-1885)

Ouverture forcée aux nations occidentales

Depuis la fin des guerres napoléoniennes, le renouveau des activités commerciales européennes en Extrême-Orient (Singapour est fondée en 1819) se traduisait par une pression constante en direction de la Chine. Les firmes étrangères acheteuses de thé et de soie supportaient avec impatience les restrictions imposées au xviiie siècle par le gouvernement mandchou. Seul Canton était ouvert aux marchands européens, et encore ceux-ci devaient-ils passer par l'intermédiaire d'une société commerciale chinoise, le Co-hong, qui fixait à son gré les prix et les contingents. Par ailleurs, l'économie chinoise se suffisait à elle-même ; pour équilibrer le volume croissant de leurs achats autrement qu'en important en Chine du métal-argent, les Occidentaux s'étaient mis à pratiquer sur une grande échelle dans les provinces du Sud la contrebande de l'opium, denrée produite à bon compte par les sujets bengalis de la Compagnie britannique des Indes orientales.

Les incidents se multiplièrent à Canton, vers 1830-1835, entre marchands anglais et fonctionnaires chinois. En 1839, Lin Zexu, envoyé extraordinaire de l'empereur, fit saisir toutes les caisses d'opium se trouvant dans la ville, pour les brûler au cours d'une cérémonie expiatoire à caractère religieux (geste qui lui vaut une place d'honneur dans le « panthéon » du nationalisme chinois moderne). L'Angleterre riposta en engageant en Chine du Sud et vers les bouches du Yangzi une série d'opérations militaires (« première guerre de l'opium ») qui aboutirent en 1842 à la défaite chinoise et au traité de Nankin. La Chine acceptait de supprimer le système du Co-hong, d'ouvrir cinq ports (Canton, Shanghai, Ningbo, Amoy, Fuzhou) au libre commerce étranger, de limiter à 5 p. 100 ses tarifs douaniers et enfin de céder à l'Angleterre l'île de Hong Kong. En outre, les résidents étrangers en Chine ne relevaient plus de la juridiction ordinaire chinoise, mais de tribunaux présidés par leurs consuls (privilège de l'« exterritorialité »). De même ils étaient autorisés à résider dans les ports ouverts, ce qui fut le point de départ de la création des «  concessions » : ces quartiers résidentiels des ports étaient soustraits à l'autorité régulière chinoise et administrés par les communautés marchandes étrangères sous le contrôle des consuls. Enfin, privilège obtenu l'année suivante par la France, la Chine acceptait de tolérer l'activité des missionnaires, interdite depuis le xviiie siècle.

Ce règlement est avantageux pour l'Occident, mais ne satisfait qu'à demi ses ambitions. Le commerce dans les ports ouverts ne progresse pas aussi vite qu'on l'espérait, tandis que les mandarins locaux se retranchent derrière les ordres impériaux pour laisser traîner en longueur les affaires qui surgissent dans les ports du Sud ; en effet, conformément à la tradition chinoise, les relations avec les « barbares » étaient de la compétence, non du gouvernement central, mais des fonctionnaires locaux, et les Occidentaux s'accommodaient mal de cette situation peu conforme à leurs habitudes. Avec la « seconde guerre de l'opium », l'Angleterre prend à nouveau l'offensive, en 1856, appuyée cette fois par la France. Les alliés opèrent d'abord autour de Canton, dont le vice-roi Ye Mingchen poursuivait la politique intransigeante de Lin Zexu, puis en Chine centrale et enfin en direction de la capitale. Il faut que les issues de Pékin soient forcées et cette « cathédrale de l'Asie » (Victor Hugo), pillée en 1860 pour que soit ratifié un traité signé à Tianjin en 1858. Onze nouveaux ports sont ouverts au commerce occidental ; les missionnaires sont autorisés à résider dans l'intérieur du pays. La Chine accepte d'entretenir avec les pays[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut

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