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ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologie aérienne

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Structures repérables par la photographie aérienne

Les structures maculiformes

Nos prospections dans le nord de la France ont montré l'intérêt primordial des structures maculiformes, bien qu'elles soient à peu près totalement négligées par les archéologues. Des constellations de taches révèlent parfois des habitats disparus. C'est un moyen précieux de repérer les aires d'habitats disparus, même quand il n'y a pas de fondations de pierre, sur tous les types de terrains nus, même non labourés profondément, et cela quelle que soit la nature du sol ou du sous-sol. On sait en effet que l'argile et le bois ont toujours joué un rôle important dans les pays où la pierre est rare. Quand un habitat de ce type a disparu, même totalement et anciennement, il subsiste des aires plus argileuses et plus riches en humus. Celles-ci réapparaissent en période humide, l'hiver, pendant peu de temps mais fréquemment. Les structures maculiformes se manifestent particulièrement bien les matins brumeux d'hiver, surtout à contre-jour, avec un éclairage frisant, quand la brume commence à se dissiper. Elles disparaissent dès que le soleil monte et que le sol sèche. Elles se maintiennent cependant un peu plus pour des emplacements d'anciens habitats très longtemps occupés : on observe alors des zones cendreuses, comme l'indique le toponyme, si révélateur et si fréquent pour les sites archéologiques arasés, de « Terres noires ». À condition de ne pas tenir compte des taches isolées, les sources de confusion sur sol nu ne sont pas nombreuses, mais il faut avant tout rechercher l'organisation de ces taches les unes par rapport aux autres. Ainsi, pour un sanctuaire antique, on distingue une aire principale qui correspond au temple avec, aux abords, des aires plus petites et moins apparentes qui marquent les emplacements d'édicules divers, le tout s'ordonnant dans un enclos de forme géométrique (le péribole). La villa gallo-romaine, quant à elle, a une disposition bien caractéristique : face à la tache la plus importante, qui correspond à l'habitation principale, s'ouvre un vide le long duquel s'organisent d'autres taches qui marquent l'emplacement des dépendances, le tout s'ouvrant vers le soleil levant. Les habitats médiévaux disparus se manifestent généralement par des associations apparemment désordonnées d'aires sombres, mais qui, en fait, sont disposées le long d'anciens chemins. Pour les habitats disparus longtemps occupés ou réoccupés, on peut remarquer une vaste aire cendreuse vers laquelle, généralement, convergent encore plusieurs chemins.

Quand le sol est caché par les cultures, les structures maculiformes sont beaucoup plus difficiles à identifier, les sources de confusion étant nombreuses. Toutefois, sur certains terrains particulièrement sensibles aux anomalies de la croissance des céréales, comme les sols peu profonds sur la craie et surtout sur les alluvions grossières de fonds de vallée, des sites protohistoriques et même préhistoriques peuvent être décelés avec précision. Ainsi, les habitats de l'âge du fer sont caractérisés par un grand nombre de petites taches plus verdoyantes qui correspondent à des fosses comblées plus ou moins groupées. Autre exemple, dans le bassin de Paris, les villages du début de l'époque du Rubané au Néolithique sont discernables grâce à la présence de taches allongées étroites, orientées est-ouest et disposées parallèlement ; elles correspondent aux anciens fossés de constructions accolées aux maisons danubiennes, dont les alignements de trous de poteaux disposés par tierces sont parfois visibles.

Les structures linéaires

Ce sont presque uniquement les structures linéaires que les archéologues recherchent, car elles sont faciles à identifier. En effet, la main de l'homme se reconnaît essentiellement à des[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire de l'art et archéologie, directeur régional des Antiquités

Classification

Pour citer cet article

Roger AGACHE. ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) - L'archéologie aérienne [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 27/05/2014

Média

Photographie aérienne et archéologie - crédits : R. Agache/ Ministère de la Culture, 1977

Photographie aérienne et archéologie

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