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ANTICYCLONES

Anticyclones et courants océaniques

Le vent qui souffle à la surface des océans génère des courants qui engendrent à leur tour des zones de haute pression océanique (surélévation du niveau de la mer) et de basse pression océanique (sous-élévation). Les courants océaniques tournent ensuite autour de ces centres d’action comme le font les vents autour des anticyclones et des dépressions.

Ces courants, tout comme les courants aériens, transportent la chaleur de l'équateur vers les pôles et sont donc des acteurs essentiels de la machine climatique. Sans eux, les régions intertropicales seraient beaucoup plus chaudes et les régions polaires et tempérées seraient presque perpétuellement gelées.

On prendra ici en exemples l’influence des anticyclones sur deux éléments importants de cet équilibre climatique : le Gulf Stream qui participe aussi au maintien d’un climat tempéré sur l’ouest de l’Europe, et El Niño qui affecte le climat d’une grande partie du globe et plus particulièrement des régions intertropicales.

Le Gulf Stream et l’anticyclone des Açores

Les vents associés à l’anticyclone des Açores poussent les eaux de surface, chaudes et salées, du golfe du Mexique vers les régions tempérées situées plus au nord dans l’océan Atlantique, donnant ainsi naissance à un important courant océanique, le Gulf Stream. En raison de sa position, les effets de l’anticyclone s’arrêtent le plus souvent à une latitude voisine de 400 nord. Mais le courant, mis en branle, ne s’arrête pas pour autant. C’est ensuite la dépression d’Islande qui prend le relais pour lui permettre de venir adoucir les côtes ouest de l’Europe, puis de poursuivre son chemin vers le nord. On parle alors de dérive nord-atlantique.

Le Gulf Stream n’est pas unique, il a des équivalents dans les autres bassins océaniques (courant du Brésil dans l'Atlantique sud, Kuroshio dans le Pacifique nord, courant des Aiguilles dans l'océan Indien sud…) qui participent tous à l’équilibre thermique de la planète.

El Niño et l’anticyclone de l’île de Pâques

Lorsque les vents alizés sont bien établis sur la face nord de l'anticyclone de l'île de Pâques, ils entraînent les eaux chaudes de surface vers l'ouest du Pacifique sud et provoquent une remontée des eaux profondes, froides, à l'est, le long des côtes du Pérou. À l’ouest, les eaux chaudes favorisent la formation de nuages, de précipitations et de tempêtes tropicales. À l’est, les eaux froides favorisent les courants d’air descendant et les périodes de grande sécheresse sur les côtes du Pérou et du Chili où l’on retrouve certains des déserts les plus secs de la Terre : déserts d’Atacama et de Sechura. Lorsque ces phénomènes sont particulièrement marqués, on parle d'événement La Niña. Quand l’anticyclone faiblit, les alizés mollissent et les eaux chaudes de surface refluent vers l’est. Des conditions sèches se développent alors sur l'Indonésie et l'Australie, tandis que les côtes du Pérou connaissent d’importantes précipitations provoquant inondations et glissements de terrain. On parle alors d'épisodes El Niño. Des événements qui apparaissent d'une manière irrégulière, tous les deux à sept ans, mais qui affectent le climat d’une grande partie du globe et plus particulièrement des régions intertropicales (Amérique du Sud, Polynésie, Australie, Afrique australe…). Un affaiblissement de l’intensité de l’anticyclone de l’île de Pâques, associé au changement climatique, pourrait ainsi avoir pour effet d’augmenter la fréquence et l’intensité des phénomènes El Niño ainsi que leurs conséquences néfastes.

— Jean-Pierre CHALON

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Champ de pression observé en surface (niveau moyen des océans) - crédits : Météo-France, février 2018

Champ de pression observé en surface (niveau moyen des océans)

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