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FREUD ANNA (1895-1982)

Anna Freud - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Anna Freud

La fille de Freud, le dernier de ses six enfants, Anna, décédée le 9 octobre 1982 à Londres, fut la seule, dans la fratrie, à suivre les traces du père, dont elle était la préférée et dont elle devint le plus fidèle disciple. À la mort de Freud, elle se mua en gardienne vigilante de la doctrine, incarnant, pour une partie importante de la communauté analytique – notamment pour les Britanniques et les Américains –, une légitimité indiscutable, parce que fondée sur la filiation. Cette influence allait retarder la pénétration aux États-Unis des théories de Melanie Klein et de Jacques Lacan, c'est-à-dire d'autres approches importantes de l'étude de l'inconscient.

À côté du père

Anna n'acheva pas ses études au gymnasium (lycée) et devint institutrice à Vienne ; elle suivait les cours de son père à l'université. Devenue elle-même psychanalyste, elle fut membre de la Société psychanalytique de Vienne à partir de 1922 et de son comité de coordination en 1925-1926 ainsi que de l'International Psycho-Analytical Association (I.P.A.) dès 1922-1923. Travaillant à l'école expérimentale Baumgarten, qui recueillait des orphelins de la Première Guerre mondiale, et donnant des conférences de psychopédagogie, elle se voua au perfectionnement clinique de la psychanalyse des enfants et des adolescents. Plus tard, elle devait présider l'I.P.A. avec une main de fer. En 1922, elle présenta à la Société psychanalytique de Vienne son premier travail : « Fantasmes et rêveries diurnes d'un enfant battu », puis, cinq ans plus tard, fit paraître son ouvrage principal, Le Traitement psychanalytique des enfants. Par ces travaux, qui devaient connaître un immense succès, Anna Freud inaugurait l'application de la psychanalyse à l'enfant, en relation avec l'éducation et les techniques pédagogiques. Nombreux seront ses collaborateurs qui, par la suite, diffuseront ce mode d'approche aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Les analystes d'Anna furent probablement Lou Andreas-Salomé et certainement Sigmund Freud lui-même, qui transgressa ainsi les conventions établies. Demeurée célibataire, elle se consacra entièrement à « l'enfant » de son père : la psychanalyse. Celui-ci l'appellera, d'ailleurs, son « Antigone fidèle », faisant d'elle la fille de cet Œdipe souffrant. Elle l'entoura de ses soins lors des opérations mutilantes et dans les douleurs incessantes dues à son cancer de la mâchoire.

En 1938, après l'Anschluss, Anna Freud fut arrêtée par les nazis, puis relâchée. Grâce à l'intervention de la princesse Marie Bonaparte, qui versa la rançon exigée par Hitler, elle put échapper aux persécutions, quitter Vienne et se réfugier à Londres avec ses parents. Là, elle se transforma en secrétaire, garde-malade, confidente et porte-parole de son père, lisant les communications de celui-ci lors des congrès et dans les réunions publiques. Elle tint ce rôle jusqu'à la mort de Freud, en septembre 1939.

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Écrit par

  • : Ph.D. de Columbia University, New York, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III

Classification

Pour citer cet article

Pamela TYTELL. FREUD ANNA (1895-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Anna Freud - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Anna Freud

Autres références

  • DÉFENSE MÉCANISMES DE

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 663 mots
    • 1 média

    Expression usitée en psychanalyse pour désigner plusieurs types d'opérations psychiques destinées à « protéger » le moi. La notion de défense est présente chez Freud dès le début de ses recherches ; ainsi, dans ses Études sur l'hystérie (1895) : « Une condition indispensable...

  • DÉFENSE, psychanalyse

    • Écrit par Odile BOMBARDE
    • 1 296 mots
    ...: introjection, projection, clivage, déni, idéalisation, réparation, identification projective. Dans Le Moi et les mécanismes de défense (1936), Anna Freud se livre, quant à elle, à une description variée et concrète des comportements défensifs, qui, s'ils procèdent tous du moi et ont pour objet...
  • INCONSCIENT

    • Écrit par Christian DEROUESNE, Hélène OPPENHEIM-GLUCKMAN, François ROUSTANG
    • 8 283 mots
    • 2 médias
    Ignorant cette logique de l'inconscient qui se déduit des processus de condensation et de déplacement, des psychanalystes, en particulier Anna Freud dans Le Moi et les mécanismes de défense, tendent à pervertir la découverte freudienne par le simple fait qu'ils nomment ces processus des ...
  • KLEIN MELANIE (1882-1960)

    • Écrit par Jean-Bertrand PONTALIS
    • 2 226 mots
    • 1 média
    ...décisive, fut pour Melanie Klein celle de l'enfant. Elle sut y trouver le point d'appui d'un long et courageux affrontement avec la propre fille du Maître, Anna Freud. Celle-ci estimait que la psychanalyse était devenue assez assurée de ses fondements théoriques et techniques pour chercher à s'appliquer aux...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi