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ANIMAL

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le mot animal est difficile à définir. Le principe des critères communs aux animaux, la place de l'homme par rapport à l'animal et la délimitation de l'ensemble des espèces dites animales ont constitué de sérieux problèmes, tant scientifiques que philosophiques. En dépit d'une clôture apparente du questionnement sur ce qu'est un animal, une définition réellement scientifique, celle de métazoaire hétérotrophe, peine à s'imposer.

L'usage du mot « animal » s'impose à la Renaissance

Le mot animal vient du latin animalis, -is qui désigne un être vivant mobile, et qui dérive d'anima, souffle ou air, un mot souvent traduit par âme. À l'époque romaine, on inclut généralement l'homme parmi les animaux. Au Moyen Âge, le mot animal est d'un usage plutôt rare et savant, et l'on utilise plus volontiers celui de bêtes (ou bestes), dérivant du latin bestia, par opposition à homo, dérivé de hominem, « homme ». Ce n'est qu'à la Renaissance qu'« animal » remplace peu à peu « bête », bien qu'il ne désigne souvent que les animaux dits supérieurs, comme les oiseaux et les grands mammifères, les autres animaux recevant diverses appellations génériques, comme poisson ou insecte.

À partir du xvie siècle, le mot animal voit son usage se répandre en même temps que l'on cherche à en préciser le sens. C'est à cette époque que les lettrés et savants européens s'engagent dans l'inventaire des plantes et des animaux, en métropole comme dans les colonies, afin de rationaliser l'exploration et l'exploitation économique des ressources naturelles. Il est donc nécessaire de disposer d'un vocabulaire spécifique permettant l'identification claire des espèces recherchées pour leur valeur agricole, médicamenteuse, tinctoriale...

La définition d'animal est dès lors tributaire d'un système classificatoire qui englobe l'ensemble du monde naturel, et elle ne peut être comprise qu'au regard de celui-ci. Les savants s'attachent donc, dès le xviie siècle, à établir les caractéristiques propres des unités de cette classification, des plus grandes aux plus petites, en soulignant à chaque fois leurs différences. La notion d'animal s'établit ainsi sur des particularités que partagent l'ensemble des animaux, et qui leur sont propres et donc les définissent. La définition de l'animal hérite d'éléments permettant de distinguer l'animé de l'inanimé, comme l'échange de matière (une pierre n'échange pas ses éléments avec son milieu), ou la forme, indépendante des forces extérieures (contrairement à l'eau par exemple). Mais ces éléments ne suffisent pas, et il faut établir d'autres critères permettant de distinguer les animaux des végétaux : par exemple, les animaux sont dits hétérotrophes, car ils ne produisent pas leur énergie ni leur substance, contrairement aux végétaux qui utilisent le soleil, le sol et l'air.

L'histoire de la notion d'animal renvoie ainsi à ce processus de recherche de définition et à la difficulté de repérer des caractéristiques satisfaisantes et incontestables, l'accumulation des connaissances conduisant le plus souvent au renouvellement des questionnements sur la validité de critères que l'on pensait établis.

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Valérie CHANSIGAUD. ANIMAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANIMALIER DROIT

    • Écrit par Olivier LE BOT
    • 4 687 mots

    Le droit animalier existe-t-il ? Si l'on entend par droit un corpus structuré et cohérent de normes juridiques, une réponse négative s'impose. En effet, les règles applicables à l'animal sont pour l'heure dispersées entre une multitude de domaines : le droit pénal (réprimant...

  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

    • Écrit par René LAFONT, Martine MAÏBECHE
    • 4 312 mots

    La diversité des modalités alimentaires que l'on rencontre chez les animaux est bien illustrée par la coexistence de deux terminologies parallèles, l'une latine (-vore de vorare) et l'autre grecque (-phage, de phagein), qui définissent leurs comportements alimentaires. Un troisième...

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    Fondamentalement, les animaux disposent de deux procédés de reproduction et de propagation : la reproduction sexuée et la reproduction asexuée.
  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

    • Écrit par Gabriel GACHELIN, Emmanuelle SIDOT
    • 9 550 mots
    • 8 médias

    C'est de l'art que vient le mot « modèle », à l'origine figure destinée à être reproduite. Ce sens se retrouve en biologie, par exemple dans le choix de l'animal ou du paysage reproduit par le dessinateur ou le photographe. Cependant, de nombreux sens dérivés se sont construits...

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Voir aussi