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ANIMAL

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Les anémones de mer et les coraux sont-ils des animaux ?

Si la notion de règne animal est universellement admise à partir du xviiie siècle, diverses découvertes remettent en cause sa délimitation. C'est d'ailleurs l'une des conséquences de l'observation d'animaux marins, tels que les éponges, les anémones de mer ou les coraux. Ces derniers, longtemps considérés comme appartenant au règne végétal, voire minéral, ne voient leur nature animale reconnue qu'au xviiie siècle grâce aux observations de Jean André Peyssonnel et confirmée, quelques années plus tard, par Abraham Trembley. Ce n'est pas qu'une question d'anatomie car leur biologie, notamment leur capacité de régénération, est jugée par René Antoine Ferchault de Réaumur, en 1742, comme « une propriété si surprenante et qu'on croyait n'appartenir qu'aux seules plantes ». La multiplication de ces observations conduit Buffon à affirmer, en 1750, « qu'il n'y a aucune différence absolument essentielle et générale entre les animaux et les végétaux, mais que la Nature descend par degrés et par nuances imperceptibles d'un animal qui nous paraît le plus parfait à celui qui l'est le moins, et de celui-ci au végétal ». On considère souvent que les coraux, les anémones de mer, les éponges ou les holothuries forment une sorte d'ensemble intermédiaire entre les plantes et les animaux, d'où la création d'un nouveau groupe, les zoophytes (animaux-plantes).

Cet ancien terme utilisé par les Grecs pour décrire des animaux ressemblant à des plantes est ignoré par Linné, qui préfère classer ces organismes dans le vaste et peu défini groupe des vers. C'est d'ailleurs cette forte similarité entre certains animaux et les végétaux qui conduit, dans les premières années du xixe siècle, le Français Lamarck et l'Allemand Gottfried Reinhold Treviranus, de façon simultanée et indépendante, à définir la biologie comme une nouvelle discipline scientifique, à savoir l'étude de ce qui est commun à tous les êtres vivants.

Si la nature animale des espèces marines précitées est finalement reconnue durant les premières décennies du xixe siècle, les avancées permises dans les années 1820 par la mise au point de microscopes achromatiques posent de nouvelles questions : où classer les organismes microscopiques que l'on découvre alors ? Animaux ou végétaux ? L'absence de critères de choix objectifs conduit Ernst Haeckel à proposer en 1866 le règne des protistes pour rassembler tous les organismes unicellulaires constituant, selon lui, un groupe intermédiaire entre les animaux et les végétaux. Cette dénomination, rapidement et largement acceptée, voit son contenu souvent redéfini durant les décennies suivantes.

Cette initiative traduit surtout un changement de perspective qui débute au milieu du xixe siècle et qui fait suite à l'émergence de l'idée d'évolution : la notion d'animal ne résulte plus seulement d'un acte classificatoire observant des critères plus ou moins arbitraires, mais découle directement de la compréhension de la généalogie des différentes espèces et de leur relation entre elles. Les protistes, du moins ceux qui ne partagent pas de caractéristique commune avec les plantes (comme la chlorophylle), seront donc classés parmi les animaux et placés à la base de la phylogénie animale.

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Valérie CHANSIGAUD. ANIMAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 24/02/2023

Autres références

  • ANIMALIER DROIT

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  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

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    La diversité des modalités alimentaires que l'on rencontre chez les animaux est bien illustrée par la coexistence de deux terminologies parallèles, l'une latine (-vore de vorare) et l'autre grecque (-phage, de phagein), qui définissent leurs comportements alimentaires. Un troisième...

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

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    Fondamentalement, les animaux disposent de deux procédés de reproduction et de propagation : la reproduction sexuée et la reproduction asexuée.
  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

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