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LE NÔTRE ANDRÉ (1613-1700)

Le jardin classique

Le Nôtre, contrairement à ce que l'on croit habituellement n'aimait pas les parterres de broderies, et le disait volontiers. Il n'aimait pas non plus que le boisement soit trop rapproché de la demeure, ce qui lui avait valu une déconvenue à Choisy, la Grande Mademoiselle ne lui ayant pas confié, pour cette raison, la réalisation de son jardin. Il considérait les grandes lignes du tracé, et le parti général, comme constituant l'essentiel ; et ce sont encore aujourd'hui ces grandes traces dans le paysage, traduisant des visées prospectives, que l'on doit considérer comme l'originalité essentielle du jardin classique. En effet, le contenu des jardins du xviie siècle reste dans la tradition romaine et italienne : les arabesques de buis, les effets topiaires, les grottes de rocaille sont toujours là, ainsi que les automates hydrauliques. Des jardins décrits par Pline le Jeune à ceux de Versailles se dessine une longue continuité qui passe par le jardin médiéval d'Hesdin, et par le monde enchanté du Songe de Poliphile. Les gravures illustrant cet article expriment cette imbrication entre progrès et tradition : bosquet des rocailles dit de la salle de bal, d'une part, qui ne déparerait pas la villa d'Este, et grand canal de Versailles avec sa flottille cosmopolite d'autre part, à l'image du rêve de conquête matérialisé par l'instauration de la Compagnie des Indes.

Le Nôtre ne peut être compris et situé que par référence à une culture et à un milieu dont il serait vain de le dissocier. Ni à Versailles, ni aux Tuileries il n'était chargé de tout. L'histoire scolaire a oublié les Mollet, les Marin, les Trumel, et surtout les Le Bouteux, qui ont servi dans les domaines royaux de père en fils, d'Henri IV à 1789, et furent longtemps responsables de Trianon, des orangers, et de l'acclimatation des plantes exotiques ramenées par les galères.

— Thierry MARIAGE

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Écrit par

  • : diplômé du Centre d'études supérieures d'histoire et de conservation des monuments anciens, architecte des Bâtiments de France

Classification

Pour citer cet article

Thierry MARIAGE. LE NÔTRE ANDRÉ (1613-1700) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Parterres de l'Orangerie du château de Versailles - crédits : Lyubov Timofeyeva/ Shutterstock

Parterres de l'Orangerie du château de Versailles

Autres références

  • CHÂTEAU DE VAUX-LE-VICOMTE (L. Le Vau)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 238 mots
    • 1 média

    La construction du château de Vaux-le-Vicomte, près de Melun, au sud-est de Paris, peut être considérée comme la première étape de la réalisation de Versailles : Louis XIV reprit en effet dans son intégralité l'équipe réunie par son surintendant des Finances, Nicolas Fouquet...

  • CHÂTEAU DE VAUX-LE-VICOMTE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 250 mots

    1641 Acquisition de Vaux par Nicolas Fouquet (1615-1680). Le parc commence à être aménagé.

    1653 ( ?) Début des fondations du bâtiment principal.

    1655-1656 Le plan définitif proposé par l'architecte Louis Le Vau est approuvé par Fouquet.

    1656-1660 Construction du château sous la direction...

  • JARDINS - De l'Antiquité aux Lumières

    • Écrit par Pierre GRIMAL, Maurice LEVY
    • 8 145 mots
    • 12 médias
    ...établir autour de son château de Vaux-le-Vicomte (1656-1661). L'architecte est Louis Le Vau ; il collabore avec un jeune dessinateur, André Le Nôtre, qui deviendra le plus grand « jardinier » de son siècle. Le style qu'ils mettent au point, ensemble, est une synthèse des éléments français et...
  • MANSART FRANÇOIS (1598-1666)

    • Écrit par William Peter Jackson SMITH
    • 2 790 mots
    ...dessins de jardins pour Maisons, Fresnes, Limours, Petit-Bourg et Gesvres ont fourni un modèle pour la fin du xviie siècle et ont grandement influencé Le Nôtre. Il reste peu de vestiges de ces dessins, ni même des dernières œuvres de Mansart, mais, pour autant qu'on puisse en juger d'après un pavillon...

Voir aussi