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RECHERCHE SCIENTIFIQUE

La recherche européenne

La science et la technologie ont toujours eu une dimension internationale et, en dépit des conflits militaires et de la compétition économique, la coopération scientifique internationale a toujours joué un rôle important dans la recherche scientifique, tout particulièrement en Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, la coopération scientifique européenne allait prendre une grande ampleur. Première étape de la construction européenne, le traité de Paris créant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E.C.A.), signé en 1951, permit de lancer un premier programme de recherche européen sur le charbon et l'acier qui fut un succès. Conscients que la recherche en physique nucléaire exigeait désormais des moyens très importants, les Européens unirent leurs efforts pour fonder le Cern (Conseil européen pour la recherche nucléaire, aujourd'hui Laboratoire européen de physique des particules), en 1954 à Genève. Le Cern compte aujourd'hui vingt États membres et huit observateurs. Il a construit plusieurs accélérateurs de particules dont le Large Hadron Collider (L.H.C.), qui doit être opérationnel après 2008, et il est devenu le point focal mondial de la recherche dans le domaine de la physique des particules. Le Cern a servi de modèle à une douzaine d'organismes scientifiques ou technologiques européens fondés dans le cadre de traités internationaux. L'Agence spatiale européenne (E.S.A., European Space Agency), créée en 1975, est le plus important de ces organismes dits à « géométrie variable » (les États membres qui les financent varient au cas par cas) ; elle a la responsabilité du programme spatial européen. La plupart de ces organismes européens construisent et font fonctionner un grand équipement de recherche mis au service de communautés scientifiques, par exemple la machine pour le rayonnement synchroton de l'European Synchroton Radiation Facility (E.S.R.F.) et le réacteur nucléaire à haut flux de neutrons de l'Institut Laue-Langevin (I.L.L.), tous les deux implantés à Grenoble. L'E.M.B.O. (European Molecular Biology Organization) gère un grand laboratoire de recherche à Heidelberg.

Conçu comme une véritable agence européenne pour la recherche sur l'énergie nucléaire, l'Euratom, créé par le traité de Rome en 1957, s'est doté d'un centre commun de recherche (en fait un réseau de laboratoires, le principal étant localisé à Ispra en Italie) ; il n'est toutefois pas parvenu à faire émerger une politique commune de la recherche nucléaire en Europe. Pour que l'Europe puisse affronter la compétition internationale, la Communauté économique européenne a lancé un premier programme de recherche au début des années 1970, puis le premier programme-cadre pluriannuel pour la recherche en 1983. En 1986, l'acte unique puis enfin le traité de Maastricht, en 1992, reconnurent explicitement que l'Union européenne détenait une compétence pour financer la recherche. Pendant le VIIe programme-cadre (2007-2013), les financements communautaires de la R&D s'élèveront à 53,5 milliards d'euros. À l'initiative de Philippe Busquin, alors commissaire européen chargé de la recherche, l'U.E. a adopté, lors du sommet européen de Lisbonne en mars 2000, le principe de construire un véritable « espace européen de la recherche » fédérant les efforts communautaires et ceux des États, puis, en 2002, elle se fixa l'objectif de consacrer 3 p. 100 de son P.I.B. à la R&D en 2010 (un objectif qui n’a pas été atteint). La première réalisation concrète de la stratégie de Lisbonne fut la création, en 2007, de l'European Research Council (E.R.C.) qui est de fait une véritable agence européenne de la recherche fondamentale, avec un budget de 7,5 milliards d'euros sur la période 2007-2013. Par ailleurs, les organismes de recherche européens avaient créé, en 1974, la[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'École de physique et chimie de Paris, président d'honneur de l'Observatoire des sciences et des techniques

Classification

Pour citer cet article

Pierre PAPON. RECHERCHE SCIENTIFIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Encyclopédie </em>de Diderot et d’Alembert - crédits : AKG-Images

Encyclopédie de Diderot et d’Alembert

Le cyclotron - crédits : Keystone/ Getty Images

Le cyclotron

Tendances de la recherche et développement dans les grandes régions de l'O.C.D.E. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tendances de la recherche et développement dans les grandes régions de l'O.C.D.E.

Autres références

  • BIBLIOMÉTRIE

    • Écrit par Ghislaine FILLIATREAU
    • 1 807 mots
    • 1 média

    Les bases de la bibliométrie – qui est un ensemble de techniques visant à s’appuyer sur l’analyse des publications scientifiques pour mesurer la production de connaissances nouvelles – se sont véritablement développées à partir des années 1950, lorsque des chercheurs ont pu établir des statistiques...

  • ÉVALUATION DE LA RECHERCHE

    • Écrit par Ghislaine FILLIATREAU
    • 3 219 mots
    • 1 média

    Partout dans le monde, les décideurs et les citoyens considèrent la recherche comme une activité d’une importance cruciale pour la puissance économique et le rayonnement culturel de leur pays. C’est vrai pour le secteur public, où tous les responsables politiques affirment mettre la recherche et l’éducation...

  • ÉVOLUTION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DANS LE MONDE

    • Écrit par Yves GINGRAS
    • 3 611 mots
    • 16 médias

    Il est d’usage de dire que la science est par essence internationale. S’il est vrai que la validité d’une connaissance scientifique ne dépend pas des particularités des individus qui la produisent et a en principe un caractère universel, il en va autrement de la distribution mondiale des recherches...

  • RESPONSABILITÉ SOCIALE DES SCIENTIFIQUES

    • Écrit par Jacques TESTART
    • 7 709 mots
    • 4 médias

    La responsabilité de la science et de ses acteurs au regard de la société ne serait pas un problème crucial si la science avait un impact modéré sur la vie des hommes et sur la planète – ce qui n'est plus le cas depuis au moins un demi-siècle – et si elle n'était pas une activité sacralisée échappant...

  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par Maurice JACOB, Bernard PIRE
    • 8 172 mots
    • 12 médias
    Il s'agit d'accélérer les particules élémentaires (électrons, protons) à des énergies de plus en plus élevées. Les développements technologiques permettent de construire des accélérateurs de plus en plus puissants dans des limites budgétaires acceptables. On est ainsi passé ainsi de 100 MeV (1950)...
  • ABEL PRIX

    • Écrit par Universalis, Jean-Marie PRUVOST-BEAURAIN
    • 938 mots

    Le prix international Abel pour les mathématiques, décerné depuis 2003, est la plus haute distinction dans cette science.

    Oscar II, roi de Suède et de Norvège, avait proposé en 1902 d'instituer ce prix en l'honneur du mathématicien norvégien Niels Henrik Abel (1802-1829), mais cette...

  • ACADÉMIE DES SCIENCES DE RUSSIE

    • Écrit par Jérôme PIERREL
    • 1 282 mots

    Créée par le tsar Pierre le Grand (1672-1725) en 1724 – oukase (décret) du 8 février nouveau style –, l’Académie des sciences et des arts de Saint-Pétersbourg a été ouverte à la fin de l’année suivante, par l’impératrice Catherine Ire (oukase du 18 décembre). Sa première...

  • AGRONOMIE

    • Écrit par Stéphane HÉNIN, Michel SEBILLOTTE
    • 9 202 mots
    • 1 média
    Mais, parallèlement à cette organisation de l'enseignement, il fallait aussi créer desorganismes de recherche. Roville était à la fois l'un et l'autre, et, en principe, toutes les écoles d'agriculture avaient, suivant leur niveau, soit une mission de ferme pilote, soit une mission de recherche. Si...
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