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NOTATION MATHÉMATIQUE

La logique symbolique

Les ensembles

Depuis Leibniz, on a avancé divers systèmes de notations pour la logique symbolique. Il faut mentionner les tentatives de Boole (1847), E. Schröder (1877), G. Frege (1879, 1893), Peano (1891, et son Formulaire de mathématique à partir de 1895), Russell et Whitehead (1910) ; tous ces systèmes incluent les notations ensemblistes.

Il y a un manque d'uniformité dans les notations ensemblistes et logiques. On pratique des systèmes notationnels différents dans la théorie de la mesure, dans celle des probabilités, en topologie, en analyse abstraite, en algèbre, dans les fondements de la mathématique. La plupart des logiciens emploient un symbolisme archaïque, différent de celui de la plupart des mathématiciens. De plus en plus, ces derniers s'accoutument à formaliser le texte qui accompagne les formules par l'usage de symboles logiques ; c'est parfois le galimatias sublime. Les abus se sont multipliés dans les livres scolaires modernes. Quelques symboles gigantesques ont été propagés par Nicolas Bourbaki. Il demeure que les grandes tendances sont saines : alléger des symboles surchargés et formaliser de plus en plus.

Le signe d' appartenance ensembliste ∈ est dû à Peano. Il écrivait l'epsilon à la manière des Européens du Continent ; Russell et Whitehead le remplacèrent par l'epsilon britannique (ε) qui, introduit sur le Continent, fut en général distingué de l'epsilon ordinaire, indispensable dans l'epsilontique. Le nombre de Continentaux qui emploient le ε pour l'appartenance et de Britanniques qui emploient le ∈ comme variable mathématique décroît de plus en plus.

Le signe d' inclusion est chez C. S. Pierce (1867), <, et plus tard ⊂ chez E. Schröder ; le même signe renversé fut adopté par Peano pour l'implication ; il a le double sens d'inclusion de classes et d'implication chez Russell et Whitehead, ce qui est une source de confusion (parce que, si A ⊂ B, alors ∈ A ⊃ x ∈ B). A. Schoenflies (1913) se décida pour < et ≦, C. Caratheodory (1918) pour <, F.  Hausdorff pour ⊂ et ⊆. Ce dernier choix l'a emporté sur les autres ; < a disparu en tant que symbole d'inclusion ; < et ≦ subsistent encore, en particulier en théorie des groupes où ils étaient usuels depuis le début du xxe siècle. Pour la majorité, ⊂ inclut l'égalité, mais il y a nombre considérable d'auteurs qui distinguent ⊂ et ⊆.

Boole interpréta l'union et l' intersection comme somme et produit ; il les notait par les symboles algébriques correspondants ; Schröder adopta cet usage. Peano introduisit les symboles ∪ et ∩ au lieu de + et ( (pour des classes et des propositions) ; Russell et Whitehead les adoptèrent (pour des classes, et non pour des propositions). G. Cantor et Schoenflies préféraient des notations plus compliquées, mais Hausdorff se décida pour la notation d'addition et de multiplication pour indiquer l'union et l'intersection. Dans la théorie des groupes, on répudia l'interprétation multiplicative de l'intersection qui contredit la notation AB pour l'ensemble des ab avec a ∈ A et b ∈ B ; vers 1920, le signe ∧ fut introduit pour désigner l'intersection de sous-groupes d'un groupe. Quand les procédures ensemblistes firent des progrès dans l'algèbre, on se vit forcé, pour des raisons analogues, de remplacer le + en tant que signe d'union par ∨. Ces arguments contre l'interprétation additive et multiplicative de l'union et de l'intersection ne valaient ni dans la théorie de la mesure ni dans la topologie. Mais, dès que les méthodes algébriques gagnèrent du terrain dans la topologie et lorsque s'élabora clairement l'algèbre topologique, on dut abandonner cette interprétation et cette notation. Il y eut des tentatives pour revenir aux notations de Schoenflies, mais, depuis[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université d'Utrecht, directeur de l'Institut pour le développement de l'enseignement mathématique

Classification

Pour citer cet article

Hans FREUDENTHAL. NOTATION MATHÉMATIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Écritures du nombre 1971 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Écritures du nombre 1971

Autres références

  • ARYABHATIYA (Aryabhata)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 210 mots

    Né à Kusumapura (proche de l'actuelle Patna) en Inde, Aryabhata (476-550) avait vingt-trois ans lorsqu'il termina son chef-d'œuvre : l'Aryabhatiya. Ce court traité d'astronomie, publié en 499, contient un résumé des mathématiques indiennes et en particulier 66 théorèmes...

  • BOMBELLI RAFFAELE (1526-1573)

    • Écrit par Universalis, Jacques MEYER
    • 455 mots

    On sait peu de chose de la vie de Raffaele Bombelli. Né à Bologne en 1526, il est l’aîné de sa fratrie au sein d’une famille de commerçants en laine. Il n’a pas reçu d’enseignement universitaire et a été formé par Pier Francesco Clementi, architecte et ingénieur. Placé sous la protection d’Alessandro...

  • BRAILLE

    • Écrit par Françoise MAGNA
    • 7 024 mots
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    Dèsl'origine, Louis Braille a prévu la transcription des chiffres : ils sont figurés par les signes de la première série (lettres de a à j) précédés du symbole formé des points 3 à 6, appelé encore aujourd'hui « signe numérique ». De plus, la transcription des signes de l'arithmétique (plus, moins,...
  • LE CALCUL DES FLUXIONS (I. Newton)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 201 mots
    • 1 média

    En octobre 1666, Isaac Newton (1642-1727) écrit Le Calcul des fluxions qui, sans être immédiatement publié, sera déterminant pour le développement du calcul différentiel. Il y définit le concept de fluxions. Newton décrit une particule parcourant une courbe à l'aide de deux quantités : la vitesse...

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