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COMPTABILITÉ NATIONALE

T.E.S. (tableau entrées-sorties) - crédits : Encyclopædia Universalis France

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La comptabilité nationale est une représentation quantifiée du fonctionnement et des résultats économiques d'une économie nationale. Cette quantification s'effectue en unités monétaires, en partant du système des prix qui réalise, dans une économie de marché, une certaine objectivation des valeurs. Elle est présentée dans un cadre comptable articulé rigoureux, défini à la fois par des relations comptables et par des relations économiques.

Bien que l'on puisse trouver de nombreux précurseurs à la démarche de la comptabilité nationale, depuis l'« arithmétique politique » anglaise du xviiie siècle (William Petty, Gregory King...) et le Tableau économique des physiocrates, ce n'est qu'à partir des années 1920 – et plus nettement encore à partir de la crise de 1929 – que l'on assiste dans les pays occidentaux au développement des travaux de quantification macro-économiques autour du revenu national, de ses composants et de l'investissement. Les travaux de Colin Clark en Grande-Bretagne, Corrado Gini en Italie, Ragnar Frish en Norvège et surtout Simon Kuznets aux États-Unis témoignent alors du retour de la perspective macro-économique en économie politique, ainsi que des progrès de la statistique économique et des nouvelles préoccupations des États en matière économique. Par ailleurs, en U.R.S.S., les besoins de la planification avaient amené à partir des années 1920 un très important développement de la statistique économique générale, souvent présentée dans des cadres comptables.

La Seconde Guerre mondiale et l'immédiat après-guerre vont donner aux travaux de ce type menés dans les pays occidentaux une forte impulsion, en en faisant un instrument d'État servant à la gestion des économies de guerre, puis, celle-ci terminée, aux tâches de reconstruction et aux politiques de croissance et de stabilisation économiques. Les évaluations, désormais régulières, sont étendues et intégrées dans un cadre comptable où l'empreinte keynésienne était au départ reconnaissable. On date généralement de 1941 la parution des premiers véritables comptes nationaux avec la publication en Grande-Bretagne, annexée au budget et éclairant les conditions de réalisation de celui-ci, d'un « livre blanc » contenant un « compte du revenu et de la dépense nationale » ; son auteur, l'économiste anglais Richard Stone, jouera un rôle important dans le développement de la comptabilité nationale jusque dans les années 1980. Anglais et Américains harmonisent rapidement leurs conceptions puis diffusent celles-ci au lendemain de la guerre à travers les organisations internationales. En 1953, l'O.N.U. publie la première version d’un système de comptabilité nationale S.C.N. (S.N.A. en anglais, pour System of National Accounts), présenté comme un modèle pour les pays souhaitant se doter de comptes nationaux selon les normes occidentales – les pays socialistes disposant de leur propre système de référence C.P.M. (comptabilité du produit matériel). Partie avec un peu de retard, la France développe dès les années 1950 un système original et ambitieux (1956, Méthodes de la comptabilité nationale française).

L'évolution ultérieure est celle d'une diffusion et d’une harmonisation internationale rapide de la comptabilité nationale à travers des révisions successives du S.C.N., qui l’actualisent et en étendent le champ (1960, 1964, 1968). En 1993 intervient une importante refonte du système et le S.C.N. 93 qui en résulte, devenu le seul modèle international de référence, connaît à son tour une légère actualisation en 2008. En 1995, l'Union européenne, dont les statisticiens avaient activement participé à l'élaboration du S.C.N. 93, publie sa propre version de ce dernier (système européen des comptes nationaux et régionaux, S.E.C.), plus précise et mieux adaptée aux spécificités européennes.[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de sciences économiques à l'université de Montpellier-I

Classification

Pour citer cet article

Marc PÉNIN. COMPTABILITÉ NATIONALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Autres références

  • UNE HISTOIRE DE LA COMPTABILITÉ NATIONALE (A. Vanoli)

    • Écrit par Marc PÉNIN
    • 1 077 mots

    Modestement intitulé Une histoire de la comptabilité nationale, ce gros ouvrage paru en 2002 aux éditions de La Découverte (Paris) est bien plus riche que ne le laisse présager son titre, et doit retenir l'attention non seulement des économistes professionnels – qui devraient se préoccuper plus qu'ils...

  • ACHAT POUVOIR D'

    • Écrit par Stéfan LOLLIVIER
    • 5 643 mots
    • 2 médias

    L'expression « pouvoir d'achat » est fréquemment utilisée dans la vie courante. Les médias, les responsables politiques, les représentants syndicaux et d'autres acteurs de la vie publique commentent ses évolutions, souvent en insistant sur les baisses. Les individus eux-mêmes font état de leur sentiment...

  • AGRÉGAT ÉCONOMIQUE

    • Écrit par Marc PÉNIN
    • 1 488 mots

    Au sens premier, un agrégat est un assemblage de parties qui forment un tout. Dans le vocabulaire économique moderne, le mot désigne une grandeur caractéristique de l'économie nationale et, plus généralement, une grandeur globale synthétique représentative d'un ensemble de grandeurs particulières. Le...

  • CONJONCTURE

    • Écrit par Philippe NASSE
    • 4 587 mots
    Les comptes nationaux trimestriels forment, avec les enquêtes conjoncturelles, le plus important des instruments d'observation conjoncturelle. La comptabilité nationale constitue le cadre usuel où s'ordonnent la représentation des faits économiques et le raisonnement sur ces faits, parce qu'elle fournit...
  • CONSOMMATION - Dépenses de consommation

    • Écrit par Nicolas HERPIN, Daniel VERGER
    • 5 741 mots

    La consommation des ménages représente, pour la France, environ 60 p. 100 du produit intérieur brut, près du double des exportations et plus de trois fois le montant des investissements. C'est donc essentiellement elle qui contribue à la croissance de moyen terme. Elle sert, en outre, d'assiette à la...

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Voir aussi