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VERRE ART DU

Le Moyen Âge occidental

La chute de l'Empire romain et les invasions du début du ve siècle amenèrent une sorte de rupture, pour la première fois, dans cette vaste communauté de la verrerie antique. À partir de ce moment, les verreries de Gaule, de Rhénanie, de Grande-Bretagne principalement vont se faire connaître par une production spécifique dans laquelle on a voulu voir une dégénérescence : la matière est souvent plus translucide que transparente, tachée de traînées violettes dues au manganèse ; le répertoire des formes est extrêmement réduit et ne dépasse pas la quinzaine ; les décors sont obtenus par des méthodes primitives.

Cette verrerie est caractérisée par des bols arrondis mais surtout par des gobelets coniques en forme de cornets apodes ou à très petit pied ; en forme de clochettes à fond arrondi, parfois avec un bouton symbolisant l'amorce d'une tige ; ou encore en forme de cornes à boire. De cette époque datent aussi les Rüsselbecher, ou vases à larmes, verres portant sur la panse des excroissances creuses en forme de trompe (France, Angleterre, Allemagne), chefs-d'œuvre d'une technique verrière avancée encore active au viiie siècle. Quant à la décoration, elle est faite surtout de filets appliqués, de cabochons, de larmes, de festons, en verre blanc ou de couleur, ou en émail blanc plus ou moins intégrés dans la pâte.

Ces objets ont été trouvés en nombre assez important dans les tombes franques ou mérovingiennes, particulièrement en Allemagne occidentale, dans le nord de la France, en Belgique, en Angleterre, en Scandinavie où le mobilier funéraire est resté plus longtemps à l'abri, de nouvelles prescriptions chrétiennes interdisant la présence d'objets d'usage domestique dans les tombes. Cette interdiction paraît avoir été strictement appliquée aux époques romane et gothique, faisant disparaître désormais la verrerie de son refuge privilégié.

La verrerie a laissé pourtant ailleurs des traces de survie : ainsi, dans la littérature contemporaine, un manuscrit conservé au mont Cassin comprend la miniature souvent reproduite d'un four de verrier (copie de 1123 du De originibus rerum de Hrabanus Maurus, écrit vers 856) ; un certain nombre de recettes ont été transmises par le traité du moine Théophile, Diversarum artium schedula, œuvre du xiie siècle, et par le De coloribus et artibus Romanorum, œuvre d'un autre moine romain vivant peut-être au même siècle.

Ici et là, on retrouve aussi quelques rares objets ayant échappé par hasard à la destruction, et des fouilles méthodiques ont mis au jour des débris que l'archéologie a trop longtemps négligés. Le verre était donc plus utilisé au Moyen Âge qu'on ne le croit. Une étude attentive de l'iconographie de l'époque amène à la même conclusion.

Notre-Dame de la Belle-Verrière - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Notre-Dame de la Belle-Verrière

On savait déjà, par de nombreux récits, que l'industrie du verre à vitre n'avait cessé d'être très active depuis Grégoire de Tours ; on vitrait les églises, les cloîtres, certaines demeures seigneuriales, puis les bâtiments municipaux. Cela suppose une activité similaire des artisans du verre creux.

Mais il est encore trop tôt pour pouvoir reconstituer le trésor des formes de ces époques, comme on a pu le faire, grâce aux tombes, pour la verrerie jusqu'au viiie siècle.

Avant de retrouver en Europe une industrie du verre aussi prospère, aussi riche de formes et de décors qu'à l'époque de l'Empire romain – ce nouveau départ étant donné par Venise vers la fin du xve siècle –, il faut revenir en Orient où les anciennes traditions s'étaient mieux conservées.

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Écrit par

  • : secrétaire général du Comité des industries du verre du Marché commun

Classification

Pour citer cet article

James BARRELET. VERRE ART DU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tête - crédits : Art Media/ Print Collector/ Getty Images

Tête

Vase en verre, Égypte - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Vase en verre, Égypte

Bol côtelé en verre moulé - crédits : Founders Society purchase, Cleo and Lester Gruber Fund,  Bridgeman Images

Bol côtelé en verre moulé

Autres références

  • ARTISANAT

    • Écrit par Denis CHEVALLIER, Universalis, Louis LERETAILLE
    • 7 105 mots
    Les arts du feu. Dans cette catégorie, on trouve les artisans et les artistes du verre, de l'émail, de la céramique et du bronze.Deux verriers figurent parmi les maîtres d'art. Michel Petit (né en 1934) a restauré notamment les vitraux des cathédrales de Coutances et de Chartres. Un fondeur de...
  • ART NOUVEAU

    • Écrit par Françoise AUBRY
    • 8 824 mots
    • 23 médias
    ...s'ajoute à la firme qui expose déjà en 1889 à Paris des meubles exceptionnels comme la table Le Rhin exécutée avec la collaboration de Victor Prouvé. Gallé use dans le travail du verre de techniques très variées : gravure à l'acide, au touret, applications à chaud, marqueteries de verre, émaillage....
  • BEGRĀM

    • Écrit par Jeannine AUBOYER
    • 987 mots
    ...satyres, le sacrifice du porc et d'autres sacrifices, etc. Les bronzes illustrent les mêmes thèmes : Silène, Sérapis-Héraclès, Harpocrate, Hermès ( ?), Éros ...Et ceux que l'on voit reproduits sur les verres peints sont de la même veine : gladiateurs luttant, Orphée, Ganymède, enlèvement d'Europe.
  • BYZANCE - Les arts

    • Écrit par Catherine JOLIVET-LÉVY, Jean-Pierre SODINI
    • 13 538 mots
    • 10 médias
    Les Byzantins n'ignorèrent pas la verrerie de luxe, comme en témoignent plusieurs objets du trésor de Saint-Marc et, en particulier, un vase de verre pourpre décoré de figures mythologiques, très représentatif de la renaissance macédonienne. Ils fabriquèrent également des vitraux, dont on a retrouvé...
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Voir aussi