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ARCHITECTURE RELIGIEUSE AU XXe SIÈCLE, France

Notre-Dame du Raincy

Une église allait, à elle seule, orienter d'une manière radicalement différente le débat sur l'architecture religieuse. Construite en 1923 au Raincy (Seine-Saint-Denis) par Auguste et Gustave Perret, Notre-Dame-de-Consolation est élevée à la mémoire des morts de la bataille de la Marne. Le souci d'économie, mais surtout la conviction que le béton armé peut égaler, voire surpasser la pierre en puissance d'expression, conduit les architectes-entrepreneurs à concevoir une église sans autre matériau que cette concrétion. La nef, couverte par une voûte surbaissée, est flanquée de quatre rangées de poteaux, galbés et cannelés, qui soutiennent à même hauteur les voûtes des bas-côtés ; celles-ci sont renforcées par des nervures qui évitent le recours à tout système de contrefort. Ainsi les murs extérieurs, formés de claustras de béton sertis de vitraux, ne portent-ils rien d'autres qu'eux-mêmes. Charles-Henri Besnard proposera, pour l'église Saint-Christophe de Javel à Paris (1930), un système constructif radicalement opposé, tous les éléments porteurs étant moulés en usine, puis assemblés sur le chantier.

Édifice monolithique, « Sainte-Chapelle du béton armé », synthèse des styles gothique et classique, l'église du Raincy fut immédiatement prise pour modèle : Charles Duval et Emmanuel Gonse à Moreuil et à Roye (Somme), Marc Brillaud de Laujardière et Raymond Puthomme à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), Pierre Pouradier-Duteil au séminaire de Voreppe (Isère), enfin Dimitrou Rotter (Saint-Jean-Bosco) et Léon Azéma (Saint-Antoine-de-Padoue) à Paris s'en sont largement inspirés. Toutefois les emprunts sont le plus souvent formels : on y retrouve en effet davantage le dessin du clocher ou l'utilisation des claustras que la structure de l'église du Raincy, pourtant l'élément le plus novateur. Albert et Jacques Guilbert, à Versailles ou encore à Domfront (Orne), conçoivent pour leur part, entre 1923 et 1926, deux églises qui, tout en trahissant un évident intérêt pour l'œuvre des frères Perret, expriment un tout autre choix typologique : le plan centré.

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

Classification

Pour citer cet article

Simon TEXIER. ARCHITECTURE RELIGIEUSE AU XXe SIÈCLE, France [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sacré-Cœur de Montmartre, Paris, les coupoles - crédits : Doug Armand/ Getty Images

Sacré-Cœur de Montmartre, Paris, les coupoles

Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp : représentation schématique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp : représentation schématique

Autres références

  • ART SACRÉ

    • Écrit par Françoise PERROT
    • 5 359 mots
    ...populations une évangélisation dans la tradition du catholicisme social, une situation à laquelle avait répondu l'organisation de nouvelles paroisses. La loi de séparation de 1905 mettait en quelque sorte l'Église face à elle-même : elle devait assurer son œuvre édificatrice sans l'intermédiaire des services...
  • ART SACRÉ L', revue

    • Écrit par Françoise CAUSSÉ
    • 2 012 mots
    ...beauté. Foisonnante, elle fut traversée par les grands débats de la scène artistique (figuration/abstraction ; socialité de l'art ; options de restauration). Mais on l'associa surtout aux édifices dont elle avait appelé la construction de ses vœux et dont l'achèvement presque simultané (bénédictions d'Assy...
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