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ZIGGOURAT

Empreinte d'un sceau-cylindre représentant une ziggourat et un personnage - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Empreinte d'un sceau-cylindre représentant une ziggourat et un personnage

Monument caractéristique de la civilisation mésopotamienne, la ziggourat se présente sous la forme d'une tour à plusieurs étages, dont la finalité est religieuse (le terme est dérivé du verbe saqaru, « être haut »). On fixe généralement son apparition à l'époque de la IIIe dynastie d'Ur (env. ~ 2100/2000). Durant les IIe et Ier millénaires, chaque ville un peu importante de la Mésopotamie s'enorgueillissait d'en posséder au moins une. Mais, en dépit d'une documentation assez riche (une vingtaine de monuments), il faut insister sur les lacunes de notre connaissance. Notons d'abord une relative diversité des formules sans qu'il soit possible de discerner des règles générales de construction : les points communs qui unissent ces monuments sont leurs morphologie générale et les matériaux utilisés (briques crues pour le gros œuvre, nattes de roseaux en chaînage, briques cuites pour les coffrages extérieurs). Cependant, l'hétérogénéité des formules est évidente sur de nombreux autres points : base carrée ou rectangulaire, dimensions variant de 30 à 60 mètres pour chaque côté et de 40 à (peut-être) 100 mètres pour la hauteur, volume s'inscrivant dans une pyramide avec un nombre variable d'étages (de 4 à 7), revêtement de peinture ou de céramique à glaçure, présence d'emblèmes variés (cornes, etc.), l'accès aux étages se faisant par de majestueux escaliers à volée droite plaqués contre la façade ou installés perpendiculairement à elle, soit extérieurement et formant alors des excroissances (Ur), soit au sein même de la maçonnerie (Tchoga Zanbil). L'exceptionnelle conservation de la ziggourat de Tchoga Zanbil permet de se faire une idée assez précise de l'allure générale des ziggourats, mais les caractéristiques propres de ce monument empêchent de généraliser sans nuance les conclusions qu'on peut en tirer : en effet, alors que le procédé de construction habituel paraît être tout simplement la superposition de pyramides tronquées que l'on accumulait par plans successifs et en dégradé, on trouve à Tchoga Zanbil des étages emboîtés les uns dans les autres dans le plan vertical, en sorte que chacun reposait sur le sol. Cette technique, dont l'origine est inconnue et dont on ne voit pas très bien la raison, reste pour le moment une particularité élamite. Il faut aussi se rappeler qu'aucune ziggourat n'a été retrouvée entière et donc que les parties supérieures du monument sont hypothétiques : nous n'avons aucune certitude en ce qui concerne le couronnement de ces édifices et en ce domaine l'iconographie n'est pas venue relayer les lacunes de la documentation architecturale. Toutefois, la documentation épigraphique permet de penser qu'un édifice a surmonté la ziggourat et lui a donné sa raison d'être. La plus célèbre, mais aussi la plus ruinée des ziggourats, celle de Babylone qui a inspiré le mythe biblique de la tour de Babel, a fait l'objet d'un réexamen par l'architecte J. Vicari qui, en proposant une nouvelle interprétation des textes mésopotamiens et grecs qui la décrivent, lui a donné une proportion d'ensemble beaucoup plus vraisemblable que celle qui a été admise jusqu'à maintenant à partir des restitutions envisagées par les fouilleurs allemands. Quant à la ziggourat associée au palais de Dur Sharrukin (Khorsabad), il faut oublier la restitution qui en a été donnée au milieu du xixe siècle par les premiers fouilleurs (avec un escalier hélicoïdal) pour revenir à une explication plus classique du monument. L'apparition vers ~ 2100/2000 des premières grandes ziggourats représente-t-elle une pure invention ? Il est difficile de répondre à cette question parce que, pour l'époque des Dynasties archaïques (première moitié du IIIe millénaire)[...]

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Pour citer cet article

Jean-Claude MARGUERON. ZIGGOURAT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Empreinte d'un sceau-cylindre représentant une ziggourat et un personnage - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Empreinte d'un sceau-cylindre représentant une ziggourat et un personnage

Ziggourat d'Ur - crédits :  Bridgeman Images

Ziggourat d'Ur

Ziggourat de Tchoga Zanbil, Iran - crédits :  Bridgeman Images

Ziggourat de Tchoga Zanbil, Iran

Autres références

  • ZIGGOURAT D'UR

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 205 mots
    • 1 média

    C'est sous le roi Ur-Nammu d'Ur que sont érigées en Mésopotamie méridionale les premières ziggourats. Depuis longtemps les Mésopotamiens construisaient des terrasses sur lesquelles ils élevaient un temple, mais celles-ci étaient simples et ne servaient, semble-t-il, qu'à exhausser le...

  • ZIGGOURATS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 310 mots

    Ve millénaire avant J.-C. Les premiers temples sur terrasse apparaissent avec les niveaux XI-VI d'Eridu ; il se pourrait que l'élévation n'ait été due en un premier temps qu'à la présence de décombres qui étaient systématiquement nivelés lors de chaque reconstruction car on ne pouvait pas les...

  • ASSYRO-BABYLONIENNE RELIGION

    • Écrit par René LARGEMENT
    • 4 270 mots
    • 5 médias
    ...cité ; outre les nombreux bâtiments administratifs, souvent aussi vastes que ceux du palais, ils comportent trois éléments culturels proprement dits : la ziqqurrat, les temples, l'esplanade. La tour à étages, que les Mésopotamiens désignaient par le substantif siqqurratu, dérivé de la racine ...
  • MÉSOPOTAMIE - La religion

    • Écrit par Jean BOTTERO, Jean-Jacques GLASSNER
    • 6 456 mots
    ...entourée de salles sans nombre, de chapelles, de vestibules, de communs et de cours cérémonielles. Dans l'une de celles-ci s'élevait une tour à étages (ziqqurrat : « pointue », en akkadien), couronnée d'un petit sanctuaire et semblant relier le ciel et la terre. Tout un mobilier précieux garnissait ce...
  • MÉSOPOTAMIE - L'archéologie

    • Écrit par Jean-Louis HUOT
    • 5 149 mots
    • 19 médias
    ...dernier éclat d'une vieille civilisation qui nous a livré, pour cette période, une grande abondance de textes de tout ordre. La plupart des grands sanctuaires furent rebâtis à ce moment, et le roi Ur-Nammu construisit les premièresziggourats, ou tours à étage, dont la destination demeure obscure.
  • ORIGINES DE L'URBANISME AU PROCHE-ORIENT

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 7 304 mots
    • 15 médias
    ...c'est qu'il contient le sanctuaire du dieu du pays qui est habituellement perçu comme le véritable souverain de la cité. Haute terrasse cultuelle, puis ziggourat à partir de l'extrême fin du IIIe millénaire occupent, avec leur(s) sanctuaire(s) et ceux des dieux associés ou reconnus, un quartier...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi