VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE
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Géomorphologie du volcanisme
Le volcanisme s'exprime dans le relief du globe par une famille de formes originales. Leur diversité résulte, en premier lieu, de celle des structures géologiques créées par des éruptions aux modalités variées. Elle tient aussi à l'importance des destructions causées par l'érosion, qui dépend à la fois de la vulnérabilité des roches offertes à son action et de l'ancienneté des constructions volcaniques. C'est en fonction de ces deux critères qu'on peut établir une typologie des reliefs volcaniques.
Les édifices volcaniques jeunes
Construits au cours du Quaternaire et parfois toujours actifs, ces édifices volcaniques jeunes sont peu entamés encore par l'érosion. Leur morphologie reste définie, pour l'essentiel, par les modalités des éruptions.
Le cône de scories représente le type le plus conforme au volcan popularisé par l'image. Il s'agit d'un édifice aux dimensions limitées (quelques hectomètres de diamètre), aux pentes raides (de 30 à 350), couronné par un cratère. Il est principalement constitué par des pyroclastites (bombes, lapilli) accumulées autour du point d'émission, lors d'éruptions faites d'explosions accompagnées de rares coulées de laves assez basiques, comme au Stromboli. Les puys de l'Auvergne (fig. 10) sont aussi des exemples de tels cônes, avec des cratères réguliers (puy de Pariou), parfois égueulés par les coulées (puys de Louchadière, de Lassolas, de la Vache), parfois emboîtés (puy de Côme). Dans certaines régions, l'activité de multiples bouches éruptives crée des essaims de cratères qui se recoupent ou s'emboîtent dans un matelas de cendres, donnant un aspect lunaire au paysage (Champs Phlégréens des environs de Naples). Malgré la vulnérabilité du matériau qui constitue les cônes de scories, l'érosion ne se manifeste guère que par une dissection limitée due à des ravins radiaux (barrancos) et par un émoussé des bords des cratères qui peut les rendre indiscernables.
Volcans de type strombolien : les puys de Louchadière et de Jumes (Auvergne) ; d'après M. Archambault, R. Lhénaff, J. R. Vanney.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Plusieurs volcans de l'Afar, constitués d'hyaloclastites basaltiques, ont une forme tronconique identique à celle des guyots qui parsèment le fond des océans. Il est raisonnable de penser qu'ils ont été engendrés sous une certaine pression d'eau et n'ont émergé que récemment.
Le volcan bouclier correspond à un empilement de laves basaltiques fluides émises par des fissures ou des cratères, sans explosions ni projections très importantes. Il s'agit alors d'un édifice de diamètre pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilomètres, en forme de galette à faibles pentes (de 5 à 60), crevé par un vaste cratère-caldera d'où déborde, lorsqu'elle ne s'y maintient pas sous la forme d'un lac, la lave en fusion, tels le Mauna Loa et le Kilauea de l'île d'Hawaii. En raison de leur nature et de leur forme aplatie, les constructions jeunes restent peu entamées par l'érosion, qui ne se manifeste guère, à l'occasion, que par des canyons ou des amphithéâtres torrentiels (îles Kaouaï).
Coulées de lave sur le Kilauea
Coulées de lave sur les flancs du volcan Kilauea, à Hawaii, États-Unis.
Crédits : G. Brad Lewis/ Stone/ Getty Images
Cette coulée de lave, à Hawaii, est alimentée par un magma riche en silice. En effet, plus un magma est riche en silice, moins il est visqueux. Il remonte rapidement, n'a pas le temps de se solidifier et peut s'écouler en surface.
Crédits : Jacques-Marie Bardintzeff
Le cumulo-volcan résulte, au contraire, de la consolidation de laves acides ou « intermédiaires » visqueuses (trachytes, rhyolites, phonolites) au-dessus de la cheminée volcanique, au cours d'éruptions parfois accompagnées de nuées ardentes destructrices. Ces extrusions présentent la forme de dômes (puy de Dôme) ou de pitons débités en prismes par des diaclases de refroidissement (montagne Pelée, « sucs » du Velay, aiguilles de l'Atakor dans le Hoggar ; fig. 11).
Volcan de type péléen démantelé
Volcan de type péléen démantelé : l'Imadouzène (Atakor, Hoggar), d'après P. Rognon.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Le strato-volcan doit son nom à une structure caractérisée par une alternance de coulées de laves (basalte, andésite) avec des couches de projections traversées par des filons et des cheminées surmontées par des cônes de scories. Déjà plus complexe que les types précédents, même quand il s'agit d'un édifice jeune, la forme résultante a l'aspect d'un cône massif, caparaçonné par les coulées terminales et plus ou moins hérissé de petits cônes de scories (par exemple, le Vésuve).
Les coulées de lave créent aussi des formes structurales primitives originales. Leurs caractéristiques géomorphologiques dépendent à la fois de la nature du magma, de sa température, des gaz sous pression qu'il contient et de la topographie qu'il recouvre.
Des laves visqueuses, en raison de leur acidité (trachytes, rhyolites) et parfois de leur température relativement peu élevée, engendrent des coulées courtes et épaisses, au profil transversal bombé. Des laves très fluides, généralement basal [...]
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Écrit par :
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Jean-François LÉNAT : professeur à l'université de Clermont-II, directeur du centre de recherches volcanologiques, Clermont-Ferrand
- Haroun TAZIEFF : commissaire à l'étude et à la prévention des risques naturels majeurs
- Jacques VARET : directeur de la prospective au Bureau de recherches géologiques et minières
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Voir aussi
Pour citer l’article
Roger COQUE, Jean-François LÉNAT, Haroun TAZIEFF, Jacques VARET, « VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/volcanisme-et-volcanologie/