VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE
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Répartition géographique et typologie du volcanisme
La répartition géographique du volcanisme actuel (fig. 7) s'explique désormais clairement en fonction des plaques tectoniques : il marque les limites de ces dernières. Un volcanisme essentiellement basaltique caractérise les dorsales par lesquelles s'engendrent les fonds océaniques nouveaux, cependant qu'un volcanisme à dominante andésitique caractérise les arcs, insulaires ou de bordure continentale, qui tracent la limite entre plaques qui s'affrontent.
Principaux volcans actifs du globe
La plupart des volcans subaériens quaternaires sont situés autour de l'océan Pacifique, constituant la « ceinture de feu ». Ils se répartissent entre les arcs tectoniques, en majorité insulaires, du Pacifique occidental (Mélanésie, Mariannes, zone Fuji-Bonin, Philippines, îles Riou-Kyu,...
Crédits : Encyclopædia Universalis France
On a vu qu'il existe un volcanisme en dehors des bordures de plaques lithosphériques – tels, pour le volcanisme intracontinental, le Tibesti, la chaîne Principe-Cameroun, les volcans mandchous, voire le Massif central français, et, pour l'océan, les îles Hawaii et autres archipels volcaniques similaires – qui peuvent s'expliquer dans le cadre de la tectonique globale par diverses hypothèses (rifts continentaux avec remontée du manteau supérieur qui auraient avorté avant que la séparation des plaques ne soit effective, fractures transverses en ouverture dans les zones océaniques, panaches, etc.). Les produits magmatiques formés diffèrent selon le milieu, magmas océaniques primordiaux ou magmas « contaminés » par la croûte sialique ; dans tous les cas ce volcanisme montre des évidences d'une différenciation liée à des chambres magmatiques.
Cette classification en deux types principaux, avec les exceptions que l'on vient de mentionner, est rationnelle non seulement parce qu'elle se fonde sur l'origine tectonique du volcanisme, mais aussi parce qu'elle rend compte de la nature des magmas impliqués. Or cette nature conditionne fortement celle des éruptions, essentiellement effusive quand il s'agit des basaltes et des laves sous-saturées, dont la relative fluidité n'entrave pas trop les gaz éruptifs, essentiellement explosive dans le cas des andésites et des laves sursaturées, dont la viscosité est forte et la teneur en gaz probablement plus élevée que celle des magmas primaires.
Il convient en tous cas d'abandonner la vieille classification qui distinguait des « types éruptifs » (et des « types de volcans ») : hawaiien, strombolien, vulcanien, plinien, péléen, katmaien, etc. Cette classification date d'une époque où les volcanologues, faute de moyens de transport, ne pouvaient avoir de bien grande expérience en la matière et, par conséquent, ne pouvaient valablement comparer les diverses modalités éruptives. Elle est fondée sur des observations insuffisantes, n'est guère rationnelle et offre le grave inconvénient de reposer sur des caractéristiques qui ne sont ni limitatives, ni rigoureuses, ni impératives. Ainsi, le lac de lave, prétendument caractéristique de l'activité hawaiienne, non seulement n'est pas toujours présent en celle-ci, mais peut se voir lors d'activités d'un autre type, ainsi dans le Stromboli lui-même, archétype de l'activité dite strombolienne. En revanche, des explosions « stromboliennes » s'observent tout aussi bien sur les volcans dits hawaiiens dès que la surface libre de la colonne lavique se trouve cachée aux regards et que l'on n'aperçoit que la partie supérieure des trajectoires des projectiles incandescents (par exemple, Villarica, Yahue, Etna, Nyamlagira, etc.). Ces explosions dites stromboliennes s'observent d'ailleurs aussi au cours d'éruptions dites pliniennes (Vésuve, par exemple), voire péléennes (Tinakula). De même encore le type dit péléen a-t-il été caractérisé par les nuées ardentes et par l'extrusion d'un dôme ou d'une aiguille ; or la plupart des éruptions à nuées ardentes se font sans extrusion conjointe : il en est ainsi de celles de l'Arenal (1968-1969), du Mayon (1968 et 1984), du mont Saint Helens (1980), du Pinatubo (1991) ; des dômes, en revanche, poussent parfois sans aucune libération de nuées ardentes, comme au Shōwa Shinzan (1943-1945) ou à la Soufrière de Saint-Vincent (1971).
Principaux types de volcans selon la classification traditionnelle. Eruptions volcaniques.Un volcan se forme à la suite de la solidification en forme de cône du magma qui a atteint la surface terrestre.On distingue traditionnellement quatre types de volcan, même s'il existe d'autres...
Crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.
Volcan dans la région de Villarica, Chili
Un volcan en activité dans la région de Villarrica (Araucanie). Au loin, les Andes sont argentines.
Crédits : Nicholas DeVore/ Stone/ Getty Images
Il semble possible de remplacer cette pseudo-classification par une succession de distinctions dichotomiques portant chacune sur une seule caractéristique essentielle, ainsi qu'on l'a fait plus haut à propos des relations entre le volcanisme et la tectonique. De même que l'on a différencié, génétiquement parlant, deux types principaux de volcanismes, celui de rift, fondamental, et celui d'arc, secondaire, de même peut-on distinguer volcanisme basique et volcanisme acide, volcanisme océanique et volcanisme continental, v [...]
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Écrit par :
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Jean-François LÉNAT : professeur à l'université de Clermont-II, directeur du centre de recherches volcanologiques, Clermont-Ferrand
- Haroun TAZIEFF : commissaire à l'étude et à la prévention des risques naturels majeurs
- Jacques VARET : directeur de la prospective au Bureau de recherches géologiques et minières
Classification
Autres références
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Voir aussi
Pour citer l’article
Roger COQUE, Jean-François LÉNAT, Haroun TAZIEFF, Jacques VARET, « VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/volcanisme-et-volcanologie/