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JANKÉLÉVITCH VLADIMIR (1903-1985)

Vladimir Jankélévitch - crédits : Louis Monier/ Bridgeman Images

Vladimir Jankélévitch

Relativement méconnu par rapport à ses contemporains (Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Albert Camus ou encore Emmanuel Lévinas), Vladimir Jankélévitch est l’auteur d’une œuvre monumentale qui traverse le xxe siècle et qui embrasse tous les champs classiques de la philosophie : la morale, la métaphysique et l’esthétique, avec une place particulière pour la musique. Son œuvre est invariablement orientée vers l’action, c’est-à-dire vers les questions philosophiques relatives à la manière dont l’homme doit agir pour faire le bien. Cette préoccupation morale s’est traduite également en prises de parole publiques et en actions concrètes à propos de la mémoire de la Résistance et de l’oubli des crimes nazis. La vie de Jankélévitch est polarisée par la Seconde Guerre mondiale. Son engagement concret, toujours adossé à une philosophie de l’amour, de la générosité et fondé sur un refus intransigeant de l’oubli du passé, le range parmi les penseurs qui accordent les actes aux discours.

Avec Bergson

Vladimir Jankélévitch naît le 31 août 1903 à Bourges, de parents juifs russes, tous deux médecins. Nous devons à son père, Samuel Jankélévitch, outre les premières traductions de Freud en français, celles de deux grands philosophes allemands (Hegel et Schelling) et de quelques penseurs russes. La famille s’installe à Paris après les études primaires du jeune Vladimir qui poursuivra sa formation au lycée Montaigne puis au lycée Louis-le-Grand. Il est admis à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1922, en philosophie. Là, il étudie notamment avec deux professeurs emblématiques de cette période, Émile Bréhier et Léon Brunschvicg. En 1926, il est reçu premier à l’agrégation de philosophie. Commence une intense période de publications remarquées. En 1923, Jankélévitch fait la rencontre déterminante d’Henri Bergson qu’il fréquentera et avec lequel il entretiendra une correspondance. De Bergson, il retient une certaine conception du temps. Nous avons une tendance quasiment instinctive à le saisir comme un espace que nous pouvons occuper ou pratiquer. Cette attitude, qui n’est pas condamnable car elle est vitale, manque toutefois sa vraie nature. En effet, pour Jankélévitch comme pour Bergson, le temps doit nous apparaître comme une force qui permet le devenir, le changement, la création, qui anime ou vivifie la matière et l’espace. Cet héritage, jamais récusé, se manifeste dès 1931 dans une monographie intitulée Henri Bergson.

De 1927 à 1933, le jeune philosophe obtient un poste de professeur à l’Institut français de Prague. Il y prépare ses deux thèses de doctorat : sa thèse principale « L’odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling », et sa thèse complémentaire « La signification spirituelle de la mauvaise conscience ». De retour en France, il enseigne en khâgne au lycée du Parc à Lyon, avant d’être nommé maître de conférence à la faculté de lettres de Besançon, puis à celles de Toulouse et de Lille. Il publie alors des livres de philosophie (L’Ironie, 1936 ; L’Alternative, 1938) et des livres sur la musique, notamment Gabriel Fauré et ses mélodies (1938). En 1939, il s’installe dans l’appartement de sa vie, quai aux Fleurs à Paris.

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Pierre-Alban GUTKIN-GUINFOLLEAU. JANKÉLÉVITCH VLADIMIR (1903-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Vladimir Jankélévitch - crédits : Louis Monier/ Bridgeman Images

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