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VAUBAN SÉBASTIEN LE PRESTRE DE (1633-1707)

Vauban, urbaniste militaire

Pendant les guerres de la ligue d'Augsbourg et de la succession d'Espagne, Vauban se consacre aussi à la défense des côtes et met au point un type de petit fort semi-circulaire adapté aux tirs rasants sur l'eau. L'un des exemples les mieux conservés en est la tour Vauban à Camaret (Finistère). Vauban accorde aussi beaucoup d'attention au front terrestre des fortifications maritimes comme à Blaye (Gironde). Il préconise encore l'installation de phares constitués d'une tour principale et d'une tourelle d'escalier, comme celui du Stiff à la pointe ouest de l'île d'Ouessant (Finistère). Il encourage le développement de certains ports de guerre : il construit entièrement Dunkerque qu'il relie par un canal à la haute mer pour le garantir de l'ensablement. En montagne, notamment à Briançon, la nature fortement accidentée du terrain l'oblige à renoncer aux dispositions habituelles de la fortification bastionnée pour reprendre celles de la fortification médiévale afin d'échelonner ses enceintes. En plaine, Vauban utilise souvent l'eau pour améliorer le système défensif d'une place : il y fait réaliser des écluses dans le but d'inonder artificiellement celle-ci et d'arrêter la progression de l'ennemi. L'adjonction d'une citadelle érigée à distance de la ville (Arras : 1668 ; Besançon : 1674-1687 ; Strasbourg : 1681) a entraîné la construction en damier de nouveaux quartiers séparés de la citadelle par une zone interdite à la construction, appelée esplanade.

Ainsi, dans les neuf places qu'il crée de toutes pièces pour protéger les frontières (Huningue, Longwy, Phalsbourg : 1679 ; Sarrelouis : 1680 ; Montlouis : 1681 ; Fort-Louis-du-Rhin : 1687, détruite en 1794 ; Montroyal, rasée en 1702 ; Montdauphin : 1692 ; Neufbrisach : 1698), Vauban applique des principes urbanistiques simples et normalisés en matière de construction. Une enceinte le plus régulière possible : le tracé octogonal de Neufbrisach, en est l'application la mieux réussie. Une organisation urbanistique qui réponde aux exigences militaires : ce qui implique un plan en damier et une distribution fonctionnelle des bâtiments publics et des habitations groupés autour d'une place centrale carrée destinée aux manœuvres et aux parades. Les lieux du commandement militaire se combinent harmonieusement avec les lieux voués aux activités civiles (hôtel de ville, halles) et religieuses (église). Les casernes, dont les pavillons situés aux extrémités sont réservés aux officiers, et les magasins à poudre sont construits sur les remparts. La superficie de ces places est délimitée par une enceinte, dont l'extension n'est pas prévue. La construction des bâtiments militaires, qu'il s'agisse des arsenaux ou surtout des casernes, suit des normes strictes, où seuls les matériaux employés changent suivant les régions. Il en est de même pour les constructions civiles. Seules les portes de ville échappent à cette rigueur constructive car Vauban tient à leur conserver un décor sculpté à la gloire du roi.

Comme beaucoup d'hommes de son temps, Vauban a eu l'habitude de consigner ses actions et ses projets par écrit : Le Traité de l'attaque des places et Le Traité de défense des places, publiés l'un et l'autre en 1706, sont passés rapidement à la postérité. En complément à cette œuvre sur le terrain, Vauban poursuit l'initiative de Louvois et fait exécuter les plans en relief des places qu'il construit ou restructure. Ces maquettes, réalisées à l'échelle d'un pied pour cent toises correspondant dans le système métrique au 600e, reproduisent avec soin une place et les travaux prévus. Elles sont ensuite fabriquées sur place par les ingénieurs militaires chargés des travaux[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle en histoire de l'art, documentaliste chargée du vitrail à la sous-direction des Monuments historiques, conservateur adjoint du musée des Plans-reliefs

Classification

Pour citer cet article

Catherine BRISAC. VAUBAN SÉBASTIEN LE PRESTRE DE (1633-1707) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Vauban - crédits : Leemage/ Corbis/ Getty Images

Vauban

Autres références

  • ANCIEN RÉGIME

    • Écrit par Jean MEYER
    • 19 103 mots
    • 3 médias
    ...population. Sur quel chiffre antérieur ? On ne sait... Entre ces deux dates, une seule estimation réellement « sérieuse » : celle de 1694-1700, effectuée par Vauban, qui a pu réunir tous les rôles de la première capitation. Elle donne 18 millions d'habitants à la fin du xviie siècle. Voire ! Quelle...
  • ARTILLERIE ET ARMES À FEU PORTATIVES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Patrice BRET
    • 764 mots

    xive siècle Développement de l'artillerie à poudre à partir de 1313, plus de deux siècles et demi après l'apparition de la poudre noire en Chine : la légende en attribue la conception au moine allemand Berthold Schwartz.

    1326 Le mot canone apparaît sur un manuscrit florentin et...

  • ESCARPE & CONTRESCARPE

    • Écrit par Jean DELMAS
    • 530 mots

    Termes de fortification. L'escarpe est le talus ou le mur qui borde le fossé du côté de la place et qui fait face à l'ennemi. La contrescarpe est opposée à l'escarpe : c'est donc le talus du fossé qui se trouve du côté de la campagne ou de l'ennemi et qui supporte le glacis (elle se raccordait souvent...

  • FORTIFICATIONS

    • Écrit par Jean DELMAS
    • 5 540 mots
    • 9 médias
    ...Speckle (1538-1589), qui travaille à Haguenau, Ulm, Bâle. Le premier traité de fortification rédigé en français ne date que de 1594 (Jean Erard). C'est au xviie siècle que s'affirme l'école française avec le chevalier de Ville, le comte de Pagan, puis le maréchal deVauban (1633-1707).
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Voir aussi