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INTERTEXTUALITÉ THÉORIE DE L'

Années 1970 : les premières approches

Théorie d'ensemble et Sèméiôtiké avaient largement contribué à faire sortir la notion d'intertextualité du cercle de Tel Quel, mais c'est sous l'influence dominante de Roland Barthes qu'elle va bientôt se trouver projetée au premier rang de la scène critique. Le mot garde encore quelques années son parfum de rébellion, l'Université (sauf les toutes jeunes universités de Vincennes et de Paris-VII-Jussieu) préfère ignorer l'idée, mais petit à petit la notion se dissémine. Dès 1972, le terme d'« inter-textualité » fait son entrée discrète dans le domaine lexicographique. En Appendice du Dictionnaire encylopédique des sciences du langage (O. Ducrot et T. Todorov, Seuil), François Wahl parle de ce « réseau de connexions multiples à hiérarchie variable » par lequel le texte substitue son ordre aux règles prédéterminantes de la langue. En 1974, Julia Kristeva publie La Révolution du langage poétique [...] Lautréamont et Mallarmé (Seuil) où « l'avant-garde de la fin du xixe siècle » (surtout Lautréamont) sert de « banc d'essai » à l'analyse intertextologique de la structure poétique. L'année suivante, la notion paraît suffisamment bien implantée pour que Roland Barthes l'officialise dans l'article « Texte (théorie du) » de l'Encyclopædia Universalis, un article de synthèse encyclopédique. À partir de cette date, l'intertextualité devient une notion admise, mais sous réserve d'inventaire. L'année 1976 apporte sa foison de nouvelles contributions : la revue Poétique (no 27, Seuil) consacre un numéro spécial « L'Intertextualité » à cette notion, avec notamment la contribution de L. Jenny (« La Stratégie de la forme ») et celle de A. Topia (« Contrepoints joyciens ») ; Dominique Maigneneau, de son côté, propose dans Initiation aux méthodes de l'analyse du discours (Hachette, Paris, 1976) une certaine simplification de la notion qui, sous l'effet de la vulgarisation pédagogique, va se trouver infléchie dans le sens d'une dominante relationnelle, aux dépens de la composante transformationnelle. Définie comme « ensemble de relations avec d'autres textes se manifestant à l'intérieur d'un texte », l'intertextualité devient un concept plus maniable, et plus rassurant aussi, puisque son champ d'application ne paraît plus si éloigné du domaine traditionnel de la critique des « sources », et qu'on peut de proche en proche y adjoindre les secteurs tout aussi classiques de l'étude du pastiche, de la parodie, et – pourquoi pas ? – plusieurs des grandes problématiques de la littérature comparée. Mais un tel élargissement, tout en contribuant beaucoup à généraliser l'usage de ce concept, ne sera pas étranger à un certain flou théorique où l'intertextualité finira par perdre, pour un temps, l'essentiel de sa spécificité notionnelle. Cette malencontreuse évolution – dont les effets se font encore sentir aujourd'hui – fut sans aucun doute aggravée dès les années 1975-1976 par quelques hésitations terminologiques, notamment autour de la notion annexe d'intertexte . Laurent Jenny désignait par là « le texte absorbant une multiplicité de textes tout en restant centré sur un sens » ; mais Michel Arrivé avait proposé de son côté une définition relationnelle encore plus large : « l'ensemble des textes qui se trouvent dans un rapport d'intertextualité ». Michaël Riffaterre ne veut y voir que le texte auquel il est fait référence, et Pierre Malandain, en cherchant à clarifier le lexique, critique cette dimension « objectale » de la notion et suggère : « On peut voir dans l'intertexte plutôt l'espace fictif dans lequel se produisent les échanges dont est faite l'intertextualité. » En[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de l'Université, docteur en sémiologie, chargé de recherche au CNRS, directeur adjoint de l'Institut des textes et manuscrits modernes

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