Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SPIRITUALISME

Les faiblesses du spiritualisme philosophique

S'efforçant d'occuper une position médiane entre le matérialisme et l'idéalisme, mais, à ses yeux, supérieure à ces deux pôles extrêmes de la pensée, le spiritualisme n'échappe pas lui-même à de sérieuses objections. L'explication systématique de l'inférieur par le supérieur peut n'être pas moins appauvrissante que la démarche inverse : dans le domaine psychologique, on répugnera à assigner au comportement des mobiles « inavouables » et à accepter dans leur intégralité les enseignements de la psychanalyse ; dans le domaine social, on insistera sur le devoir-être plus que sur les faits, on tendra à minimiser les tensions et les conflits ; on pratiquera, en définitive, une philosophie entretenant avec l'évolution scientifique des relations fort ambiguës et toujours tentée de se replier sur l'intériorité, fût-elle celle de l'intersubjectivité de l'amour.

Enfin, et ce ne semble pas être son moindre défaut, le spiritualisme a une vision trop rapide de l'histoire et de l'historicité : on l'a vu à propos des Deux Sources de Bergson où prévaut le schéma simpliste de la « double frénésie » ; mais il apparaît que même le « spiritualisme herméneutique » le plus actuel et éventuellement le plus engagé ne parvient guère à opérer la jonction philosophique entre l'histoire (mythique) de la chute et du salut et l'histoire (réelle) de l'humanité en mutation.

Continuant le plus souvent de recevoir de la foi ses réponses, la pensée spiritualiste a-t-elle encore assez de vigueur interne non seulement pour survivre, mais pour faire coïncider ses aspirations les plus nobles avec les exigences du temps et le sens du destin de l'être ?

— Dominique JANICAUD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Dominique JANICAUD. SPIRITUALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOUTANG PIERRE (1916-1998)

    • Écrit par Jean-François DUVERNOY
    • 710 mots

    Né à Saint-Étienne le 20 septembre 1916, Pierre Boutang avait quarante-huit ans de moins que le maître qu'il s'était choisi dès son adolescence : Charles Maurras. En politique, domaine dans lequel l'adhésion implique une appartenance, c'est beaucoup ; d'autant plus que celle-ci n'était...

  • OCCULTISME

    • Écrit par René ALLEAU
    • 1 322 mots
    ...enfin, de Papus (Dr Gérard Encausse, 1865-1916), le plus fécond des auteurs « occultistes » et le plus efficace des propagandistes de cette école « néo- spiritualiste ». Ce groupe rassemblait en outre des peintres, des romanciers, des médecins, des pharmaciens, des chimistes, certains libraires-éditeurs,...
  • PARACELSE (1493-1541)

    • Écrit par Bernard GORCEIX
    • 2 318 mots
    • 1 média
    Il convient de distinguer nettement entre la lumière de la nature et celle de la grâce. Paracelse, en théologie, est l'apôtre d'un spiritualisme parfois virulent qui n'atteint jamais cependant le radicalisme de l'aile gauche de la Réforme. Plus originales sont ses conceptions christologiques...
  • PORPHYRE (234 env.-310)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 2 157 mots
    ...philosophie qui correspond aux étapes d'un progrès spirituel : éthique, physique, théologie (ou métaphysique). Mais, surtout, si l'on entend par spiritualisme une philosophie centrée sur la réalité substantielle et les caractéristiques propres de l'esprit, on pourra dire que Porphyre a donné au...

Voir aussi