MAURRAS CHARLES (1868-1952)

Arrivant à Paris, après de brillantes études au collège religieux d'Aix, le jeune Charles Maurras, d'une famille de petite bourgeoisie provençale, débute obscurément dans le journalisme. Quatre ans plus tard, dans la royaliste Gazette de France, il fera vraiment ses premières armes ; mais de dix-huit à vingt-deux ans, ce qui le préoccupe surtout c'est la foi religieuse perdue et la fascination de la Grèce antique ; c'est, avant la lettre, son Pascal puni et son Voyage d'Athènes (1898). Esthète, il fréquente bientôt les milieux intellectuels de la capitale, et se mêlent à ses propres réflexions les influences du dilettantisme de Renan, du pessimisme de Schopenhauer, du déterminisme de Taine. Mais d'autres maîtres vont agir sur lui : ce sont, après Anatole France qui endurcit son paganisme, Barrès qui le sensibilise au sens de la patrie, et Mistral qui stimule son amour du terroir et dont le jeune Maurras ne peut oublier l'action politique, tant à propos du régionalisme qu'à propos du choix monarchie-république à la suite de la chute du second Empire. Le positivisme de Comte permet enfin à l'agnostique de définir un ordre moral et politique en dehors de toutes références religieuses. Enfin Maistre et Bonald apportent des arguments à son traditionalisme, cependant que Le Play et La Tour du Pin précisent ses idées sociales et familiales.

Charles Maurras

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Charles Maurras est le principal fondateur du quotidien royaliste L'Action française. Son «…

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Charles Maurras (1868-1952) est le principal fondateur du quotidien royaliste «L'Action française».…

L'année 1895 est décisive pour Maurras. C'est celle de son voyage en Grèce d'où il rapportera Anthinéa, ouvrage que Maurras considérait comme fondamental pour l'expression de sa pensée politique, philosophique, esthétique et où il exprime ce que devrait être pour lui l'ordre du monde ; les premières éditions étant épuisées, Anthinéa fut réédité en 1919 après que l'auteur, pour éviter de compromettre le rapprochement de l'Action française et des catholiques, en eut retiré environ quatre pages, jugées violemment antireligieuses. Plus tard, il en tirera sa critique du romantisme, Barbarie et poésie (1925), Un débat sur le romantisme (1928) ; c'est aussi en 1895 que débute l'affaire Dreyfus qui aura pour Maurras des conséquences marquant l'essentiel de sa pensée politique ; à savoir que l'individu ne doit pas primer l'État, qu'il ne le peut qu'en démocratie et que, pour restaurer l'autorité de l'État, il faut à celui-ci la durée et l'unité de commandement, soit l'hérédité et la monarchie. C'est alors L'Enquête sur la monarchie (1901) qui définit un royalisme à la fois traditionnel et nouveau dans la ligne de la revue L'Action française, fondée par Pujo et Vaugeois en 1899 pour « l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée ».

Royalisme nouveau parce que Maurras, fidèle à sa pensée philosophique, ne croit pas au droit divin des rois. S'il prône la monarchie héréditaire, c'est que l'éducation lui semble primordiale dans la formation d'un roi comme dans celle d'un artisan ou d'un diplomate et quelle meilleure éducation que celle de la famille et du milieu ? Il s'agit en quelque sorte d'une famille de spécialistes, comme devrait l'être l'ensemble des familles françaises pour un « meilleur rendement humain ». Les théories monarchistes de Maurras trouvent une large part de leur fondement dans le scientisme, dans le positivisme de son maître à penser, Auguste Comte.

Désormais, la vie de Maurras est toute vouée à son activité de journaliste politique, surtout à partir de 1908, où, devenue un quotidien, L'Action française ne cessera de développer, et généralement sous la forme de violentes polémiques, la philosophie et la doctrine de son chef. Les principales étapes furent les suivantes : en politique extérieure,[...]

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    Pierre-Robert LECLERCQ, « MAURRAS CHARLES (1868-1952) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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    Charles Maurras

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    Charles Maurras est le principal fondateur du quotidien royaliste L'Action française. Son «…

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    Charles Maurras (1868-1952) est le principal fondateur du quotidien royaliste «L'Action française».…

    Autres références

    • ACTION FRANÇAISE

      • Écrit par Universalis, Jean TOUCHARD
      • 4 537 mots
      • 2 médias

      Au sens le plus étroit du terme, L'Action française est le titre d'un journal quotidien qui a paru en France de 1908 à 1944 et dont le principal animateur était Charles Maurras (1868-1952).

      Mais l'Action française désigne aussi un mouvement qui est né plusieurs années avant 1908 et...

    • BAINVILLE JACQUES (1879-1936)

      • Écrit par François LÉGER
      • 404 mots

      Journaliste et historien français. Après ses études secondaires, un voyage en Allemagne donne à Bainville l'occasion de découvrir la puissance de l'Empire allemand. Il se demande si la République française est suffisamment forte pour faire face à un si redoutable voisin. Peu après son retour,...

    • BOUTANG PIERRE (1916-1998)

      • Écrit par Jean-François DUVERNOY
      • 625 mots

      Né à Saint-Étienne le 20 septembre 1916, Pierre Boutang avait quarante-huit ans de moins que le maître qu'il s'était choisi dès son adolescence : Charles Maurras. En politique, domaine dans lequel l'adhésion implique une appartenance, c'est beaucoup ; d'autant plus que celle-ci...

    • DAUDET LÉON (1867-1942)

      • Écrit par Pierre-Robert LECLERCQ
      • 357 mots

      Après des études de médecine interrompues, qui lui inspirent Les Morticoles (1894), violente et savoureuse satire des milieux médicaux où apparaissent sa verve et sa causticité, Léon Daudet envisage une carrière littéraire que confirme bientôt Le Voyage de Shakespeare (1895), fresque...

    • EXTRÊME DROITE

      • Écrit par Jean-Yves CAMUS
      • 10 527 mots
      • 9 médias
      ...beaucoup plus attachée à l'institution monarchique qu'à la personne des Princes, qui la désavoueront. À leur époque, ni la ligue ni son maître à penser, Charles Maurras (1868-1952), ne furent classés à l'extrême droite. L'Action française représentait le « nationalisme intégral », autoritaire mais décentralisateur,...
    • Afficher les 9 références

    Voir aussi