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SONG DU NORD (960-1126) & SONG DU SUD (1127-1279), dynasties chinoises

On distingue les Song du Nord (960-1126), dont la capitale est à Kaifeng et qui contrôlent toute la Chine mis à part ses marches septentrionales (empires des Liao et des Xixia) et le Sud-Ouest (royaume de Dali) ; et les Song du Sud (1127-1279), qui depuis leur capitale Hangzhou ne règnent plus que sur la Chine au sud de la Huai et sur le Sichuan. Le fondateur des Song, Zhao Kuangyin (empereur Taizu, règne : 960-976) est un général des Zhou postérieurs poussé sur le trône par la garde impériale. Ses deux grandes réalisations sont la réunification de l'empire (achevée par son frère Taizong ; règne : 976-997, et le retour à un gouvernement centralisé dominé par le pouvoir civil : il obtient de tous les « gouverneurs militaires » (jiedushi) hérités des régimes précédents — ses anciens collègues — qu'ils abandonnent leurs prérogatives en échange d'une retraite dorée à la capitale. Le recrutement des bureaucrates par voie d'examens compétitifs et ouverts connaît sous les Song un développement sans précédent. Les forces armées, étroitement contrôlées par le centre, se composent de soldats professionnels. Déployées face à l'empire Kitan des Liao (au nord) et à l'État Tangut des Xixia (au nord-ouest), elles atteignent le million d'hommes au milieu du xie siècle. Le financement de la défense est d'une certaine manière le problème dominant sous les Song ; il est à l'origine d'une inventivité fiscale qui a peu d'exemples dans l'histoire de l'empire, mais qui crée aussi de sérieuses tensions dans la société. Si les relations avec les Kitan se stabilisent après le traité de Shanyuan (1004), qui oblige les Song à livrer un tribut annuel, la guerre avec les Xixia sous le règne de Renzong (1022-1063) laisse l'empire exsangue. Les réformes drastiques proposées par le ministre Wang Anshi et soutenues par l'empereur Shenzong (1067-1085) visent à sortir de la crise en rationalisant la fiscalité, en accroissant les ressources de l'État, en favorisant le développement des forces productives et en réorganisant l'armée de telle sorte qu'elle soit moins coûteuse et plus efficace. Si les « nouvelles lois » de Wang Anshi, qui suscitent l'opposition passionnée de nombreux milieux menacés dans leurs intérêts, sont officiellement abrogées après la mort de Shenzong, elles ont néanmoins résorbé le déficit des finances de l'État ; en fait les « novateurs » reviennent bientôt au pouvoir et mènent une politique se réclamant de Wang Anshi, jusqu'à ce que la chute de Kaifeng (1126) les discrédite définitivement dans l'opinion. C'est également de Wang Anshi que date le pouvoir quasi dictatorial dont jouissent les Premiers ministres jusqu'à la fin des Song.

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

Empire mongol, XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire mongol, XIIIe siècle

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm - crédits : Encyclopædia Universalis France

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm

Ces derniers sont chassés de Chine du Nord par une peuplade apparue en Mandchourie, les Jürchen, dont la dynastie Jin a préalablement balayé les Liao. Une capitale définitivement « provisoire » est établie à Hangzhou. Si l'irrédentisme anti-Jin domine d'abord, les difficultés et le coût de la guerre sont tels que le « parti de la paix » dirigé par le ministre Qin Kui s'impose bientôt. Un traité est conclu avec les Jin, mais cette paix chèrement acquise et considérée comme honteuse par la tradition sera maintes fois brisée : en fait la Chine des Song du Sud est en état de guerre plus ou moins permanent. L'extraordinaire développement d'une économie marchande branchée sur le commerce extérieur, l'opulence de la capitale, la vie intellectuelle et artistique brillante des métropoles du bas Yangzi peuvent masquer la crise économique qui s'aggrave dans l'empire : fiscalité écrasante, émissions désordonnées d'assignats, inflation, révoltes populaires. Cet empire politiquement et économiquement affaibli n'en résistera pas moins avec acharnement aux Mongols, qui ont anéanti l'empire des Jin[...]

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Pierre-Étienne WILL. SONG DU NORD (960-1126) & SONG DU SUD (1127-1279), dynasties chinoises [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

Empire mongol, XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire mongol, XIIIe siècle

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm - crédits : Encyclopædia Universalis France

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm

Autres références

  • DYNASTIE SONG

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 239 mots

    Après la chute des Tang en 907, l'Empire chinois connaît un demi-siècle de morcellement politique (période dite des Cinq Dynasties en Chine du Nord et des Dix Royaumes en Chine du Sud). Alors que, dans la plaine du fleuve Jaune, des dynasties affaiblies (Han postérieurs, de 947 à 951, et Zhou postérieurs,...

  • DYNASTIE SONG - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 265 mots

    960 Fondation de la dynastie des Song. La capitale est installée à Kaifeng.

    976 Mort du fondateur de la dynastie, Zhao Kuangyin, qui régna sous le nom de Taizu, et avènement de son jeune frère, Taizong, qui est en fait le véritable organisateur de l’Empire Song.

    979 Soumission du royaume des...

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    ...éphémères qui s'installe à Kaifeng en 960 réussira cependant à réunifier l'ensemble des pays chinois, à la suite de campagnes qui dureront de 963 à 979. Issu des Cinq Dynasties, le nouvel Empire des Song en gardera l'un des traits les plus caractéristiques : le pouvoir central y aura pour principal soutien,...
  • CHINOISE (CIVILISATION) - Bureaucratie, gouvernement, économie

    • Écrit par Pierre-Étienne WILL
    • 10 991 mots
    ...système administratif qui prévaut à la fin de l'empire, le fossé entre fonctionnaires responsables et personnel d'exécution est d'abord un héritage des Song. Soucieux de renforcer les privilèges et le prestige de la petite élite bénéficiant du statut de fonctionnaire en rendant plus étanche la frontière...
  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

    • Écrit par Corinne DEBAINE-FRANCFORT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Michel NURIDSANY, Madeleine PAUL-DAVID, Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS, Pierre RYCKMANS, Alain THOTE
    • 54 368 mots
    • 37 médias
    Sous les Song, la Chine, enserrée par les Barbares, se recueille sur ses richesses, approfondissant l'acquis d'un patrimoine déjà prestigieux. En ce qui concerne l'art architectural, cette époque développe et parachève les caractéristiques plus rudes et plus simples de l'architecture Tang....
  • CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature

    • Écrit par Paul DEMIÉVILLE, Jean-Pierre DIÉNY, Yves HERVOUET, François JULLIEN, Angel PINO, Isabelle RABUT
    • 47 507 mots
    • 3 médias
    Avec la dynastie des Song, on peut dire qu'à maints égards s'ouvrent en Chine les Temps modernes. Alors se dessinent les grandes lignes selon lesquelles va se dérouler, jusqu'à l'époque contemporaine, l'évolution sociale, culturelle, littéraire de la Chine. Le développement du commerce procure à des couches...
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