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SIGNORET SIMONE (1921-1985)

« Elle n'était pas de ces femmes qui n'ont pas un regard pour les hommes de chair. Les causes pour lesquelles elle prenait feu et flamme avaient toujours pour elle le visage des gens vivants... » C'est par ces phrases que Claude Roy saluait Simone Signoret, emportée par un cancer, le 30 septembre 1985. Le jour des funérailles de la comédienne au Père-Lachaise, une foule de plus de dix mille personnes était venue lui rendre hommage, rappelant le cortège qui avait suivi les obsèques de Jean-Paul Sartre au cimetière Montparnasse, cinq ans plus tôt.

Une carrière internationale

Simone Signoret – de son vrai nom Simone Henriette Kaminker – naît le 25 mars 1921 à Wiesbaden. Elle grandit à Neuilly, puis, à l'orée de la guerre se lance dans la figuration. En 1941, elle fait des apparitions dans Boléro et Le Prince charmant de Jean Boyer. On la voit encore dans Les Visiteurs du soir (1942) et Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné, Adieu Léonard de Pierre Prévert (1943), La Boîte aux rêves (1943) et Les Démons de l'aube (1946) d' Yves Allégret, son premier mari et le père de la comédienne Catherine Allégret. Macadam, où elle interprète le rôle d'une prostituée sous la direction de Marcel Blisthène, lui vaut en 1947 sa première récompense, le prix Suzanne Bianchetti ; suivent Dédée d'Anvers (1948) et Manèges d'Yves Allégret en 1950... Mais ce n'est qu'avec Casque d'or (1952), de Jacques Becker, que l'actrice s'impose définitivement, décolorée en blonde, altière et superbe, instinctive et sensuelle, au côté de Serge Reggiani. Reçu du bout des lèvres en France, le film sera applaudi à Londres qui récompensera Simone Signoret en lui décernant son premier Academy-Awards. Vingt-cinq ans plus tard, l'actrice reviendra sur cet épisode dans son autobiographie, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était : « Jacques [Becker] était très triste et ne comprenait pas. Il était amoureux de son film. Casque d'or, c'est un grand chant très simple à la gloire de l'amour et de l'amitié. On avait tous été en état de grâce pendant le tournage. On avait passé huit semaines à „s'amuser“, passionnellement, et les gens ne comprenaient pas notre film. »

<it>Les Diaboliques</it>, de Henri Georges Clouzot - crédits : Filmsonor S.A./ Collection privée

Les Diaboliques, de Henri Georges Clouzot

Si tous les films que tourne Simone Signoret ne se révèlent pas des chefs-d'œuvre, elle rencontre quelques-uns des plus grands réalisateurs : Max Ophüls (La Ronde, 1950), Marcel Carné à nouveau (Thérèse Raquin, 1953), Henri-Georges Clouzot (Les Diaboliques, 1955), Luis Buñuel (La Mort en ce jardin, 1956). En 1959, fait unique dans les annales du cinéma français, elle décroche, grâce aux Chemins de la haute ville (Room on the Top) de Jack Clayton, les trois récompenses suprêmes : le prix d'interprétation féminine à Cannes, l'oscar de la meilleure comédienne à Hollywood et l'Academy-Awards, que Londres lui décerne pour la troisième fois. Elle tourne à Hollywood Verdict de Peter Grenville (Term of Trial, 1961), La Nef des fous de Stanley Kramer (Ship of Fools, 1965), Le Diable à trois de Curtis Harrington (Games, 1967), La Mouette de Sydney Lumet (The Seagull, 1969), tout en poursuivant sa carrière en France avec des films comme Le Jour et l'heure de René Clément (1963), L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville (1969), Le Chat de Pierre Granier-Deferre (1971), Rude Journée pour la reine de René Allio (1973), Judith Therpauve de Patrice Chéreau (1978), L'Étoile du Nord (1982), là encore de Pierre Granier-Deferre et qui marqua sa dernière apparition au cinéma. N'oublions pas deux grandes séries télévisées réalisées par Marcel Bluwal : Thérèse Humbert et Music-Hall, sa dernière apparition à l'écran.

Voilà une cinquantaine de films qui s'étalent sur quarante ans. Ils dessinent une carrière que Simone Signoret domina avec une détermination[...]

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Écrit par

  • : journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à La Croix

Classification

Pour citer cet article

Didier MÉREUZE. SIGNORET SIMONE (1921-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLÉGRET YVES (1907-1987)

    • Écrit par André-Charles COHEN
    • 790 mots

    Dans l'immédiat après-guerre, les cinéastes abordent une réalité sociale dont ils avaient dû se détourner. En France, le « réalisme poétique » vire au noir et adopte les couleurs poisseuses de nouveaux décors : villes mélancoliques, ports brumeux où les destins se scellent définitivement. C'est dans...

  • CASQUE D'OR, film de Jacques Becker

    • Écrit par Laurent JULLIER
    • 853 mots
    • 1 média

    Nombre des films de Jacques Becker (1906-1960) sont passés à la postérité, qu'elle soit celle de la cinéphilie institutionnelle (Godard n'a jamais tari d'éloges sur Le Trou (1960), dont il a monté des extraits dans ses Histoire(s) du cinéma) ou celle du grand public (Ali Baba...

Voir aussi