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OPHÜLS MAX (1902-1957)

Max Ophüls a longtemps fait l'objet d'une sous-évaluation née d'un malentendu. Longtemps, on n'a voulu voir dans son cinéma que frivolité et formalisme de « petit maître » obsédé par ses recherches stylistiques. Il est vrai que ses films sont plastiquement fort beaux. Ses décors, d'une luxuriance baroque, rassemblent – dans des structures architecturales composites construites sur plusieurs niveaux et nécessitant escaliers, paliers et mezzanines – une profusion d'objets (miroirs ouvragés, lustres, guéridons, tentures, etc.) et d'ornements (balustrades, grilles en fer forgé, colonnettes, niches, etc.) où prédomine la courbe.

Ces décors sont parcourus, dans un continuel va-et-vient, par des personnages qu'une caméra véloce traque comme leur ombre, comme si elle-même s'enivrait de son propre mouvement. Il ne s'agit pas toutefois d'une agitation désordonnée. Les films d'Ophüls sont d'une grande rigueur, tant dans la dramaturgie que dans la facture, et d'une grande délicatesse. « Certains metteurs en scène sont des peintres sur celluloïd, d'autres des sculpteurs, d'autres des bouchers ; Max était un distillateur », a dit de lui Peter Ustinov, l'interprète de Lola Montès.

Il y a du Mozart en Max Ophüls. Et, comme chez Mozart, on trouve derrière le brillant la légèreté, une gravité sans pareille. Le mouvement incessant de ses personnages s'apparente à une fuite en avant, comme si, à l'image du Masque dans Le Plaisir, le fait de se perdre en lui permettait d'abolir la fuite du temps. En vain, car la mort sanctionne irrémédiablement ces tentatives.

Le metteur en scène de théâtre

Max Oppenheimer est né, le 6 mai 1902, à Sarrebruck, en Allemagne. Fils d'un industriel israélite du textile, son avenir semble tout tracé quand il se découvre, à l'âge de seize ans, une vocation pour le théâtre. En 1919, il entreprend une carrière d'acteur, sous le pseudonyme d'Ophüls, qui lui est suggéré par un de ses professeurs d'art dramatique. En 1923, il fait à son corps défendant, pour des raisons contractuelles, ses débuts de metteur en scène. Il va conduire cette activité, parfois doublée d'un poste de directeur ou de directeur artistique, en Allemagne et en Autriche. En sept ans, il met en scène environ deux cents pièces et opérettes, ainsi que des spectacles de cabaret. Cette fébrilité créatrice et cette incroyable vitalité se transmettent à ses mises en scène, inventives, rythmées, effervescentes, pleines de vie et de couleurs. Au hiératisme Ophüls substitue le mouvement, par le déplacement permanent des comédiens mais aussi des décors, en usant du changement à vue, des plateaux tournants et des praticables mobiles.

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Alain GAREL. OPHÜLS MAX (1902-1957) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    ...impératifs de cette mode, plusieurs cinéastes vont donner de grandes œuvres : Robert Bresson adapte Le Journal d'un curé de campagne de Bernanos (1950). Max Ophüls (1902-1957), rentrant d'Amérique, adapte trois nouvelles de Maupassant (Le Plaisir, 1951) et une nouvelle de Louise de Vilmorin (Madame...
  • ILLUSIONS PERDUES (X. Giannoli)

    • Écrit par René MARX
    • 1 036 mots
    ...même, mais les journalistes sans scrupules qui gravitent autour du Palais-Royal en 1821 ne sont pas si éloignés des gangsters du Brooklyn des années 1950. Ophüls : Giannoli est sur les traces du réalisateur de La Ronde quand il montre l’enchaînement infernal des événements qui amènent l’ascension et la...

Voir aussi