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RISORGIMENTO

L'échec de 1848

La péninsule participe à la grande vague européenne du « printemps des peuples », mais les caractères du mouvement italien sont particulièrement complexes. Le néo-guelfisme est à son apogée après l'élection, en 1846, du pape Pie IX (Mastai Ferretti) qui passe pour libéral. Sous la pression des modérés, tous les souverains consentent à des réformes qui, dans la législation et la presse, atténuent l'absolutisme. En novembre 1847 est instituée une ligue douanière entre le Piémont, la Toscane et les États pontificaux.

Risorgimento, Milan, 1848 - crédits : G. Cigolini/ De Agostini/ Getty Images

Risorgimento, Milan, 1848

L'insurrection séparatiste de Sicile, qui éclate le 12 janvier 1848, avant la révolution parisienne, prélude à l'octroi de Constitutions à Naples, en Toscane et en Piémont où Charles-Albert promet, le 8 février, et promulgue, le 4 mars, le Statuto fondamentale. La chute de Louis-Philippe relance le mouvement italien qui, à la faveur de la crise révolutionnaire européenne et des embarras de l'Autriche, passe du réformisme à la lutte pour l'indépendance. Les Cinq Journées de Milan (18-22 mars) libèrent la Lombardie, et Manin soulève Venise. Du 24 mars au 30 mai, c'est la phase montante de la croisade anti-autrichienne. Charles-Albert prend l'offensive, soutenu par des contingents et des volontaires venus de tous les autres États, et une série de victoires (Goito, Pastrengo, Peschiera) le porte jusqu'aux confins de la Vénétie. Les buts de guerre du Piémont, où le roi poursuit essentiellement les visées territoriales de sa dynastie, restent équivoques. Les monarchistes modérés et les républicains démocrates sont désunis. Dès juillet, le reflux général des révolutions en Europe amorce le déclin du Quarantotto. Les souverains, effrayés, abandonnent la coalition. Le mythe néo-guelfe s'écroule et le front national se brise, ce qui facilite la contre-offensive de l'Autriche, qui a jugulé sa propre révolution. Charles-Albert est arrêté devant Mantoue ; battu à Custozza (23-25 juill.), il signe, le 9 août, l'armistice et se retire derrière ses frontières, abandonnant les territoires qui avaient voté leur fusion avec le Piémont.

De l'été 1848 au printemps 1849, la révolution, étouffée partout ailleurs en Europe, se prolonge en épisodes tumultueux, sur la toile de fond d'une profonde crise économique et sociale. Une poussée démocratique donne le pouvoir aux républicains, dans les États du pape et en Toscane, abandonnés par leurs souverains. En Piémont, Gioberti et les libéraux gouvernent dans l'instabilité ministérielle, puis sont débordés par Rattazzi et l'aile extrême, qui poussent à la reprise de la guerre. Charles-Albert s'y résigne, mais est écrasé à Novare le 23 mars 1849 et abdique. La réaction triomphe dans tous les États, sauf en Piémont où Victor-Emmanuel II maintient la Constitution. À Rome, défendue par Garibaldi et gouvernée par le triumvirat Mazzini-Armellini-Saffi, les puissances catholiques et conservatrices veulent restaurer Pie IX, désormais passé résolument dans le camp réactionnaire. La France (IIe République de Louis Napoléon Bonaparte) intervient, le 24 avril, et s'empare de Rome, où elle laisse une garnison, le 4 juillet. Le 23 août, Venise, dernier bastion de la lutte nationale, capitule.

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Pour citer cet article

Paul GUICHONNET. RISORGIMENTO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870

Risorgimento, Milan, 1848 - crédits : G. Cigolini/ De Agostini/ Getty Images

Risorgimento, Milan, 1848

Unité italienne - crédits : Encyclopædia Universalis France

Unité italienne

Autres références

  • ITALIE : LES ÉTAPES DE L'UNITÉ - (repères chronologiques)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 154 mots

    1831 Fondation de la Jeune Italie par Giuseppe Mazzini.

    1848 Révolution à Palerme, Milan, Venise.

    1849 Défaite du Piémont face à l'Autriche à Novare, Victor-Emmanuel II remplace Charles-Albert à la tête du royaume de Piémont-Sardaigne.

    1849 Échec de la République romaine proclamée...

  • ACHÈVEMENT DE L'UNITÉ ITALIENNE

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 161 mots
    • 1 média

    Paradoxalement, ce fut la chute du second Empire de Napoléon III, qui avait tant œuvré à l'unité italienne, qui autorisa l'achèvement de cette unité. Le rappel du corps expéditionnaire français (5 août 1870), qui protégeait le pouvoir temporel du pape Pie IX, permit en effet à l'armée italienne...

  • AZEGLIO MASSIMO TAPARELLI marquis d' (1798-1866)

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 925 mots

    L'un des grands artisans de l'indépendance nationale italienne. Originaire d'une famille d'ancienne aristocratie et de tradition catholique, d'Azeglio s'émancipe de son milieu par son indifférence religieuse et son absence de préjugés sociaux. Ses années de formation (1807-1840) sont occupées...

  • CARBONARISME ou CHARBONNERIE

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 1 087 mots

    Société secrète, répandue dans divers États européens pendant le premier tiers du xixe siècle, particulièrement en Italie, où elle suscite les débuts du Risorgimento national. En raison même de sa nature, de la fragmentation de ses structures et de ses localisations, la charbonnerie...

  • CATTANEO CARLO (1801-1869)

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 640 mots

    Patriote italien, représentant le plus éminent du courant fédéraliste, dans le Risorgimento. D'une famille de souche terrienne, Carlo Cattaneo acquiert une vaste culture humaniste et économique. Professeur et publiciste, il se passionne pour les transformations qui, sous l'impulsion de la bourgeoisie...

  • Afficher les 22 références

Voir aussi