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ORTHOGONAUX POLYNÔMES

C'est à travers l'étude de certains problèmes d'analyse fonctionnelle (équations intégrales, séries de Fourier, problème de Sturm-Liouville et, plus généralement, problèmes aux limites dans les équations aux dérivées partielles) qu'est apparue la notion de système orthogonal de fonctions. Ces problèmes amènent à considérer des espaces hermitiens constitués de fonctions et à déterminer les valeurs propres et les fonctions propres (cf. théorie spectrale) de certains endomorphismes de ces espaces. Dans le cas d'un opérateur hermitien, les sous-espaces propres sont orthogonaux deux à deux. Le problème essentiel consiste alors à chercher des bases hilbertiennes constituées de fonctions propres.

Équation intégrale de Fredholm

Soit E un ensemble muni d'une mesure positive μ et k une fonction de carré intégrable sur E × E. Pour toute fonction f de carré intégrable sur E et pour presque tout élément x de E, la fonction y  k (x, y) f (y) est intégrable sur E et la fonction g, définie presque partout par la formule :

est de carré intégrable sur E. L'application Uk, dite associée au noyau k, qui à tout élément f de L2(E) associe g, est un endomorphisme de L2(E). Lorsqu'on munit L2(E) de la norme de la convergence en moyenne quadratique, cet endomorphisme est continu et sa norme est inférieure à ∥k2 ; cet endomorphisme est même un endomorphisme compact. La résolution de l'équation intégrale de Fredholm :
h est un élément donné de L2(E), conduit à chercher les valeurs propres et les vecteurs propres de l'endomorphisme Uk. Lorsque le noyau k est hermitien, c'est-à-dire lorsque, pour tout couple (x, y) d'éléments de E, k(y, x) = k(x, y), alors l'endomorphisme compact Uk est hermitien. La théorie spectrale montre que l'ensemble sp(Uk) des valeurs propres de Uk est une partie bornée dénombrable de R, dont tous les points, sauf peut-être 0, sont isolés. De plus, les sous-espaces propres Eλ sont orthogonaux deux à deux et le sous-espace vectoriel :
est dense dans L2(E). Enfin, E est de dimension finie si λ ≠ 0. Il existe donc une suite (λn) de nombres réels convergeant vers 0 et une base hilbertienne (ϕn) de L2(E) telles que, pour tout entier n, Uk (ϕn) = λn ϕn. Une telle base (ϕn) s'appelle système orthogonal associé au noyau k. Enfin, la suite (λn) est de carré sommable :
et le noyau k peut se développer de la manière suivante :

Pour résoudre l'équation intégrale (1), on décompose le second membre h dans la base hilbertienne précédente :

Pour que :

soit solution de (1), il faut et il suffit que, pour tout entier naturel n,

En particulier, lorsque λ n'appartient pas à sp(Uk) ∪ {0}, l'équation (1) admet une solution et une seule. Lorsque λ ∈ sp(Uk) ∪ {0}, pour que (1) admette une solution, il faut et il suffit que h soit orthogonale au sous-espace vectoriel Eλ. Enfin, lorsque λ = 0, pour que (1) admette une solution, il faut et il suffit que h soit orthogonale au noyau de Uk et que :

où P désigne l'ensemble des entiers n tels que λn ≠ 0.

On notera que les séries précédentes convergent en moyenne quadratique. E. Schmidt (1907) et T. Mercer (1909) ont trouvé des conditions assez larges sous lesquelles la convergence est uniforme.

La théorie spectrale d'opérateurs hermitiens plus généraux conduit encore à des théories analogues. Signalons le cas des séries de Fourier (cf. analyse harmonique, espace de hilbert) et celui des fonctions sphériques (cf. groupes - Groupes de Lie). Nous allons nous borner ici à un cas particulièrement simple.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de mathématiques spéciales

Classification

Pour citer cet article

Jean-Louis OVAERT. ORTHOGONAUX POLYNÔMES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HERMITE CHARLES (1822-1901)

    • Écrit par Jean DIEUDONNÉ
    • 1 169 mots
    ...découvrit la « loi de réciprocité » entre covariants de formes binaires de degrés différents. On lui doit aussi un procédé d'interpolation améliorant la méthode de Lagrange en tenant compte des valeurs des dérivées premières, et la découverte de la famille de polynômes orthogonaux qui portent son nom.
  • HILBERT ESPACE DE

    • Écrit par Lucien CHAMBADAL, Jean-Louis OVAERT
    • 3 231 mots
    ...∈ N, par orthonormalisation est constituée de fonctions polynomiales, en étant de degré n. La famille (en) s'appelle système de polynômes orthogonaux associé au poids p sur l'intervalle I. Lorsque l'intervalle I est borné, (en), n ∈ N, est une base hilbertienne de C(I, ...

Voir aussi