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CARDIN PIERRE (1922-2020)

Le couturier français Pierre Cardin est né en 1922 à Sant'Andrea di Barbarana, dans la province de Trévise. Il grandit en France, après que sa famille a fui le fascisme et entre à quatorze ans chez un tailleur de Saint-Étienne où il reçoit sa première formation. Pendant la guerre, il s'adjoint à l'équipe de la maison de couture Regoly, à Vichy. Venu à Paris après la Libération, il entre chez Paquin, important salon de couture animé alors par Antonio del Castillo. Sous la direction de ce dernier, il exécute, d'après les maquettes de Christian Bérard, des costumes et des masques pour le film de Cocteau La Belle et la Bête (1945).

Pierre Cardin - crédits : Reg Lancaster/ Express/ Getty Images

Pierre Cardin

Après un court séjour chez Elsa Schiaparelli, Pierre Cardin entre dans le petit groupe qui se constitue, en 1946, autour du couturier Christian Dior qui vient de créer sa maison de couture : Cardin a la responsabilité de l'atelier des tailleurs et des manteaux, traditionnellement confié à un homme. Il participe donc aux succès du new-look, qui rend son galbe au corps de la femme. Ayant quitté Dior, Cardin fonde sa propre maison en 1950 ; fidèle à sa formation, il conçoit une première collection composée uniquement de vêtements structurés, manteaux et tailleurs, puis crée plusieurs déguisements pour la fête costumée de Carlos de Beistegui à Venise en 1951.

Les modèles créés par Pierre Cardin pendant les années suivantes illustrent l'exhaussement de la taille (dès 1954), les petites vestes-boléros, les robes-tuniques, jupes-boules et jupes à effet « rattrapé » (1957), les vestes à dos gonflant ou noué (1958) et les jupes-pétales (1960) ; à la fin de la décennie, ses tailleurs effacent la taille, dégagent le cou et se dotent de manches trois quarts.

Dès 1958, Cardin introduit la création de vêtements d'hommes dans l'éventail de ses activités. C'est à partir des années 1960 qu’il rencontre la très grande célébrité, grâce à une série de concepts révolutionnaires : les modèles « futuristes » qu'il présente à partir de 1962 conquièrent la presse et le public. Le mannequin vedette de Cardin, la Japonaise Hiroko, est alors la meilleure interprète de son style géométrique désinvolte, moderniste : sur des minirobes-sacs, sans col et sans manche, trois losanges de couleurs contrastées, des cercles concentriques jaune, orange et noir constituent le seul décor. Pierre Cardin harmonise le style « efficace » de ses vêtements pour hommes et pour femmes, préfigurant presque le style « unisexe » avec des ensembles pantalons accompagnés de casques (1966). Il joue également des reliefs géométriques et des contrastes de l'op art. Passant d'une version extrême du « mini » au « maxi » (1970), et intégrant dans ses collections des modèles aux panneaux mouvants et de grands bijoux de métal qui sont aussi des sculptures géométriques, Pierre Cardin demeure au premier plan de la problématique de la mode.

Préoccupé par la diffusion de ses concepts, il lance une ligne de prêt-à-porter de luxe et envisage très tôt des implantations à l'étranger, du Japon à la Chine et à l'URSS ; en 1991, il présente pour la première fois ses collections en URSS, puis en 1993 au Vietnam. Homme d'affaires autant que créateur de mode, il mène également une active politique de contrats de licence pour des accessoires de mode, mais aussi du linge de maison, de la vaisselle, des meubles, ou encore une voiture, un avion… Cette activité originale est parfois contestée par des couturiers plus traditionalistes. À la suite d’une concession de la Ville de Paris qui s’étendra jusqu’en 2016, il transforme en 1970 l'ancien Théâtre des Ambassadeurs à Paris en Espace Cardin qui regroupe une salle de spectacle, une galerie d'exposition, une salle de cinéma et un restaurant. Créateur de la Boutique Design (1975), il rachète également[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Guillaume GARNIER. CARDIN PIERRE (1922-2020) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Pierre Cardin - crédits : Reg Lancaster/ Express/ Getty Images

Pierre Cardin

Autres références

  • GAULTIER JEAN-PAUL (1952- )

    • Écrit par Farid CHENOUNE
    • 2 533 mots
    • 1 média
    En 1974 et 1975, Jean-Paul Gaultier retourne chez Pierre Cardin, qui l'envoie à Manille dessiner des collections bas de gamme destinées aux États-Unis. En octobre 1976, enfin, après avoir fabriqué des bijoux électroniques avec son collaborateur Francis Menuge, il présente au palais de la Découverte...
  • MODE - Le phénomène et son évolution

    • Écrit par Valérie GUILLAUME
    • 11 172 mots
    • 22 médias
    ...un parfum de haute couture – ou des fabrications semi-industrielles ou industrielles de vêtements – avant guerre, les robes (Lucien) Lelong édition, ou le prêt-à-porter des couturiers à partir des années 1960, avec l'exemple de Pierre Cardin qui, en pionnier, présente une collection en 1959, au magasin...
  • MUTATIONS // MODE 1960-2000 (exposition)

    • Écrit par Farid CHENOUNE
    • 1 114 mots

    Avant-hier, le Nylon et ses premiers bas, le Tergal et ses pantalons à pli permanent ; hier, le Lycra et ses bodies élastiques ; aujourd'hui, la respiration du Gore-Tex, la caresse du Tactel : il en va de certains textiles comme de certaines chansons, leurs noms sont associés à une époque, à des façons...

  • PLISSETSKAÏA MAÏA (1925-2015)

    • Écrit par Agnès IZRINE
    • 886 mots
    • 1 média
    ...continue à chausser ses pointes à travers le monde, soit dans des spectacles de danse, soit pour des shows et même des défilés de mode (comme en 1997, pour Pierre Cardin qui l’a soutenue durant les années 1970 et a souvent signé les costumes de ses ballets). Pour ses soixante-dix ans, elle danse Ave Maï...