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PIÉMONT

Les arts roman et gothique

L'architecture romane a laissé de nombreux monuments, où s'affirme la préférence de l'époque pour la brique et la pietra serena ; elle est marquée par l'activité du moine Guglielmo da Volpiano, qui œuvra à San Benigno de Fruttuaria (à partir de 997) et à Saint-Bénigne de Dijon ; il vécut à San Michele alle Chiuse, près de Turin, à Cluny et à Dijon, voyagea à travers la Basilicate et la Campanie, séjourna à Venise, mais il n'abandonna jamais son strict goût lombard. De cette époque datent de nombreux beffrois. Si l'église de Fruttuaria a été détruite, les églises qui subsistent se distinguent souvent par leur allure rustique, comme en témoignent l'église de Busano (1019), non loin de Fruttuaria, Santa Maria di Spinerano à San Maurizio Canavese (Cirié), San Giovanni ai Campi à Piobesi. San Secondo, à Cortazzone d'Asti (xiie s.), est, en revanche, une élégante basilique à trois absides, et ses chapiteaux sont remarquables. San Nazzario, à Montechiaro d'Asti (1140 env.), offre une solution polychrome, avec du blanc et du gris. Mais la réalisation la plus étonnante est fournie, à l'entrée de la vallée de Suse, par la Sagra di San Michele, impressionnant bastion roman, avec ses portails sculptés ; la construction en fut entreprise, après la destruction de l'église primitive, en 998, mais seuls la crypte et le vieux chœur existent encore : une troisième église, édifiée vers le milieu du xiie siècle, subit jusqu'au xive siècle divers remaniements.

Consacrée en 1007, la cathédrale de Casale offre un atrium (xie-xiie s.) avec une voûte aux arcs entrelacés qui l'apparentent à certaines réalisations arabes et arméniennes. L'église de Santa Fede à Cavagnolo Po (seconde moitié du xiie s.), avec ses très beaux chapiteaux intérieurs, ainsi que Santa Maria à Vezzolano et San Pietro à Cherasco annoncent déjà le style gothique.

Des constructions civiles de l'époque ont subsisté des fortifications et des tours (à Candia, Montalto Dora), des vestiges de murs d'enceinte (à San Benigno Canavese) et des vestiges de châteaux (dans la province de Cuneo). La sculpture préromane a laissé de bons témoignages, conservés au musée municipal de Turin ; elle se signale aussi par le portail du Zodiaque, à la Sagra, signé vers 1120 par Nicholaus, artiste qui, sous le nom de Niccolo, œuvra aussi à Plaisance, à Ferrare et à Vérone ; le cloître de Saint-Ours, à Aoste, abrite de remarquables chapiteaux (l'un d'eux est daté de 1133), comportant des représentations d'animaux et de monstres, ainsi que des scènes des deux Testaments à l'expressionnisme rude et hardi. Il faut évoquer enfin l'ambon de la basilique de San Giulio d'Orta.

La peinture romane, à défaut des fresques de la Novalesa endommagées par les restaurations du xixe siècle, se signale par le cycle des histoires du Christ et des apôtres à la collégiale d'Aoste, par les fresques de San Michele à Oleggio, et, à la cathédrale de Novare, par le Christ en majesté avec les histoires de San Siro. Dans ces œuvres, la sensibilité romane s'exprime par des formes synthétiques et d'un effet puissant, tandis que, dans les fresques de San Maurizio à Roccaforte Mondovi, elle parvient à des effets à la fois intenses et subtils.

Les manuscrits enluminés – du ixe au xie siècle – de Vercelli, Ivrea (Archivio capitolare) et de Novare, ainsi que ceux qui sont conservés à la Bibliothèque nationale de Turin, témoignent de la vitalité des centres monastiques, tandis que les œuvres d'orfèvrerie, les argents, les ivoires et les bronzes révèlent les liens existant avec l'art ottonien et la culture de la vallée du Pô.

Les relations que le Piémont avait avec la Lombardie et avec la France méridionale, grâce à la pénétration angevine dans[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art, université de Turin
  • : professeur émérite
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Andreina GRISERI et Michel ROUX. PIÉMONT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Italie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Italie : carte administrative

Palais royal de Turin - crédits :  Bridgeman Images

Palais royal de Turin

Vignoble piémontais, Italie - crédits : DEA/ R. CARNOVALINI/ De Agostini/ Getty Images

Vignoble piémontais, Italie

Autres références

  • AMÉDÉE V LE GRAND (1249-1323) comte de Savoie (1285-1323)

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 258 mots

    Second fils de Thomas II, Amédée doit, à la mort de son père (1259), laisser gouverner ses oncles. Arrivé au pouvoir en 1285, il cède ses domaines piémontais en apanage à son neveu Philippe d'Achaïe, fils de son frère aîné Thomas III, mort en 1282. En 1272, sa femme, Sibylle de Bage, lui avait apporté...

  • AMÉDÉE VI, dit LE COMTE VERT (1334-1383) comte de Savoie (1343-1383)

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 453 mots

    Fils du comte Aimon, Amédée VI succède à son père à l'âge de neuf ans. Pendant la régence, les Visconti menacent le Piémont, tandis que la France absorbe le Dauphiné. À partir de 1350, Amédée VI gouverne personnellement, et l'expansion reprend. À l'ouest, il renforce l'alliance avec...

  • AMÉDÉE VIII (1383-1451) comte (1391-1416) puis duc de Savoie (1416-1440)

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 432 mots

    Fils aîné d'Amédée VII, Amédée VIII comte de Savoie succède à son père en 1391. Durant sa minorité, le comté tombe sous la tutelle du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, à la faveur des querelles de factions nobiliaires. À partir de 1400, la première tâche d'Amédée VIII est donc de se libérer progressivement...

  • AZEGLIO MASSIMO TAPARELLI marquis d' (1798-1866)

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 925 mots

    L'un des grands artisans de l'indépendance nationale italienne. Originaire d'une famille d'ancienne aristocratie et de tradition catholique, d'Azeglio s'émancipe de son milieu par son indifférence religieuse et son absence de préjugés sociaux. Ses années de formation (1807-1840) sont occupées...

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Voir aussi