Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

AMÉDÉE VIII (1383-1451) comte (1391-1416) puis duc de Savoie (1416-1440)

Fils aîné d'Amédée VII, Amédée VIII comte de Savoie succède à son père en 1391. Durant sa minorité, le comté tombe sous la tutelle du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, à la faveur des querelles de factions nobiliaires. À partir de 1400, la première tâche d'Amédée VIII est donc de se libérer progressivement de cette sujétion, sans s'aliéner ce puissant voisin. La même politique prudente est appliquée à l'Est, à l'égard du duc de Milan. Peu à peu, Amédée VIII parvient à se rendre maître de terres d'obédience viscontienne (ainsi, en 1411, Domodossola, au débouché du Simplon). Il mène à bien l'unification étatique des domaines de la mouvance savoyarde ; c'est ainsi qu'en 1401 il annexe définitivement le Genevois (après l'extinction de la famille comtale), s'imposant à la féodalité locale. De même, il a la chance d'annexer le Piémont, quand meurt, sans héritier, son cousin Louis d'Achaïe (1419) : la dynastie de Savoie dispose désormais, avec Turin, d'une capitale italienne. Depuis l'annexion de Nice, enfin, le comté a atteint, sous le règne de son père Amédée VII, pour la première fois, la Méditerranée. Signe du renouveau de la puissance savoyarde, la transformation, dès 1416, par l'empereur Sigismond du comté en duché. L'expansion atteint son point ultime avec l'annexion de Chivasso et Settimo, arrachés au Montferrat, dont le marquis se reconnaîtra vassal du duc (1435). Le même processus d'unification est mené à bien dans l'organisation intérieure de l'État : en 1430, Amédée VIII promulgue les statuts de Savoie, qui unifient les lois et les coutumes en diverses parties du duché, et qui centralisent et réorganisent l'administration, la justice et le gouvernement. C'est lui qui fonde l'université de Turin. Mais, en 1431, Amédée VIII décide, sans toutefois abdiquer, d'abandonner le pouvoir à son fils et de mener une vie érémitique : il se retire au château de Ripaille. Décision malheureuse, car Louis, son successeur, est faible, gouverne mal, et laisse intriguer une noblesse provisoirement matée par son père. Mais cette attitude de renoncement impressionne l'Europe : le concile de Bâle fait de lui l'antipape Félix V, et il abdique son titre ducal le jour de l'Épiphanie 1440. En 1449, il devra renoncer au pontificat, mais il gardera le titre de cardinal. Avec lui l'État savoyard médiéval connaît l'apogée, puis le début de la décadence.

— Gérard RIPPE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • IMAGINAIRES DE L'APOCALYPSE. POUVOIR ET SPIRITUALITÉ DANS L'ART GOTHIQUE EUROPÉEN (L. Rivière Ciavaldini) - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 968 mots

    L'Apocalypse, terme grec pour « révélation », appartient au genre littéraire de la vision : des événements cachés sont révélés à un homme, sous forme allégorique ou symbolique, par Dieu, qui seul les connaît. Très présent dans la littérature hébraïque, le thème entre dans l'...

  • SAVOIE MAISON DE

    • Écrit par
    • 2 645 mots
    ...les Capétiens contre leurs ennemis (Crécy) et s'intéressent aux querelles italiennes. Il semble que l'apogée de la maison de Savoie ait été atteint par Amédée VIII (1391-1440), gendre du duc de Bourgogne Jean sans Peur. Sage gouvernant, porté à la conciliation, il connut la singulière fortune d'être élu...