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PHYLOGÉNIE ANIMALE

La contribution des données paléontologiques

Les fossiles susceptibles d'apporter des informations sur les relations entre les embranchements actuels et sur l’origine des plans d'organisation sont essentiellement ceux qui sont compris entre 600 et 500 millions d'années (Ma), ce qui correspond à la fin du Protérozoïque et au Cambrien. Leur exploitation est toutefois rendue délicate du fait de l'existence de lacunes et de la difficulté que pose l'interprétation de certaines traces fossiles.

Certaines formations de la fin du Protérozoïque (étage Vendien) renferment de nombreuses empreintes d'animaux à corps mou qui sont communément interprétés comme des éponges, des cnidaires, des Bilateria primitifs (par exemple Spriggina) et des formes encore énigmatiques. Cette fameuse faune d'Ediacara a d'abord été découverte en Australie, dans les monts Ediacara (d'où son nom), puis retrouvée sur tous les continents. Datée de 570 à 550 Ma, elle résulterait de la première radiation des métazoaires, ayant produit les premières branches de l'arbre des métazoaires (fig. 3). Certains chercheurs proposent des interprétations alternatives : par exemple, pour Seilacher, la plupart des fossiles d'Ediacara seraient des organismes photosynthétiques syncytiaux sans aucun rapport avec des métazoaires.

Faune d'Ediacara - crédits : Encyclopædia Universalis France

Faune d'Ediacara

Le début du Cambrien, aujourd'hui daté à 543 Ma, se caractérise par une augmentation considérable des traces de bioturbation dans les sédiments, par l'apparition des terriers verticaux (ce qui indique la présence d'animaux capables de locomotion fouisseuse active) et des structures squelettiques minéralisées (en fait, les tout premiers tubes calcaires, Cloudina, s'observent dès l'extrême fin du Protérozoïque). Par ailleurs, dès le Cambrien inférieur apparaissent les embranchements modernes de Bilateria (mollusques, arthropodes, vertébrés, etc.). Au Cambrien moyen, pratiquement tous les embranchements actuels des Bilateria sont présents dans les riches faunes de Burgess (530-520 Ma) [fig. 6]. Leur apparition quasi simultanée à l'échelle des temps géologiques rend impossible l'établissement d'une chronologie. Ainsi, selon l'interprétation classique, les embranchements des Bilateria seraient issus d'une radiation évolutive extrêmement rapide (à l'échelle des temps géologiques), que l'on a appelée l'« explosion cambrienne ».

Faune de Burgess - crédits : Encyclopædia Universalis France

Faune de Burgess

Le paléontologue et évolutionniste américain Stephen Jay Gould (1941-2002) a largement popularisé ces fossiles des schistes de Burgess et leur importance du point de vue de l'évolution animale dans son ouvrage Wonderful Life, publié en 1989 (La vie est belle, 1994). L'une des idées maîtresses de ce livre est que la disparité anatomique de cette faune dépassait celle du temps présent. Un certain nombre de plans d'organisation auraient disparu par la suite, non pas, selon Gould, parce qu'ils étaient moins performants, mais simplement par hasard (du fait notamment des aléas environnementaux). Il faut toutefois mentionner que, depuis lors, pratiquement tous les fossiles « énigmatiques » des faunes de Burgess ont pu être reclassés dans ou près d'embranchements existant de nos jours (par exemple Hallucigenia, réinterprété comme un panarthropode après avoir été retourné dorso-ventralement, ou encore Odontogriphus, récemment réinterprété comme un mollusque). En particulier, les nombreux fossiles du Cambrien apparentés aux panarthropodes actuels, ou encore aux échinodermes actuels, s'avèrent extrêmement utiles pour clarifier l'évolution des structures anatomiques dans ces régions de l’arbre.

Ces dernières années, de nombreuses études ont cherché à dater les nœuds profonds de l'arbre des métazoaires en utilisant le degré de divergence des séquences de gènes (datation moléculaire).[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé des sciences de la vie et de la Terre, maître de conférences à l'université Paris-VI

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Pour citer cet article

Michaël MANUEL. PHYLOGÉNIE ANIMALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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