PERCUSSION, musique
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Évolution de la percussion dans l'orchestre occidental
Certains solistes professionnels de l'improvisation en chant grégorien, au début du Moyen Âge, utilisaient quelques instruments à percussion tels que sistres, tambourins, par exemple, pour accompagner leurs mélodies ; il en est de même pour les trouvères et les troubadours.
Toutefois, aux débuts de l'orchestre classique au xviie siècle, les compositeurs n'employaient qu'exceptionnellement la percussion. Le préjugé existait de n'admettre comme sons véritablement musicaux que ceux dont la hauteur était parfaitement repérable. Avec quelque nuance de dérision, on appelait volontiers la grosse caisse et les cymbales des « turqueries » et, dans le même esprit, on qualifiait de « janissaires », au Danemark, ceux qui en jouaient. Le tableau donne un aperçu de l'évolution de l'emploi des instruments à percussion dans l'orchestre symphonique occidental.
Les instruments à percussion : évolution depuis le XVIIe s.
Évolution de l'emploi des instruments à percussion dans la musique occidentale depuis le XVIIe siècle.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
En 1880, Léon Pillaut privilégie la seule timbale : « L'orchestre moderne, écrit-il, n'a retenu de tous ces instruments [à savoir, les percussions de l'Inde et de l'Afrique, entre autres] que les timbales, la grosse caisse et les cymbales, qui y restent à l'état permanent. La timbale est le plus musical de tous. Son timbre est à la limite qui sépare le son du bruit [...]. On a généralement à l'orchestre deux timbales de grandeur inégale, accordées à la quarte l'une de l'autre [...]. L'orchestre de l'Opéra [de Paris] adopta les timbales dès sa formation, et elles figurent souvent dans l'instrumentation de Lully. C'est pratiquement le seul instrument de percussion qui ait été employé par les grands compositeurs du xviiie siècle. » À condition qu'on excepte la grosse caisse à laquelle Mozart fait appel dans L'Enlèvement au sérail, et le glockenspiel dont il fait usage dans La Flûte enchantée, instrument amusant de Papageno ; Haendel y recourt aussi dans Saül. On peut également citer La Symphonie des jouets de Leopold Mozart et, en 1813, le mélange pittoresque qu'utilise Beethoven dans La Bataille de Vittoria. Mais, pour Pillaut, « la timbale est le seul instrument de percussion qui soit tout à fait lié à l'organisme sonore qu'on appelle un orchestre » !...
C'est Jean-Baptiste Lemoyne qui aurait utilisé le gros tambour (grosse caisse) et les cymbales, pour la première fois à l'orchestre, dans son opéra Nephté (1789). Le tam-tam apparaît avec Ossian ou Les Bardes (1804) de Jean-François Lesueur, un des plus beaux succès du théâtre lyrique des débuts du xixe siècle. Meyerbeer, dans Robert le Diable, en 1831, écrit quatre parties de timbales (finale de l'acte II).
Toutefois, l'intégration progressive des percussions a été surtout le fait de Berlioz et de Wagner pour l'orchestre romantique, de Debussy, de Ravel, de Stravinski et de Varèse pour l'orchestre moderne, enfin, principalement, de Messiaen, de Boulez, de Stockhausen, de Berio pour l'orchestre contemporain. Les musiciens occidentaux ne sont véritablement entrés dans l'âge d'or de la percussion qu'au xxe siècle. C'est, en fait, à partir de 1913 (Le Sacre du Printemps) que l'ensemble des percussions prend une importance toujours croissante. On découvre que, même s'ils n'ont pas toujours de sons à hauteur déterminée, les instruments à percussion, du fait de la perception des intervalles existant entre les plus graves et les plus aigus, peuvent avoir une utilisation véritablement mélodique.
Le compositeur Igor Stravinski, à droite, et Serge de Diaghilev, le directeur des Ballets russes, en 1921 à Séville.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
Voici quelques moments majeurs de cette évolution : 1915, Les Choéphores de Darius Milhaud (déclamation rythmée accompagnée par un orchestre de percussions) ; 1923, Les Noces d'Igor Stravinski (quatre pianos, aux sonorités souvent martelées, rallient vigoureusement une percussion très diversifiée) ; et, surtout, 1931, Ionisation d'Edgar Varèse (treize batteurs jouent de trente-six instruments !). Cette partition marque une date importante, car c'est la première œuvre occidentale dédiée à la percussion seule, et d'une valeur musicale incontestable. En 1937, la Sonate pour deux pianos et percussion de Béla Bartók apporte une autre vision de la percussion, cela à partir des découvertes antérieures, dans un langage beaucoup moins bigarré et sauvage qu [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 9 pages
Écrit par :
- Jean GAUTHIER : ingénieur du son
- Sylvio GUALDA : professeur au conservatoire régional de musique de Versailles
- Paul MÉFANO : compositeur, chef d'orchestre
Classification
Autres références
« PERCUSSION, musique » est également traité dans :
BATTERIE
La batterie est un ensemble de percussions conçu de telle sorte qu'un seul percussionniste – sorte d'homme-orchestre – remplace le jeu de plusieurs, notamment par l'utilisation des pieds. Les éléments qui la composent sont issus aussi bien de l'orchestre occidental classique que des cliques et fanfares . Une batterie standard comprend une grosse caisse et une cymbale Charleston (encore appelée hi […] Lire la suite
BONGO
Le bongo, qui appartient à la famille des percussions, est un instrument de type membranophone composé de deux petits tambours, appelés tamborcitos , autrefois liés par une pièce de bois ou de tissu : le plus gros est nommé hembra (« femelle ») et le plus petit macho (« mâle ») . […] Lire la suite
BONGOS, musique
Instrument à percussion de type membranophone à son indéterminé. D'origine cubaine, il s'est répandu en Amérique du Sud. On l'utilise en musique contemporaine (notamment Boulez, Stockhausen, Bério). Un seul côté du petit tambour, ayant environ 15 cm de diamètre, est recouvert de peau que l'on frappe des doigts, de la paume de la main ou de baguettes. Deux petits tambours juxtaposés forment le jeu […] Lire la suite
CAISSE CLAIRE, en bref
La caisse claire est un instrument de la famille des percussions, dont l'élément principal est un fût cylindrique en bois ou en métal d'environ 35 centimètres de diamètre, fermé de chaque côté par une peau. La caisse claire repose généralement sur un pied. La peau supérieure, appelée peau de frappe (autrefois peau de batterie), est percutée par des baguettes ou, parfois, des balais . La sonorité c […] Lire la suite
CAISSE CLAIRE
Instrument à percussion du genre tambour à deux membranes et à son indéterminé, appelé aussi tarole ou caisse plate. Elle est faite d'un cylindre métallique (de 35 cm environ de diamètre), qui supporte une membrane en peau de mouton aux deux extrémités. On excite la membrane supérieure à l'aide de deux baguettes de bois, par frappes répétées ou roulement, ou bien avec le balai de batterie (utilisé […] Lire la suite
CARILLON
Instrument de musique composé d'au moins vingt-trois cloches en bronze dans une suspension fixe , accordées en ordre chromatique (c'est-à-dire par demi-tons) et capables d'une harmonie concordante lorsqu'on les sonne ensemble. Généralement installé dans une tour, le carillon se joue à partir d'un clavier muni de leviers en bois et de pédales reliées par des fils métalliques à des battants ou, plu […] Lire la suite
CASTAGNETTES
Instrument de percussion idiophone à son indéterminé, très populaire en Espagne. Il se compose de deux morceaux de bois dur, en forme de coquille, percés et reliés par une cordelette. Pour jouer, on entrechoque une castagnette aiguë, la hembra (femelle), et une castagnette plus grave, le macho (mâle). Dans les danses folkloriques, on se sert de deux paires à la fois. Dans l'orchestre symphonique […] Lire la suite
CÉLESTA
Instrument de percussion à son déterminé, de la famille des claviers. Il est dû au facteur Victor Mustel (Paris, 1886) qui lui donna d'abord le nom de typophone. Ses fils, Auguste et Alphonse, l'appelèrent célesta. Il ressemble à un petit piano droit de quatre octaves (écriture d' ut 2 à ut 6, mais son réel à l'octave aiguë). Des marteaux qu'actionnent les touches viennent frapper sur des lames […] Lire la suite
CENCERROS, musique
Instrument à percussion, métallophone, du type « claviers ». Messiaen choisit ce nom espagnol pour désigner les cloches à vaches disposées en deux ou trois jeux (deux octaves et demie ou trois octaves et demie — de fa à ut ). Se joue avec des mailloches en bois feutré ou différentes baguettes (de vibraphone, de caoutchouc, de métal). C'est aussi un jeu de clochettes du Pays basque. […] Lire la suite
CHAPEAU CHINOIS ou PAVILLON CHINOIS, musique
Le chapeau chinois, ou pavillon chinois, est un instrument de musique composé d'une perche ornée d'un pavillon surmonté d'un croissant et d'autres ornements, et auxquels sont suspendus des cloches, des objets métalliques tintant, parfois des queues de cheval. C'était peut-être à l'origine la crosse d'un chaman d'Asie centrale et il faisait partie de l'orchestre des janissaires turcs qui ont susci […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Jean GAUTHIER, Sylvio GUALDA, Paul MÉFANO, « PERCUSSION, musique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/percussion-musique/